Thierry Josserand, aviculteur dans la Dombes (Ain), troque ses bottes crottées contre des sabots en caoutchouc, enfile une combinaison, passe dans un pédiluve et, enfin, entre dans le hangar où piaillent plus de 5.000 pintades.
Un an après la découverte du virus H5N1 dans cette zone d'étangs au nord-est de Lyon, les aviculteurs ne plaisantent pas avec les mesures sanitaires. "Avant, on était un peu moins pointilleux. Enfin... c'était un peu comme avec la religion, chacun faisait à sa façon", se rappelle Thierry Josserand, 43 ans, qui élève, à La Boisse (Ain), des canards et des pintades en partie en plein-air pour bénéficier du "label rouge". La découverte d'un élevage de dindes contaminé à Joyeux (Ain), le 17 février 2006, et la baisse de la consommation qui a suivi, ont convaincu les plus réticents de se plier aux nouvelles normes de sécurité.
Depuis, il n'y a plus de points d'eau ni d'alimentation sur les parcours extérieurs des gallinacés --pour ne pas attirer les oiseaux sauvages, potentiellement porteurs du virus--, les enclos ne passent plus à côté des étangs, les éleveurs ont installé un sas à l'entrée de leurs installations, etc. "On ne peut pas jouer avec le feu, ce serait trop dramatique pour la filière", résume Gilbert Limandas, président de la chambre d'agriculture de l'Ain.
Une perte de 30.000 euros
Pour Thierry Josserand, l'effort n'a pas été trop important. Cet éleveur a toujours été convaincu qu'une exploitation propre était plus rentable. "Si vous êtes cradingue, vos volailles attrapent plus facilement des maladies, vous avez une plus grande mortalité, et donc moins d'argent", explique-t-il. D'ailleurs, ses pintades, qui vivent dans un hangar impeccable, ne finissent pas au supermarché mais sur la table de restaurateurs ou dans des boucheries de qualité. Pour ceux qui étaient moins rigoureux, les organisations agricoles ont organisé "pas mal de réunions techniques" et des aides publiques ont pris en charge 60% du coût des investissements.
Maintenant, "au niveau sanitaire et technique, l'Ain est un peu au dessus de la moyenne des départements", assure l'aviculteur. Ces modifications sont la seule conséquence visible de la crise, surmontée par les quelque 300 éleveurs de volailles de l'Ain. "Si certains éleveurs ont arrêté la production, ce n'est pas pour des raisons financières", estime Gilbert Limandas, en soulignant que la consommation s'est rétablie à partir de septembre. Toutefois, l'épisode a laissé une marque moins apparente, mais tout aussi profonde, dans les esprits.
Chaque nouveau cas en Europe "nous donne des frissons dans le dos", confie M. Limandas en évoquant la découverte du virus H5N1 en Hongrie, en Grande-Bretagne et en Russie depuis la fin janvier. Il faut dire que la facture de l'année dernière a été salée. "J'ai perdu 20% de mon chiffre d'affaires, soit environ 30.000 euros, et je n'ai touché que 3.000 euros de subventions", détaille M. Josserand.
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