« Le succès que connaît actuellement la race charolaise va permettre au Herd Book de continuer à délivrer le même service aux éleveurs sans répercuter des hausses de cotisations », assure le nouveau président du Herd Book Charolais. Interview.
Nathalie Petit (NP) : Michel Baudot, vous venez d’être élu à la présidence du Herd Book Charolais (Hbc), quelles seront pour vous les répercussions de la mise en place du nouveau dispositif génétique français sur le rôle du herd book ?
Michel Baudot, président du Herd Book Charolais (MB) : L’Upra charolaise est sur le point d’être transformée en Organisme de sélection (OS), nous l’avons présentée la semaine dernière à la Cnag (Commission nationale d’amélioration génétique) et notre dossier est pratiquement validé à ce jour. Notre Upra charolaise va ainsi être la première à se transformer en OS et nous devrions servir de modèle pour les autres races. Nous sommes donc plutôt en avance alors qu’on nous avait reproché il y a quelques années d’être en retard.
Pour ce qui est du herd book proprement dit, je tiens à préciser que nous bénéficions d’une d’association d’éleveurs forte dans le collège qui est le Hbc. Le Herd Book va continuer à s’occuper de la tenue du livre généalogique par délégation de l’OS envers le Herd Book. Pour les éleveurs, cette évolution ne va donc pas changer grand-chose. Nous en avons parlé avec nos comités de sélection, notre fonctionnement convient à tout le monde. Les missions du Hbc restent donc notamment la tenue du livre généalogique, la gestion du fichier racial, l’attribution des qualifications.
![]() Passage de témoin entre Albert Merlet et Michel Baudot, nouveau président du Herb Book Charolais élu le 2 juin 2006 avec un nouveau bureau composé de dix membres. (© Photo Herb Book Charolais) |
NP : Pour les éleveurs charolais, y aura-t-il des répercussions sur les tarifs des services liés au désengagement financier de l’état ?
MB : Même s’il y a un désengagement financier net de l’état, nous devrions plutôt bien résister grâce à la période de croissance que nous connaissons en ce moment. Depuis deux ans, nous avons nettement amélioré nos recettes car la race charolaise a regagné des parts de marché. De plus, quand le marché de la viande va bien, les éleveurs investissent davantage dans la génétique. Nous n’avons pas prévu pour l’instant de répercuter des hausses de cotisations pour pallier le manque financier car nous sortons de l’exercice avec des excédents non négligeables. Le développement actuel de la race va pallier à la diminution de ces recettes. S’il n’y a pas urgence à augmenter les cotisations, j’espère toutefois que nous n’allons pas vivre de nouvelles crises sanitaires.
NP : Quel est votre projet pour la race charolaise à moyen terme ?
MB : Dès aujourd’hui nous devons travailler à construire la race de demain, c‘est le discours que j‘ai tenu lors de mon introduction à la présidence du Herd Book. Cependant, la race n‘est pas en danger, nous avons le temps d’effectuer les mutations nécessaires en douceur. J’ai défini pour cela des missions pour se projeter dans l’avenir. J’ai commandé une étude qui fasse un état des lieux réel et de bilan sur la situation des facilités de naissance. Il reste une part de légende dans cette question car nous avons déjà fait des gros progrès dans ce domaine. Cela dit d’un élevage à l’autre, il reste de gros écarts, de 1 à 20% de taux de césarienne. Il convient d’identifier les souches qui pourraient éventuellement être impliquées.
Nos orientations passent par la conservation des grandes qualités de notre race : vitesse de croissance, docilité, facilités d’élevage, qui font de la charolaise la première race allaitante. Si on raisonne uniquement en carcasse, la charolaise n’est pas la meilleure race. En revanche, en termes économiques, nous marquons des points car la vitesse de croissance autorise de gagner des jours d’engraissement. La race charolaise est présente dans 75 départements français qui n’ont pas les mêmes structures, pas les mêmes reliefs, pas les mêmes sols, ni les mêmes richesses et la charolaise doit préserver sa rusticité, doit garder sa capacité à s’adapter, à valoriser des fourrages grossiers, à résister dans des zones de semi montagne ou de montagne lorsque la météo n’est pas favorable. Les charolais sont des animaux faciles à élever traditionnellement adaptés aux zones herbagères.
J’ai demandé également à ce que l’on travaille sur le charolais sans corne. L’écornage devient une pratique fortement mise en cause. De plus, les éleveurs sont dans une démarche de réduction des temps de travaux et recherchent légitimement une facilité optimale dans la conduite d’élevage. La génétique doit aussi s’adapter à ces besoins et cela peut se faire aussi par le biais du gène sans corne. Je trouve qu’il serait dommage d’aller chercher des animaux sans corne aux Etats unis ou au Canada issus de charolais qui ne sont pas de race pure alors que nous avons des éleveurs qui travaillent déjà à titre individuel sur le gène sans corne. Peut-être faudrait-il aussi les y aider.
NP : Vous avez dit que la race charolaise était en phase de croissance, avez vous également décroché de nouveaux marchés à l’étranger ?
MB : Nous avons effectivement des marchés qui s’ouvrent dans les pays de l’Est et en Russie. Souvent, en race charolaise, la valorisation de la génétique passait par la vente des reproducteurs mâles. Nous revenons aujourd’hui à un climat à l’exportation qui a l’air d’être meilleur et favorable à la valorisation des femelles d’élevage. Nous sommes actuellement en train de mener des missions d’envergure notamment en Russie et en Pologne.
NP : Etes vous sensibles à la surcharge pondérale précoce des reproducteurs qui entraîne des troubles locomoteurs et des accidents de saillie plus nombreux ?
MB : Il est vrai que sur nos concours, les animaux les plus lourds s’en sortent mieux que les autres. Si les concours doivent rester une vitrine nécessaire à la promotion de la race, je pense qu’il faut effectivement arrêter la course au gigantisme qui n’est pas toujours très en phase avec les besoins des éleveurs. La consigne que l’on pourrait donner relativement aux concours est d’aller vers une légère homogénéisation avec un type d’animal.
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