Les quotas laitiers remis en cause

Oubliées les montagnes de lait invendu, disparus les stocks de beurre communautaires, après des années d'excédent l'heure est plutôt à la pénurie, au point que les célèbres quotas laitiers pourraient disparaître plus vite que prévu dans l'UE.

Dans des propositions visant à améliorer la Politique agricole commune (Pac) qu'elle présentera officiellement mardi, la Commission européenne favorise la non reconduction après 2014-15 de ce système mis en place à l'origine en 1986 pour éviter la surproduction. Et d'ici là leur réduction progressive. "Les raisons qui ont poussé l'UE à créer des quotas laitiers ne sont plus valides", souligne la Commission dans son document, dont l'Afp a obtenu copie. "Une hausse progressive des quotas pourrait être la meilleure solution pour permettre un atterrissage en douceur du secteur d'ici à l'arrivée à échéance des quotas", ajoute-t-elle. Cette suggestion rencontre un écho favorable parmi les Etats de l'Union. Plusieurs gouvernements demandent d'augmenter ces quotas en avril 2008, au début de la prochaine campagne de collecte de lait. En cause: un tassement de l'offre et une hausse de la demande qui font grimper les prix du lait (+35% prévus en France sur un an au premier trimestre de l'année prochaine), après des années d'excédents et de repli. Les tarifs des produits laitiers, comme le yaourt, le fromage ou le beurre (hausse de jusqu'à 50% en Allemagne), suivent. Le phénomène a conduit l'UE dès le mois de juin à mettre fin à ses dernières subventions à l'exportation, devenues inutiles.

En Australie, grand puissance agricole mondiale, c'est la sécheresse qui a plombé la production laitière. Dans l'Union européenne, qui n'arrive plus à répondre à ses besoins avec des collectes à leur plus bas niveau depuis une quinzaine d'années, les causes sont multiples. En France et en Allemagne, qui représentent à elles deux 40% de la collecte européenne, le nombre d'agriculteurs du secteur tend à diminuer. Cinq mille environ quittent la profession chaque année en France, où il manque environ 100.000 vaches. La réforme de la PAC, qui a rompu le lien entre montant des subventions et quantités produites, en a découragé certains. Beaucoup, notamment en Allemagne, se sont réorientés vers la production céréalière plus lucrative, sous l'impulsion de la mode des biocarburants en particulier. Conséquence: ces deux pays n'atteindront pas les quotas qui leur sont alloués en 2007. En France, deuxième pays laitier européen avec 98.000 producteurs, les producteurs qui le peuvent viennent du coup d'être autorisés à augmenter leur production individuelle de 10%, pour se rapprocher du plafond national autorisé. "Il faut que la production de lait suive l'évolution, croissante actuellement, des marchés", souligne le président de l'Association française des transformateurs laitiers, Olivier Picot. Face à la hausse des prix, d'autres pays se disent aussi prêts à répondre à un assouplissement rapide des quotas, ceux du nord de l'Europe comme le Danemark et les Pays-Bas, mais aussi l'Espagne et surtout la Pologne, où la production de lait est d'environ 12 millions de tonnes et qui dispose de réserves. "La position polonaise consiste à demander une augmentation significative des limites de production de lait", souligne Andrzej Kowalski, chercheur à l'Institut de l'économie de l'agriculture.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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