Le retour des oiseaux migrateurs d'Afrique en Europe n'a pas provoqué l'épizootie de grippe aviaire tant redoutée, mais il serait risqué de croire pour autant le danger écarté, faute d'informations suffisantes, estiment les experts.
"Il serait dangereux de relâcher la vigilance", avertit le responsable de la cellule grippe aviaire à l'Organisation internationale de la santé animale (OIE), Alex Thiermann, dans un entretien avec l'AFP. "Ce serait une erreur que de dire qu'il n'y a plus de raison de s'inquiéter, sous le prétexte qu'aucun oiseau sauvage infecté n'a été décelé en Afrique", ajoute-t-il. "Un seul oiseau migrateur infecté peut suffire pour créer de gros problèmes!" La plupart des responsables internationaux de la santé animale ou humaine craignaient qu'une vague de contamination de volailles par le virus H5N1 ne se répande en Europe avec le retour au printemps des oiseaux migrateurs qui nichent l'hiver autour des lacs et marécages africains.
"Il ne s'est rien passé, et on s'en réjouit", souligne Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), pour qui "cela prouve que si les migrateurs peuvent être vecteurs du H5N1, ils n'en sont pas le vecteur essentiel". Mais, tempère-t-il, "cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas de cas avérés, à l'automne, quand le temps va se refroidir".
La souche asiatique du virus H5N1, qui a tué depuis 2003 des dizaines de milliers de volailles et entraîné la mort de 115 personnes dans le monde selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), se complait dans le froid et l'humidité et pourrait survivre dans les plans d'eau de Sibérie, par exemple. "On ne peut rien prévoir, ce virus mute tout le temps", commente Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l'école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (région parisienne), tout en soulignant elle aussi l'absence de preuve d'une implication des oiseaux sauvages dans la contamination de l'Afrique. "Il ne faut pas négliger le risque que certaines espèces, comme le canard, soient porteurs apparemment sains et puissent véhiculer le virus sur des centaines de kilomètres", ajoute la vétérinaire.
Car, si aucun oiseau migrateur infecté venu d'Afrique n'a été décelé en Europe, peu en fait est connu du comportement de ce virus atypique. Faute d'informations, "nous devons partir du principe que le H5N1 se comporte comme les autres virus de grippe aviaire et qu'une petite partie seulement de la population d'oiseaux sauvages en est porteuse", explique M. Thiermann, de l'OIE.
Seulement 7.500 oiseaux ont été testés en Afrique, ce que l'association néerlandaise d'ornithologie Wetlands, officiellement mandatée par les organisations internationales, trouve elle-même insuffisant pour établir des statistiques fiables. Il est également posible que, à l'instar de ce qui s'est passé lors des précédentes épizooties, les oiseaux sauvages "s'adaptent au virus et n'en sécrètent plus assez pour devenir contagieux" lorsqu'ils sont atteints, estime le responsable de l'OIE, corroborant une thèse de Wetlands.
Mais "nous n'en savons pas assez sur les oiseaux sauvages et il est impératif que nous comprenions mieux leur rôle dans la propagation de la grippe aviaire aujourd'hui si nous voulons faire face à d'autres maladies émergentes à l'avenir", affirme-t-il. Les quelque 2 milliards de dollars promis par les donateurs en janvier à Pékin "sont trop longs à venir" pour financer ces études, que réclament depuis des années les experts des maladies animales.
Quel que soit le rôle exact des oiseaux migrateurs, souligne M. Thiermann, il est toutefois établi que c'est le commerce illégal d'animaux et de produits de volailles qui a été le "vecteur principal de diffusion du virus". Et c'est là qu'il faut agir.
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