Plus 1000 kg de lait par an

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Inspirées du modèle alimentaire espagnol, les rations sèches se développent dans les élevages laitiers français, réduisant les charges de travail. Ces rations sont tout autant adaptées à la production laitière, pour peu que la gestion de la fibrosité soit correctement effectuée.


Veiller au choix des matières premières qui composent la ration sèche (© Web-agri)
« Le passage des vaches laitières aux rations sèches se traduit dans la plupart des cas par une augmentation de production, de l’ordre de 1000 kg de lait par an », présente Francis Enjalbert, praticien vétérinaire dans le Gard. « Elle peut être toutefois plus élevée sur les troupeaux dont la production initiale était inférieure à 8 000 kg, la marge de progrès étant plus faible sur les cheptels déjà très performants. » Cette augmentation s’explique pour une large part par l’augmentation dans les rations de la proportion du taux de matières grasses (généralement un accroissement de l’ordre de 4%). Le recours aux rations sèches est inspiré du système espagnol qui avait mieux optimisé le taux de matières grasses dans les rations, les français équilibrant généralement à des valeurs plus basses.
Évolution  récente des mondes de conduite de l’élevage, l’utilisation des rations sèches répond essentiellement à une préoccupation de réduction des charges de travail, une diminution de 2 à 3  heures par jour sur la préparation et la distribution de la ration est estimée par les fabricants d‘aliments. Elle augmente en contrepartie le coût de la ration, étant donnée la quantité importante d’aliments composés achetés. « Pour que l’éleveur ne perde pas d’argent en adoptant ce système, il faut une production accrue de 1100 à 1800 kg par vache », relate le vétérinaire, selon des études réalisées en 2005 par l’Institut de l’élevage. Cela dit, au cas par cas, la productivité des cultures va largement influencer le bilan économique de ce choix. Ainsi une forte productivité de l’ensilage de maïs limite l’intérêt économique de ce système.

L’eau à volonté est cruciale dans ces systèmes


Le passage des vaches laitières aux rations sèches se traduit dans la plupart des cas par une augmentation de production (© Web-agri)
Dans un système alimentaire en rations sèches, l’aliment composé assure l’essentiel de la couverture des besoins en nutriments, le foin assurant le besoin de structure physique nécessaire à la rumination. « Trois types de distributions sont possibles », développe Francis Enjalbert. « Ces aliments peuvent être mélangés au fourrage ou mis sur le fourrage plusieurs fois par jour. Ils peuvent être consommés au distributeur automatique de concentrés (Dac), en fractionnant les apports à moins de 3 kg par heure. Il faut alors considérer un Dac pour 10 vaches. La troisième solution est celle de la distribution à volonté. Dans ce cas, les vaches consomment de 16 à 20 kg par jour, avec un poste de distribution pour 20 à 30 vaches. »
« Ce système ne révolutionne pas l’alimentation des vaches laitières »,
commente Hubert Compan, professeur à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse. « Il n’y a pas à priori de crainte à avoir sur le plan nutritionnel. » Il reste toutefois deux éléments importants à gérer soigneusement. D’une part l’eau à volonté est cruciale dans ces systèmes. D’autre part, la réussite de ce système dépendra largement de la qualité du foin donné aux vaches, qui doit être consommé à hauteur de 7-8 kg/jour. « Il conviendra d’éviter la paille ou les foins très grossiers qui font chuter la consommation en dessous de 4 kg, n’autorisant pas une rumination suffisante », développe Francis Enjalbert. « A l’opposé, il convient d’éviter les regains, car alors la consommation d’aliment composé chute entamant les performances de production laitière. »
Par ailleurs, les vétérinaires conseillent, dans le cas de l’achat de cet aliment composé de type sec, de veiller au choix des matières premières qui composent la ration sèche. « Dans les formulations des fabricants, la ration peut varier de 10 à 15% en UFL selon les matières premières utilisées», relate Hubert Campon. « Il vaut mieux éviter les tourteaux de tournesol et l’utilisation abusive des sous produits tels que le son.  Rechercher également dans la formulation la présence de matières premières qui captent de l‘eau, qui vont flotter dans l’eau de la panse au delà du matelas fibreux et ainsi réaliser un brassage. Ces matières premières sont la pulpe de betteraves, la paille, la luzerne, le foin.» L’utilisation des rations sèches implique une gestion plus fine de la fibrosité de la ration, en prenant en compte non seulement la teneur mais également la structure des fibres présentes. « Ainsi, selon le Nrc (National Research Council), lorsque le Ndf (Neutral detergent fibre ou parois totales) apporté par les fourrages ne représente que 15% de la matière sèche totale, la teneur en Ndf total de la ration doit être d’au moins 33%, ce qui suppose un aliment composé avec au moins 19% de Ndf si le concentré représente 75% de la ration », présente Francis Enjalbert. « Cette proportion est couramment atteinte dans les aliments commercialisés. En outre, les recommandations Nrc sont des minima, valables seulement en l’absence d’autres facteurs de risque d’acidose (répartitions des repas, transitions,…). »

Le coût de la ration sèche ne doit pas dépasser 3€/jour

Le vétérinaire Hubert Campon conseille par ailleurs de regarder de près la teneur en UF : « il suffit d’aller en dessous de 0,9 UF/kg de MS sur une formulation, pour que la vache laitière passe en dessous du seuil de 30 kg de lait par jour. » A titre de repère, les compositions chimiques et valeurs nutritives courantes sont les suivantes (par rapport au produit brut) : Mat 14-17%, CB 12-18%, MG 3-5%, amidon inférieur à 20%, Ufl de 0,90 à 0,95 par kg. « Il ne faut pas s’étonner, dans les mélanges achetés, de la présence de graine de coton, qui est presque une constante dans les mélanges espagnols. Elle est à la fois source d’énergie grâce à ses matières grasses et source de fibres. » A titre de repère économique, Hubert Compan estime que le coût de la ration sèche ne doit pas dépasser 3€/jour.
Avec ce type de rations sèches, le taux protéique se maintient. Par contre, les éleveurs sont parfois déroutés par une baisse du taux butyreux qui peut passer de 40 à 35 g/l. « Pourquoi vouloir se maintenir à 40 ? », soulève Hubert Campon. « A mon sens, il n’y a pas lieu d’essayer de le remonter. Tant que l’on ne va au dessous de 35g/l, il n’y a pas de danger en terme d’acidose. La marge de sécurité s’est seulement réduite. Il convient de vérifier de ne pas aller en deçà de 35. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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