Chez Isigny Sainte-Mère, poids lourd de l'industrie laitière normande, le bois a remplacé le pétrole comme principale source d'énergie, grâce à l'installation d'une nouvelle chaudière économe et écologique.
"C'est la plus grosse centrale à bois de l'industrie agroalimentaire française", se félicite Jérôme Goulard, responsable marketing de la coopérative connue pour son lait, son beurre et son camembert. Avec ses 12 m de long, 12 m de haut et 5 m de large, la chaudière de 13 mégawatts importée par bateau depuis le Brésil et inaugurée fin juin, remplace, à elle seule, trois chaudières à fioul et au gaz qui alimentaient les ateliers d'Isigny.
L'énergie, sous forme de vapeur portée à 236 degrés, est utilisée pour la pasteurisation de produits laitiers, le chauffage des ateliers de camemberts et surtout dans les tours de séchage qui produisent de la poudre de lait infantile. Pour la coopérative, qui regroupe 600 producteurs laitiers et emploie 500 personnes, le passage à l'énergie bois doit alléger une facture énergétique "qui a flambé de 70% en quatre ans", explique M. Goulard. Chaque mégawatt/heure produit par la combustion du bois revient moitié moins cher qu'avec des hydrocarbures. "L'investissement de 6,5 millions d'euros doit être amorti en sept ans, avec un baril de pétrole à 80 dollars... et beaucoup plus vite avec les cours actuels" au-dessus des 130 dollars, poursuit le responsable.
Une réduction des émissions de dioxyde de carbone
La chaudière permet aussi une réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2), l'un des principaux gaz à effet de serre, correspondant aux rejets de 5.000 voitures par an. "Le bois est une énergie renouvelable et sa combustion ne relâche pas plus de dioxyde de carbone que l'arbre en a absorbé pour sa croissance", explique Sylvain Perriollat, chargé de communication à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Contrairement à une idée reçue, brûler du bois n'entraîne pas de nouvelles coupes d'arbres mais valorise des déchets inexploités, ajoute-t-il. Les bois utilisés proviennent "de l'entretien des bocages, des déchets de scieries ou des secondes coupes qui étaient auparavant abandonnées en forêt". Pour limiter les transports, le bois est prélevé dans un rayon de 100 km autour d'Isigny-sur-Mer.
L'Ademe, en partenariat avec la région Basse-Normandie, a financé 9% du projet qui contribue à la création d'emplois locaux. La chaudière qui absorbe cinq tonnes de bois à l'heure, soit cinq à six camions par jour ou 45.000 tonnes par an, représenterait à elle seule 15 emplois dans la filière bois en plein essor. "Ces machines sont très couramment utilisées dans l'industrie au Brésil", en avance sur la France dans ce domaine, explique Jorge Boucas, polytechnicien et fondateur de la société Next Energies, qui a conçu la chaudière. L'ingénieur précise que sa machine réutilise l'eau du lait, transformé en poudre par séchage, pour fabriquer la vapeur, permettant une économie d'eau de 15.000 m3 par an. Il souligne que des études sont en cours pour envisager d'incorporer les cendres du bois aux boues d'épuration de la coopérative pour les valoriser sous forme d'amendement agricole.
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