L’herbe, fourrage de la nouvelle Pac ?

Les diminutions constantes du prix du lait et la nouvelle Pac posent la question du prix d’équilibre dans les exploitations laitières. Alimentation et mécanisation représentent les deux principaux postes de charges. Dans certains cas, l’herbe, optimisée dans le système de production aurait son rôle à jouer. Eclairage des centres d’économie rurale de Bretagne (Cer) à travers quelques chiffres présentés au salon de l’herbe.

Le prix d’équilibre
Le  prix auquel il faut vendre 1.000 litres de lait pour tout payer : charges et prélèvements privés

« Le prix d’équilibre moyen en Bretagne se situe à 307,74 € / 1000 litres de lait produit », introduit Laurent Hirtzmann, animateur gestion au Cer 35.  Ce prix d’équilibre  est composé à 42% par le poste alimentation (concentrés et fourrages (93,03 €/1.000l) et le poste mécanisation - cultures  (hors amortissement pour 31,72 €/1000l), détaille l’animateur gestion. « Ce sont les postes à optimiser en fonction des systèmes ».

« L’herbe pâturée coûte 184€/ha à produire, pour 8 tonnes de MS/ha soit 23 €/T de MS », expose Laurent Hirtzmann. Si on la récolte, le coût varie fortement. Pour l’ensilage le coût de l’herbe récoltée est de 40,5 €/T de MS. Il passe à 41,75€ pour le foin et de 54,25 €/T de MS pour de l’herbe récoltée sous forme d’enrubannage. Pour le maïs, « un rendement de 12 T de MS/ha revient avec la nouvelle Pac à 58,30€ la tonne de matière sèche » rapporte l’animateur gestion. Avec l’ancienne Pac, ce coût était de 37 € par tonne de MS.
La compétitivité de l’herbe est variable selon les rendements et les contraintes du parcellaire et du système, influencés par des facteurs maîtrisables ou non.

Des facteurs non maîtrisables


« Si les parcelles ne sont pas accessibles, il faudra récolter l’herbe, donc le coût en sera augmenté », cite pour exemple Laurent Hirtzmann (© Web-agri)
Les facteurs non maîtrisables correspondent à des contraintes. Le climat qui influe sur le rendement, le type de sol qui joue sur le portance ou le durée du pâturage, l’implantation des prairies près des cours d’eau font partie de ses facteurs non maîtrisables, tout comme l’accessibilité. « Si les parcelles ne sont pas accessibles, il faudra récolter l’herbe, donc le coût en sera augmenté », cite pour exemple Laurent Hirtzmann qui toutefois précise : « S’il s’agit d’un problème essentiellement foncier, on peut améliorer l’accessibilité, par échange ou regroupement »,  par le biais de société civile laitière ou de mise en commun de parcelles de rotation.
Concernant l’agrandissement, « il doit se poser en terme de capacité d’amélioration du revenu », développe le spécialiste. S’il contribue à optimiser la main d’œuvre, à diluer les charges et/ou à maîtriser le foncier et notamment le plan d’épandage, un revenu peut sans doute être généré. Au contraire, s’il recquiert de la main d’œuvre, des investissements lourds à supporter (nouveaux matériels, bâtiments..), le revenu n’est peut-être pas au rendez-vous…

Des facteurs maîtrisables

L’éleveur peut agir sur certains facteurs. La conduite du pâturage, peut ainsi agir sur le rendement mais aussi sur la qualité des fourrages produits, avance Laurent Hirtzmann, et donc sur le coût de la complémentation qui en découle. L’alimentation des parcelles en eau, malgré son coût d’installation est génératrice d’économie : en coût d’eau si celle-ci provient alors d’un forage et surtout  « en coût de mécanisation : il n’y a plus besoin d’amener l’eau ! ». D’autres facteurs sont maîtrisables, tels que le choix d’une chaîne d’alimentation (astreinte MO et coût de distribution), la conduite du cheptel, la main d’œuvre ou la délégation.

Des élevages performants dans tous les systèmes

L’observation des résultats de 473 exploitations montre qu’il y a des élevages performants dans tous les systèmes et des résultats comparables dans tous les systèmes. Ainsi le revenu du travail par UTHF se situe à près de 13.000 euros dans les deux systèmes (Plus herbe (Moins de 25% de la SFP en maïs) ou plus maïs(Plus de 45% de la SFP en maïs )). Les revenus sont aussi comparables (22.200€ et 24.100€) pour le ¼ meilleur de chaque système.

« Chaque exploitation est un ensemble d’atouts et de contraintes », commente Laurent Hirtzmann. « Le système joue sur l’alimentation, son coût complet : pâturage, récolte, concentrés…En face, la nouvelle Pac remet en cause primes et conditions ». Et de conclure, « Il faut privilégier l’optimisation du système de production, plutôt que le choix d’un système. Il faut un système adapté à  l’exploitation et qui optimise la part d’herbe et la part de maïs du système d’exploitation ». Cette optimisation se gère grâce au prix d’équilibre.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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