« Le pâturage, c’est robot-compatible », affirme Yann Martinot du Contrôle laitier de l’Orne. Non seulement c’est possible mais c’est même plutôt conseillé si on veut éviter de voir son coût alimentaire exploser. Bien sur, certaines conditions sont à respecter et des aménagements sont à réaliser.
« La première condition à respecter pour concilier robot et pâturage, question de bon sens, mais condition indispensable, c’est l’accessibilité au parcellaire, sans route à traverser notamment », indique Yann Martinot.
![]() "Il ne faut pas dissocier robot de traite et pâturage pour le gain sur le coût alimentaire", affirme Yann Martinot du contrôle laitier de l'Orne (© Web-agri) |
Le point de pâturage le plus éloigné peut se situer jusqu’à 900 m du robot. Des barrières anti-retour permettent de contrôler la circulation. Ensuite, il faut organiser le circuit pour donner à la vache toutes les raisons de revenir.
« La première incitation pour la vache, c’est la distribution du concentré au robot », souligne Yann Martinot, « il faudra qu’elle y trouve du concentré pendant toute sa lactation, même si c’est en faible quantité. 500 grammes à 1 kilogramme de concentré suffisent pour l’inciter à revenir ».
« L’accès à l’eau dans le bâtiment est un facteur d’incitation forte, même si ce n’est pas une obligation. On pourra notamment accepter sans problème un point d’eau sur les parcelles les plus éloignées du bâtiment. De même, la distribution de fourrages conservés au bâtiment facilite la circulation des animaux ».
Des « trucs » à imaginer
Enfin, précise Yann Martinot, « il ne faut pas oublier que le bâtiment est un environnement très accueillant pour la vache, en particulier l’été quand il fait chaud »
L’observation montre qu’en hiver, les animaux circulent bien. Mais, au pâturage, les vaches ont plus tendance à revenir au bâtiment - et donc au robot - en groupe. « C’est un aspect à prendre en compte dans les troupeaux à gros quota (Supérieur à 600.000 l). Mais il est possible de pallier à cela, avec une gestion du troupeau en deux groupes et donc deux circuits », commente Yann Martinot. Deux troupeaux qui pâturent séparément permettent d’étaler les passages au robot.
De même pour isoler facilement les vaches qui n'ont pas été traites, certains éleveurs ont imaginé un circuit qui amène les vaches dans une autre parcelle après le passage au robot. Ainsi, la ou les vaches restées dans la première parcelle, sont celles qui ont « oublié » de passer au robot. Plus besoin de rechercher les vaches concernées au milieu du troupeau, il suffit de ramener les quelques retardataires au bercail. Ce système permet aussi de gérer des intervalles de traites qui seraient trop longs.
![]() Des circulations peuvent être imaginées pour repérer les animaux "en retard" à la traite (© Inra et Controle laitier (Les Prairiales)) |
Jusqu’à 20 €/ 1.000 l à gagner
Ne pas user du pâturage quand c’est possible, serait une erreur estime finalement Yann Martinot. L’investissement au litre de lait pour le robot est déjà très important. S’il s’accompagne d’une modification radicale de la conduite en supprimant totalement le pâturage, la rentabilité peut vite devenir difficile. Si l’idéal est un accès au pâturage 24h/24h, il peut-être facilement limité à 12-18 heures par jour en fonction du schéma de circulation et du nombre de vaches. Et puis, le pâturage même partiel permet de limiter le coût alimentaire. « En 3-4 heures au pâturage, une vache est capable d’ingérer de grandes quantités », souligne Yann Martinot. « On peut vite atteindre des écarts du coût alimentaire important selon l’évolution du système, jusqu’à 20€ au 1.000 l ».
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