« 50% des problèmes de reproduction sont liés à des dysfonctionnements alimentaires, et parmi eux l’alimentation énergétique », présente Yann Martinot, responsable technique au contrôle laitier de l’Orne. En ayant mis en évidence la pertinence du critère TP mini, le contrôle laitier de l'Orne propose aux éleveurs un nouvel outil pertinent pour améliorer et garantir les résultats de fertilité des vaches laitières.
![]() « Les éleveurs qui parviennent à maîtriser le déficit énergétique en début de lactation ont de bons résultats de fertilité, et ce, quel que soit le niveau de la production laitière», souligne Yann Martinot, responsable technique du contrôle laitier de l’Orne. (© Web-agri) |
Jusqu‘à présent, la note d‘état servait à évaluer le déficit énergétique. Elle nécessite un œil extérieur et donc une estimation seulement lors du passage d’un technicien laitier, limitant l’exhaustivité des notes et notamment aux moments clés (vêlage, tarissement, IA,..). D’autre part, cette notation est plus facilement sujette à subjectivité du pointeur et n’offre pas, par ailleurs une vue exhaustive sur l’ensemble du troupeau.
« La fertilité est directement corrélée au déficit énergétique, et le TP mini est un excellent outil d’évaluation du déficit énergétique en début de lactation. Quand le TP mini progresse, le taux de réussite en première IA augmente », développe Yann Martinot. En 2004, le responsable a travaillé sur 20.671 vaches Prim’Holstein ayant vêlé en 2004, il en ressort que le niveau de 28g/kg peut être considéré comme un seuil en deçà duquel l’énergie devient un facteur limitant pour la fertilité. « Jusqu’à présent, si nous avions bien constaté la baisse de fertilité des vaches laitières, nous avions mis en évidence peu de pistes pour infléchir cette tendance. Nous avons aujourd’hui découvert que la gestion de l’énergie en début de lactation est un facteur clé dans la maîtrise de la fertilité et de la fécondité des vaches laitières.»
TP et niveau de production influent
Mais le diagnostic doit être personnalité à chaque troupeau. Précisons que le TP mini est le taux protéique minimum enregistré sur les trois premiers contrôles laitiers réalisés sur la lactation. L’index TP de l’animal ainsi que le niveau de production du troupeau dans lequel se trouve l’animal influent sur ce TP mini et devront être pris en compte pour définir le TP mini objectif. «Ainsi, pour une vache à 8.500 l de lait dont l’index TP est compris entre -1 et 0, le TP mini minimum pour cette vache est considéré de 28g/kg. Si au contraire, son index TP est situé en 1 et 2, son repère sera de 30,5g/kg. Si son TP mini observé n’est que de 29, cela signifie que l’énergie est un facteur limitant pour cet animal-là. L’objectif que l’éleveur devra viser sera d’atteindre au moins un TP mini de 30,5. » Pour simplifier cette approche, le tableau ci dessous a été réalisé en tenant compte de l’index TP de la vache.
Index TP vache
|
TP mini minimum
|
- 1 à 0
|
28 g/kg
|
0 à + 1
|
29 g/kg
|
+ 1 à +2
|
30 g/kg
|
Enfin, l’étude montre bien que la fertilité est bien davantage corrélée à la maîtrise du déficit énergétique qu’au niveau de production. « S’il est vrai que les vaches avec les niveaux de production les plus faibles sont les plus fertiles, il n’empêche qu’une vache à 8.000 kg peut avoir le même taux de réussite en première IA qu’une vache à 5.000 kg, si sa couverture énergétique est suffisante », explique Yann Martinot.
Pour un index TP de 0 à 1, le taux de réussite à la première IA d’une vache produisant entre 7 et 8.000 kg atteint 55% si le TP mini est supérieur ou égal à 32. Si au contraire le TP mini est entre 26 et 28, le taux de réussite n’est plus que de 44%. Cette vache à 8.000 kg peut avoir le même taux de réussite en première IA qu’une vache à 5.000 kg dont le TP mini est inférieur à 28.
![]() Le taux de réussite en première IA est une fonction très claire de l’index TP de l’animal, de sa production à 305 j et de son TP mini. La différence de taux de réussite à l’IA est de plus de dix points selon le niveau du TP mini. (© DR) |
Par ailleurs, l’étude du contrôle laitier de l’Orne a vérifié la corrélation négative qui existe entre un fort potentiel génétique en TP et de moins bonnes performances de reproduction. « C’est un des problèmes du schéma de sélection, qui a considéré la fertilité comme un facteur secondaire. » Pourtant, la dégradation de la fertilité est une réalité aujourd’hui constatée. Et une dernière information communiquée lors des dernières rencontres recherches ruminants a établi la part de la génétique dans cette dégradation à 50%. On peut alors s’interroger sur l’absence d’un index fertilité chez les vaches aujourd’hui alors que celui-ci existe chez les taureaux.» Et de rappeler que lors des dernières rencontres 3R, la dégradation de la fertilité des vaches laitières a été imputée pour 50% à une part génétique.
Le responsable du contrôle laitier précise enfin que ce critère et ces données sont valables dans la race Prim’holstein mais ne peuvent être étendus aux autres races laitières. « Je n’ai jamais observé ce phénomène de TP mini en race Normande. En race Holstein, nous sommes en train de diffuser au niveau national, un logiciel Siel qui va permettre de piloter cet outil sachant que les éleveurs qui vont maîtriser le déficit énergétique auront de bons résultats de reproduction. »
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