Lors de l’assemblée générale de l’Unceia, le président Serge Paran s’est déclaré confiant pour l’avenir des coopératives d’insémination face au nouveau dispositif génétique français. La coopération garde tout son sens, notamment lorsqu’il s’agit de se rassembler pour travailler sur la recherche, en particulier sur le génome.
« Dans quelques années, la sélection et la diffusion des taureaux en races laitières se fera uniquement à partir du génotypage des animaux », a annoncé Serge Paran, président de l’Unceia (Union nationale des coopératives d’élevage et d’insémination artificielle) lors de l’Assemblée générale le 21 février dernier à Paris. Cet apport de la génétique devrait faciliter la rentabilité des entreprises de sélection. « En effet, le coût du testage d’un taureau se porte à 45.000 € alors que le coût d’un génotypage s’élève à 4.500 €. En race laitière, on s’achemine vers une détection par des marqueurs, qui permettra de diffuser un taureau (assurant un coefficient de détermination de 0,5) sans avoir besoin de la confirmation sur la descendance. »
Axer sur la résistance aux mammites
![]() Plus de 200 participants ont assisté à l’Assemblée Générale de l’Unceia les 20 et 21 février derniers dont la quasi totalité de ses adhérents, les attachés agricoles des Ambassades de Belgique, d’Espagne et de Hongrie, et des représentants de la FNB, la FNSEA, Coop de France et l’APCA. (© Unceia) |
La rentabilité des schémas et des entreprises de sélection est un impératif dans le cadre de la nouvelle loi d’orientation agricole. Pour autant, devant les changements actuels imposés, les coopératives d’insémination affichent leur sérénité et leur optimisme. « L’ensemble de la profession a envie de se battre, il n’y a aucune raison d’être pessimiste par rapport à un avenir. » Cela dit, le président ne porte pas de jugement sur cette réforme, estimant que ce n’est que dans 15 ou 20 ans que l’on saura si elle était bonne ou mauvaise. « Aujourd’hui, c’est un pari. Si dans 15 ans, le progrès génétique a continué, que les éleveurs sont satisfaits et que nous avons conservé notre capacité d’investissement en terme de recherche et sélection, alors la loi aura été bonne. »
En bref « On peut être dépossédé à tout instant de la propriété de notre génétique », déclare Serge Paran, président de l'Unceia (Union nationale des coopératives d'élevage et d'insémination artificielle). « Aujourd’hui, les éleveurs en sont propriétaires. Nous voyons arriver des lobbies internationaux qui s’intéressent à la génétique animale comme ils ont pu le faire avec les végétaux. Ce n'est pas un hasard. Chaque fois que les éleveurs voudront reconnaître des gènes, ils devront payer. » Il a été reconnu qu’il était économiquement non rentable pour les entreprises d’aller porter la semence chez des éleveurs trop petits ou trop éloignés. « Concrètement», présente Serge Paran, « des entreprises vont s’engager à remplir une fonction de service public (sur le même principe que celui de la Poste). Elles seront indemnisées pour aller faire des actes d’insémination qui ne sont pas rentables au plan économique. Selon nos calculs, le seuil de déclenchement serait de l’ordre de 15 kms. On regarde le nombre d’actes qui sont supérieurs à 15 kms et on divise l’enveloppe dont on dispose par le nombre d’actes. L’état a en effet promis de dégager une somme de 3 millions d’euros à cet effet cette année.»
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Le gène responsable de la dureté des viandes identifié
« Un autre axe de travail qui nous tient à cœur est la résistance immunitaire des animaux : dans le lait par rapport aux mammites, sur la viande par rapport aux maladies respiratoires », développe le président.. Ce n’est pas le fruit du hasard si des vaches laitières ont plus de mammites que d’autres, c’est le fruit d’une résistance qui est inscrite dans la génétique. « La résistance aux mammites est très développée dans la race Simmental», complète Maurice Barbezant, directeur de l’Unceia. « Mais on retrouve dans la race Holstein ces gènes là en fréquence moins grande, nous pourrons modifier la fréquence génomique sans avoir besoin d’introgresser ce gène dans la race Holstein. Cela dit, nous ne interdisons aucune solution, telle que le croisement ou l’introgression. »
L’Unceia s’est fixé un autre axe de travail majoritaire : la qualité des matières premières. Ainsi, le projet Qualvigène orienté sur la tendreté de la viande, représente un investissement de 4 millions d’euros. « Nous venons par ailleurs de déposer un gène responsable de la dureté des viandes. Dans le domaine laitier, par exemple, il me semble extrêmement intéressant de travailler sur les caséines. »
« En matière de génome, quand on entre dans une compétition de recherche, à mon avis aujourd’hui en France aucune entreprise de sélection propre a les moyens d’aller dans la recherche génomique. Nous sommes obligés de le faire ensemble, voilà ce qui s’est dit au sein de l’Unceia. Des projets existent notamment en partenariat avec l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) dans le cadre de l'Agenae (Analyse des génomes des animaux d'élevage. Nous y mettons 1,5 millions d'euros et cette enveloppe est doublée par l'Anr (Agence nationale de recherche du Ministère), ce qui représente un investissement de 3 millions d'euros.»
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