Tout ce qu'il faut savoir sur la micro-aération des lisiers

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Principe de fonctionnement, effets sur le lisier, intérêts, matériel, coûts, temps de travail, comparaison avec les autres procédés : tout ce qu'il faut savoir sur la micro-aération des lisiers, selon le Bureau technique de promotion laitière (Btpl).

Principe de fonctionnement

La micro-aération consiste à injecter dans le lisier, des micro bulles d’air (2 mm de diamètre), tout en brassant le lisier. Les quantités d’air injectées (30 à 1.000 litres/mn) dépendent de la taille des bulles : plus les bulles sont petites, moins il y a besoin d’air. L’air favorise les bactéries aérobies (1) au détriment des anaérobies (2), génératrices de gaz nauséabonds. Cette technique entraîne une baisse de 3 à 4 % de la matière sèche (MS), donc le lisier est plus liquide et plus homogène, mais également une perte d’ammoniaque (de l’ordre de 20 %).

Effets de la micro-aération sur le lisier

Homogénéisation du lisier  :
Grâce au brassage. évite la séparation du lisier en 3 phases : croûte, liquide, dépôt en fond de fosse.


Homogénéisation, liquéfaction, désodorisation, augmentation des qualtés fertilisantes, et amélioration de la qualité sanitaire : tels sont les effets de la micro-aération sur le lisier. (© Photo Btpl)

Liquéfaction du lisier :
La micro-aération rend le lisier plus fluide : diminution de la matière sèche de 2 à 4 % :
o Moins de puissance nécessaire pour le brassage.
o La reprise est facilitée et le temps de pompage réduit.
o Le lisier est toujours prêt à être épandu sans brassage préalable un jour ou deux à l’avance.
o Epandage possible entre deux pâturages.
o Moins de puissance nécessaire pour le brassage.

Désodorisation du lisier
o Diminution très importante des odeurs à l’épandage, et après épandage.
o Limite les risques d’émanation de gaz  nauséabond et toxiques en provenance de la fosse (monoxyde d’azote, méthane, ammoniac, hydrogène sulfuré…).
o La désodorisation autorise des épandages plus proches des habitations de tiers (50 m au lieu de 100 m).

Augmentation des qualités fertilisantes du lisier :
o Lisier moins agressif pour la végétation : l’ammoniac est  remplacé par de l’azote organique.
o Lisier qui glisse plus facilement sur les feuilles (moins de brûlure de la végétation).
o L’épandage tardif sur herbe au printemps, ou entre deux pâturages  est possible.
o Les pertes en azote au brassage sont limitées (entre 10 et 20 %) et très faibles à l’épandage. C’est mieux qu’un compost (30 à 50 % de pertes). C’est un niveau de pertes comparable à un lisier non aéré, sauf que pour le lisier ordinaire elles sont surtout ammoniacales et à l’épandage.

Amélioration de la qualité sanitaire :
o Empêche la prolifération de mouches et de vers à queue
o Limite le développement de germes pathogènes dans le lisier.

Le matériel nécessaire

(© DR)

2 types de matériels sont possibles :

  • Les brasseurs-aérateurs :

Les brasseurs immergés ont tendance à avoir une meilleure longévité que ceux sur arbre (l’arbre finit par casser).
Les hélices longues (50 à 70 cm) associées à une rotation lente (400 tours/mn) sont préférables à de plus petites hélices tournant plus vite (1.000 à 1.500 tours/mn), en particulier pour éviter les problèmes d’enroulement avec la paille ou le foin.

  • Les pompes aératrices :

• Un matériel électrique  avec horloge de programmation s’impose, vu la fréquence du brassage.

(© DR)

• L’inox est obligatoire, en particulier dans ce milieu oxygéné.
• Certains brasseurs ou pompes à lisier sont conçus avec un système de micro-aération. La plupart ne le sont pas. On peut alors ajouter un compresseur (le plus petit et le moins cher possible : 300 W) déclenché en même temps que le brassage, et qui envoie de l’air juste en amont et en bas des hélices (pour une bonne répartition).
• On peut aussi se limiter à un simple tuyau d’air (sans compresseur) qui aspire spontanément l’air à la surface (effet venturi) si le brassage est très fréquent. Ce qui compte, c’est le résultat.
• Les natures des lisiers, l’ajout de paille ou de sciure, d’autres effluents liquides, les formes de fosse, les brasseurs et les temps de brassage, représentent tellement de variété de situations qu’il est difficile d’établir une préconisation qui conviendrait à tous.
• Toutes les formes de fosse conviennent à la micro-aération : rondes, rectangulaires en béton, couvertes ou non, fosses slalom,  géomembranes. Il faut juste adapter l’installation du brasseur et le temps de brassage au type de fosse (brassage 2 à 3 fois plus long en fosse slalom ou en géomembrane qu’en fosse circulaire).

Combien ça coûte ?

Un brasseur inox, équipé d’un micro aérateur, avec armoire électrique programmée, potence et treuil, coûte entre 8.000 et 12.000 €.  La partie micro aération proprement dite représente environ 10 à 20 % de ce coût.

Consommation d’électricité : ex un brasseur de 11 KW fonctionnant 6x10 mn par jour pendant 3 périodes de 6 semaines et 15 mn par jour pendant le reste de l’année représente une consommation de 186 h x 11 KW = 2046 KW.

Remarque : ce n’est pas un surcoût complet, car sans micro aération il faudrait quand méme brasser la fosse.

Temps de travail

Pratiquement nul si le système est automatisé :
o Fonctionnement 6 à 8 fois par jour pendant environ 10 mn en commençant 4 à 6 semaine avant l’épandage.
o En dehors de ces périodes une micro-aération par jour suffit en période froide quand la vie microbienne est ralentie pour liquéfier le lisier.

Les autres procédés possibles


Les systèmes de couverture de lisier se développent. Il s'agit de priver le lisier d'air, un des autres procédés possibles. (© Photo Btpl)

o Les activateurs biologiques : apport de bactéries qui orientent les fermentations. Leur action est limitée par temps froid et avec des d’animaux traités aux antibiotiques.  L’action est moins efficace que la micro aération, pour un coût élevé, sans éviter un brasseur dans la fosse
o Le brassage sans micro aération : un brassage quotidien régulier homogénéise le lisier en réduisant les odeurs, mais le résultat n’est pas comparable à ce qu’on obtient par micro aération.
o L’injection de grosses bulles : désodorisation efficace, mais beaucoup de pertes en azote par  volatilisation
o Priver le lisier d’air : lorsque le lisier est privé d’oxygène en totalité, le soufre du lisier se fixe au fer, n’est plus volatil et ne peut être émis comme odeur nauséabonde. Pour arriver à ce résultat, des systèmes de couverture de fosse se développent. Celles-ci se réalisent grâce à une bâche tendue au dessus de la fosse.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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