Comment répondre à un besoin de main d’œuvre ?

Article réservé aux abonnés.

Que ce soit lié au départ en retraite d’un associé, d’un parent ou tout simplement d’une augmentation de la charge de travail, beaucoup d’éleveurs se retrouvent un jour ou l’autre face à un problème de main d’œuvre. Différentes solutions existent. A examiner au cas par cas.

Avant tout : clarifier son besoin

Il n’est pas toujours très facile de prendre le temps de « déposer ses valises » pour se poser les vraies questions :
- Quels sont les besoins en main d’œuvre de l’exploitation ? un besoin de main d’œuvre ponctuel pour les périodes de pointe, un besoin de compétences, un besoin quotidien ?
- Quelles sont mes attentes par rapport au travail ? réduire la pénibilité, alléger l’astreinte, prendre des vacances, me former … ?
- Qu’est-ce que je souhaite préserver ? je souhaite continuer à être le patron, je souhaite partager les responsabilités… ?
Il peut être utile de se faire aider pour se poser ces questions fondamentales.

Cette situation de surcharge de travail entraîne bien souvent du stress chez les associés (et salariés), des tensions dans les relations en interne ou avec l’extérieur, des retards dans les travaux prévus avec parfois même un impact sur l’état sanitaire du troupeau et la qualité des produits. Comment faire face ? Il n’existe pas une solution unique mais plusieurs pistes possibles qu’il faudra étudier au cas par cas.

Etudier les différentes options possibles

Une fois que vous avez clarifié votre besoin et que vous vous êtes posé les bonnes questions sur vos objectifs personnels et professionnels, il faut concrètement trouver des solutions. Face à un problème de main d’œuvre, plusieurs options méritent d’être étudiées. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. Nous n’en listerons ici que quelques-unes.

1. Modifier la conduite actuelle de l’exploitation

  • Simplifier la production en adoptant des pratiques plus économes en temps

Favoriser le pâturage peut permettre, dans certains cas, de diminuer le temps de travail. Le fait de fermer le silo de maïs (si cela est possible et rentable) grâce à une production d’herbe satisfaisante en terme de qualité et de quantité, peut permettre de gagner du temps de distribution. Cela est encore plus vrai si les pâtures sont proches du bâtiment et que vous disposez d’un chien de troupeau pour ramener les vaches.
La simplification de l’alimentation permet également de gagner du temps : Distributeur Automatique de Concentrés, Distributeurs Automatiques de Lait pour les veaux, ration complète, ration sèche… sont autant de solutions intéressantes à étudier. Il est certain qu’outre le temps de travail, d’autres éléments sont à analyser comme la faisabilité technique et économique.
L’aménagement du bâtiment peut également permettre une réduction du temps passé en bâtiment.

  • S’organiser pour gagner du temps, diminuer les déplacements, se recentrer sur l’essentiel.

Un bureau est un outil indispensable pour une exploitation. Mais le fait d’avoir un bureau ne suffit pas. Il faut qu’il soit accessible facilement par tous les associés afin de permettre à tous de s’y rendre pour trouver les documents nécessaires et ainsi éviter des aller-retours de la ferme aux habitations. Il doit également être organisé et bien aménagé : avec des archives, un espace « courrier », un fax, éventuellement un ordinateur connecté à internet… tout cela permettra un gain de temps important pour la gestion de l’exploitation.
Un bureau peut-etre intégré dans le bâtiment de l’exploitation mais il peut également être indépendant s’il s’agit d’un mobil-home ou tout autre local préfabriqué (souvent acheté d’occasion à un bon prix).

Enfin, afin de mieux s’organiser dans le travail quotidien, il peut aussi être utile de mettre en place quelques astuces « maison » ou quelques aménagements permettant de diminuer les déplacements : un chariot multi-fonctions dans la salle de traite qui se déplace sur un rail et vous permet d’avoir toujours à votre portée les produits d’hygiène, le papier … etc, des supports outils sur un poteau de l’aire d’alimentation ou à l’entrée du bâtiment, permettant d’éviter de chercher continuellement le balai ou la fourche, un parc de contention en bonne et due forme… etc. Quelques minutes gagnées chaque jour se comptent en heures à la fin de l’année !

  • S’équiper de matériel plus performant

Il est important d’être en adéquation entre équipement et activité dominante de l’exploitation. Voici quelques exemples pour des exploitations dont l’activité laitière est l’activité principale : salle de traite équipée de décrochage automatique, racleurs, hydrocurage des aires bétonnées du bâtiment, caméras de surveillance pour les chaleurs, salle de traite plain pied, barrières ou rideaux électriques pour fermer le bâtiments, passages d’hommes, barrières canadiennes ou poussantes pour éviter de descendre du tracteur, petits matériels roulants pour curer au pied des logettes et mettre de la sciure
(exemple BOBMAN). 

2. Faire appel à de la main d’œuvre extérieure

  • L’entraide

Cet échange de services en travail ou même en moyens de production peut permettre également un gain de temps.

  • Sous-traiter certains travaux

Certains producteurs de lait, par choix, décident de déléguer la production fourragère ou céréalière de leur exploitation pour se recentrer sur l’atelier lait. C’est une possibilité qui doit être étudiée si elle correspond également à un choix personnel.

  • Adhérer à un groupement d’employeurs, appeler le service de remplacement
  • Embaucher

Le challenge est clair : réussir l’alchimie entre l’entreprise, le salarié et l’employeur. Les éleveurs ne sont pas forcément tous préparés à l’embauche et à la gestion des relations avec des salariés. Pourtant, on observe qu’il y a de plus en plus de salariés notamment en polyculture élevage. Une embauche nécessite une démarche préparée et réfléchie, sur les plans juridiques et économiques, sur l’aspect temps de travail, compétences et qualifications, organisation du travail et relations humaines. C’est souvent ce dernier point qui est mal préparé et peut mener à des problèmes ultérieurs.
Les besoins et souhaits diffèrent d’un employeur à l’autre, même si bien souvent, tout le monde recherche le « mouton à 5 pattes ».
On peut distinguer plusieurs types de salariés :
- Le « manœuvre » qui réalise des tâches simples et routinières et a un salaire fixe généralement peu élevé.
- Le « second » qui réalise une grande diversité de tâches et peut remplacer l’employeur assez facilement lors d’un week-end, son salaire comporte bien souvent une prime à la participation globale du salarié mais pas aux résultats. Il a une formation agricole plutôt généraliste (BEPA). Il n’a pas accès à la comptabilité.
Le « technicien spécialisé » qui est, comme son nom l’indique, spécialisé sur un atelier et autonome. Il a une place centrale dans la rentabilité économique de l’atelier et aura donc une rémunération fixe avec un intéressement aux résultats. Il a bien souvent une formation spécialisée (BTS PA par exemple).
Le « salarié associé » : il accomplit les mêmes tâches que l’exploitant et peut aussi prendre des responsabilités propres. Il est appelé à devenir associé mais son statut sera toujours ambigu s’il le devient.

Les solutions sont multiples, lorsque l’on cherche à faire face à un besoin de main d’œuvre : de l’aménagement de la situation actuelle (simplification, modernisation…) à l’embauche d’un salarié ou à l’association, toutes ces pistes doivent être étudiées. Une fois un scénario choisi, il faudra l’étudier sur un plan plus large : technique, économique, acceptabilité vis-à-vis des autres associés (ou salariés), pérennité, transmissibilité…
Une fois le choix fait, il faudra également réaliser un plan d’action (Qui fait Quoi, Quand, Comment, Pourquoi ?) afin de positionner le projet dans le temps et de répartir les démarches.
Le travail est une composante du revenu du producteur de lait. Prendre le temps de la réflexion (quantité de travail, qualité de vie, relation entre associés, installation de jeunes, mise en commun de moyens) est ainsi indispensable.


Il est très important de bien clarifier le profil de salarié que l’on recherche et de mettre, en face, les moyens pour le garder !
  • S’associer

L’association est un autre moyen de faire face à un besoin de main d’œuvre.
Lorsque l’on est dans le cas où un parent ou un associé part à la retraite, il va falloir gérer cette rupture de la meilleure manière. Pour le nouveau retraité, il peut être difficile de lâcher prise et cette étape est en quelques sortes un cheminement de deuil : l’ancien associé passera successivement par les phases de déni (« non, je ne suis pas vieux, d’ailleurs heureusement que je suis là sinon, ils ne s’en sortiraient pas »), de colère (« et dire qu’ils veulent me mettre à la porte, les ingrats, avec tout ce que j’ai fait pour eux »), de tristesse (« je n’arrive pas à suivre, je ne suis plus bon à rien ») et enfin d’acceptation qui permet de retrouver l’énergie pour un nouveau centre d’intérêt, une nouvelle activité.
Mais face au départ en retraite d’un associé, le repreneur idéal n’existe pas. L’arrivant lui succèdera sans le remplacer et bousculera les pratiques de l’ancien.
Dans le cas de l’intégration d’un nouvel associé ou du passage d’un statut individuel à un statut sociétal, il est important de bien choisir ses associés. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde au travail, pas plus avec un membre de la famille qu’avec un tiers. Même l’amitié ne garantit pas l’harmonie professionnelle et un projet commun est indispensable.
L’association est un engagement à long terme. Il faut être concient que l’associé disposera du même pouvoir de décision et devra prendre sa place dans le groupe.
Une association se prépare et s’entretient ! Faire le point sur les objectifs personnels et professionnels, bien connaître ses associés, répartir les tâches et responsabilités, prévoir la communication, organiser des réunions, sont autant de points sur lesquels il va falloir se pencher, avec bien souvent l’aide utile d’un « œil extérieur » pour vous permettre d’y voir plus clair. Des bilans annuels humains, une fois l’association créée peuvent également être utiles pour entretenir les bonnes relations entre associés.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...