Sans se prononcer sur l’intérêt des litières organiques dans les élevages, Hubert Vin souligne les risques qui peuvent être liés à cette pratique, au regard des infections mammaires.
Issus de la séparation des parties solides et liquides des déjections des vaches laitières, les produits organiques apparaissent de plus en plus dans les logettes sous forme de litière. Si elle n’est pas nouvelle en soi, cette technique retrouve en ce moment un intérêt particulier. C‘est la récupération de l‘extrait sec qui est ensuite utilisé comme support de litière. « Les produits organiques partent du principe de commencer le traitement des effluents en amont pour les gérer plus efficacement dans l’élevage », décrit Hubert Vin, vétérinaire praticien en Lorraine (*) lors du dernier congrès de la Sngtv (Société nationale des groupements techniques vétérinaires). « Je ne me prononce pas pour l’intérêt des produits de séparation dans les logettes mais ce type de produit ne correspond pas à priori à au type de litière stable, hygiénisée et de bonne qualité que l’on souhaite pour éviter d’avoir des mammites cliniques », résume le praticien. « La première condition pratique pour utiliser des produits organiques reste d’avoir des logettes creuses», rappelle-t-il.
Risque de compostage sous les vaches
« Deux grands types de séparateurs existent sur le marché », décrit Hubert Vin. Le premier fonctionne selon un tapis vibrant et sépare le lisier en deux extraits, un liquide et un plus sec, qui est récupéré à un taux de 18 à 22% de matière sèche. Inutilisable en l’état, cet extrait doit absolument être composté avant de pouvoir être appliqué dans les logettes. Le deuxième type de séparateur, à vis, délivre un extrait sec directement utilisable, à un taux de matière sèche variable et réglable allant de 20 à 38%. « Ce dernier peut être composté ou être orienté directement dans les litières des logettes », développe Hubert Vin. « Selon les recommandations des fabricants, l’application directe doit être réalisée en petite quantité à hauteur de 7 à 8 cm maximum, afin de laisser le produit se stabiliser. L’éleveur recharge ensuite chaque semaine en ajoutant une couche de 7 à 8 cm. Si l’éleveur apporte une grosse quantité, 20 à 25 cm d’épaisseur la première fois, les animaux doivent être absents, sous peine de voir le produit monter en température sous les vaches. »
« Nous ne disposons pas d’essais cliniques à ce jour, il semblerait que ces produis se comportent comme la sciure, mais le problème essentiel que j’y vois, outre le frein psychologique de certains éleveurs, est le risque de compostage sous les vaches qui peut favoriser l’apparition de germes. »
« Pour valoriser l’extrait liquide, les éleveurs ont alors à leur disposition la pratique de l’hydrocurage, qui apparaît également dans nos régions», ajoute le vétérinaire. « Elle consiste à envoyer une chasse d’eau, par l’intermédiaire d’une buse, dans le sens du couloir d’alimentation entre les logettes, avec un volume d’eau qui correspond à une hauteur de 8 cm sur la longueur et la largeur. L’eau en question est le résidu du produit de séparation issue de la fosse à lisier. Dans les pratique, l’eau circule le long du couloir, en présence des vaches et le nettoyage est réel. » Bien qu‘il semble que cela ne soit pas un facteur favorisant de mammites, Hubert Vin trouve deux inconvénients majeurs à cette technique. « D’une part il y a des projections sur les vaches, éclaboussant parfois les trayons. D‘autre part, le lâcher d‘eau matin et soir génère une hygrométrie très importante dans le bâtiment, qui augmente le risque du développement d’un microbisme à l’intérieur du bâtiment. »
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