Les éleveurs laitiers de l’Ouest de la France maîtrisent plutôt bien leurs excédents d’azote. Mais ils sont situés sur un milieu tellement sensible que leurs efforts ne suffisent encore pas aujourd’hui à empêcher le lessivage de l’azote vers les eaux. Bilan de trois années du projet Green Dairy.
![]() « On perd par lessivage 10 à 20% des excédents dans les prairies longues durée du Nord et on perd de 30 à 60% dans nos systèmes de cultures fourragères », présente Hélène Chambault, de l’Institut de l’élevage. (© Intitut de l'élevage) |
Description du bilan de l’azote dans 3 systèmes atlantiques distincts
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Le lessivage est lié au système et aux conditions du milieu
Les résultats de ce projet montrent que le lessivage ne dépend pas seulement du bilan d’azote mais qu’il est davantage lié au système et aux conditions du milieu (sol, climat, boisement,..). « La teneur en nitrate dans l’eau est corrélée à 60% à la nature des surfaces (forêt, % de Sau, pourcentage de cultures par rapport aux prairies) », présente André Pflimlin, de l’Institut de l’élevage. Drainage hivernal et occupation des sols sont des critères déterminants de la sensibilité d’un secteur géographique au lessivage.
« Globalement, nous avons des niveaux de lessivage très variables dans l’axe atlantique. On perd par lessivage 10 à 20% des excédents dans les prairies longues durée du Nord et on perd de 30 à 60% dans nos systèmes de cultures fourragères », présente Hélène Chambault, de l’Institut de l’élevage.
Ainsi, des systèmes herbagers intensifs d’Irlande (plus de 10.000 kg de lait/ha de Sau, chargement supérieur à 2 et forte fumure) avec des excédents d’azote de 120 à 270 kg/ha lessivent moins que des systèmes fourragers bretons à moindre chargement et moindre productivité. « Les systèmes basés sur la prairie de longue durée, organisent davantage d’azote (teneur élevée en matière organique des sols) », développe Hélène Chambaut. « Inversement, les rotations de cultures fourragères avec des retournements de prairies fréquentes, stimule la minéralisation de l’azote. Dans ces systèmes, le couvert végétal n’est pas toujours suffisamment développé pour capter les nitrates présents. » Par ailleurs, la nature limono-sableuse des sols bretons les rend plus vulnérables que les sols irlandais plus argileux. « Ces derniers sont en revanche plus sensibles à la dénitrification et aux pertes d’azote par l’air. »
La Bretagne peut réduire de 30kg/ha son excédent d’azote
Pour Jean-Luc Fossé, président du comité de pilotage « Le raisonnement à l’exploitation n’est pas pertinent »
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![]() « En Bretagne, les marges de progrès sont essentiellement à rechercher dans la valorisation optimale des engrais de ferme pour réduire ou supprimer les engrais minéraux», souligne André Pflimlin, de l'Institut de l'élevage. (© Institut de l'élevage) |
Pour lui, il existe encore des marges de progrès et elles sont essentiellement à rechercher dans la valorisation optimale des engrais de ferme pour réduire ou supprimer les engrais minéraux. « La Bretagne peut réduire de 30kg/ha son excédent d’azote et revenir dans la moyenne », résume André Pflimlin. Cette évolution ne devrait pas être modifiée même si dans un avenir proche, les éleveurs augmentent la productivité par vache de + 1000 à + 2 000 kg/an. « Cela n’influe pas beaucoup sur le bilan car cela libère des surfaces pour les cultures de vente. »
« En Bretagne, l’optimisation d’un système laitier peut faire économiser près de 60 kg N/ha», présente Anne Bras, des Chambres d’agriculture de Bretagne. « Pour une exploitation avec une production de 6.500 kg de lait/ vache, un chargement de 1,6 et 20% de maïs dans la surface fourragère, l’optimisation des pratiques permet de passer d’un bilan azoté de 128 kg/ha à 70. Cela passe par la suppression des apports d’azote minéral sur maïs et prairie, et une optimisation de la gestion de l’azote organique sur prairies, ainsi qu’une diminution de la consommation de concentrés. »
Green Dairy - Les pertes de minéraux sont des pertes de revenus La réduction du bilan des minéraux va de pair avec l’amélioration de la marge sur aliments et fertilisants. Et elle va se faire sentir jusqu’au revenu. Ainsi sur la ferme pilote de Yves Marchand à Sion les Mines (44), la réflexion sur le bilan des minéraux a conduit l’éleveur à s’orienter vers un projet permettant un gain de revenu de 3000€. Yves Marchand, avec un quota de 394 000 l, 8500 l/vache/an, a choisi d’augmenter la surface en herbe et de diminuer les surfaces en maïs ensilage et les quantités de concentrés. Dans le nouveau système, le chargement passe de 1,5 à 1,3, la surface en herbe de 39 à 52 ha, les achats d’aliments extérieurs sont réduits, venant aussi améliorer le solde du bilan des minéraux qui passe de 128 à 115 kg/ha. L‘augmentation de la surface en herbe de 30% permet de réduire sensiblement les charges d‘exploitation (concentrés, engrais). Par ailleurs, la réduction des surfaces en cultures (maïs et blé) de 15 ha permet de mieux répartir le travail sur l‘année. la consommation de fuel et de produits phytosanitaires est aussi plus limitée. |
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