Les légumineuses jouent dans les prairies multispécifiques un rôle central vis-à-vis de l’azote, en agissant comme source d’azote pour l’ensemble de l’écosystème prairial.
« Les légumineuses mettent en quelque sorte le carburant dans le moteur en donnant via l’azote la capacité au système de le valoriser », explique Christian Huygues, directeur de recherche à l’Inra de Lusignan.
En chiffres, une étude menée par Marquard en 2007 en Allemagne montre que sans légumineuse, la prairie "plafonne" à 250 g/m² de biomasse, chiffre pouvant atteindre 900 g/m² avec légumineuses.
Mais en fonction du milieu et du mode d’exploitation, certaines espèces vont jouer un rôle plus particulier dans le fonctionnement de la prairie en devenant de fait, prédominantes. C’est le cas du dactyle et de la fétuque élevée en prairies fauchées en milieux à étés secs ; ou encore en prairies pâturées du trèfle et du lotier en fonction de la profondeur de sol. « Sans dactyle, le couvert vieillira mal ; de même, l’augmentation de la productivité est liée à l’augmentation du taux de fétuque élevée dans la biomasse. Le lotier lui ne s’installera pas en sol profond et préfère un sol superficiel ; c’est l’inverse pour le trèfle blanc qui préfère les sols profonds. Ainsi, l’association lotier-trèfle blanc est particulièrement intéressante dans les sols hétérogènes car ces deux espèces se complètent l’une l’autre. »
Notions d’espace-temps
Seconde notion importante après le rôle de l’espèce, l’échelle de l’espace et du temps : « Les prairies sont des milieux spatialement hétérogènes. Ainsi, lors de l’implantation d’une prairie multispécifique, l’association des espèces permettra de coller à cette diversité des milieux ; par ailleurs, cette diversité des associations permet une meilleure stabilité de la performance agronomique dans le temps (rendement et composition). »
Outre les hétérogénéités spatiales et temporelles, un 3ème facteur va influer sur la prairie : l’exploitation qui en est faite. « Le pâturage est quelque chose de très complexe ; ce n’est pas une simple défoliation. C’est aussi une contrainte mécanique liée au piétinement des animaux. Cela crée des zones hétérogènes ponctuelles supplémentaires : différentes hauteurs et fréquences de défoliation, fertilité, zones de sol nul… Sans parler du fait que l’animal lui-même va créer des flux en transportant des graines. »
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