Chassez les butyriques

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L’ensilage d’herbe est le seul endroit de votre exploitation où les butyriques peuvent se multiplier. Ingérées par les vaches en même temps que l’ensilage, elles passent par le tube digestif, se retrouveront concentrées dans les bouses et passeront dans les griffes lors de la traite à la première occasion.

 La meilleure prévention contre les butyriques se fait donc à la récolte, en recherchant une contamination minimale dans l'ensilage.

Le graphique suivant permet d’estimer la contamination finale du lait selon la teneur en spores de l'ensilage et des bouses.

Plus la teneur de l'ensilage est élevée et plus l'effet multiplicateur de la chaîne de contamination va être important.

  • si la contamination de l’ensilage est de 100 spores par gramme, celle du lait est multipliée par 1,5.
  • si la contamination de l’ensilage est de 100 000 spores par gramme, celle du lait est multipliée par 2,5.

 

Les 5 règles pour réussir son ensilage

Préparer les silos pour qu’ils soient propres

• La contamination par le sol du silo sera limitée si le fond du silo et la plate-forme de déchargement sont bétonnés.
• Prendre le temps de nettoyer les silos, et bâcher les murs avec un film propre.
• Prendre le temps de nettoyer la plate forme de déchargement si elle se salit

Prévoir et organiser son chantier

• Prévoir un nombre de bennes suffisant pour un chantier rapide, et un tracteur tasseur suffisamment lourd ( ¼ du poids de fourrage vert ensilé par heure).
• Tasser avec un tracteur dont les roues sont propres et qui ne quitte pas le silo.
• La circulation autour du silo devra être optimisée afin d'éviter de monter de la terre sur le silo :
• Ne pas monter les remorques sur le silo mais les vider sur la plate forme de déchargement.
• Tasser avec un tracteur dont les roues sont propres et qui ne quitte pas le silo
• Le silo doit être réalisé en une journée pour permettre une acidification rapide qui freinera le développement des butyriques

 Récolter une herbe de qualité

• Stade de récolte juste avant épiaison, viser 25 à 30% de matière sèche.
• Selon le stade de récolte, la matière sèche et l'espèce ensilée l’utilisation d’un conservateur peut alors s’avérer indispensable.

Les quatre cas d’utilisation d’un conservateur :

o sur les espèces pauvres en sucres nécessaires à la fermentation (dactyle, luzerne),
o si le chantier se déroule en conditions difficiles (pluie et contamination par la terre),
o sur des plantes récoltées très jeunes ou ayant reçu une forte fertilisation azotée,
o pour améliorer l’ingestion et le niveau de production pour l’alimentation des vaches fortes productrices.

Conditions de récolte
Mauvaises
ou fourrage très pauvre en sucres
Médiocres
ou fourrage à teneur moyenne en sucres
 
Bonnes
et fourrage riche en sucres
Type de fourrage ensilé
Légumineuses, dactyle, prairies naturelles lessivées par la pluie après coupe
Mélange de graminées avec dactyle, prairie naturelle
Peu d’ensoleillement au printemps
Ray-Grass, prairies ayant été bien ensoleillées
Conservateur acide
 
5 à 6 litres par tonne de matière verte
4 à 5 litres par tonne de matière verte
3 litres par tonne de matière verte : améliore l’appétence
ou rien
Conservateur biologique
Pas adapté sans apport de sucre
Avec enzymes et à dose renforcée
Entre 25 et 35% de MS
Oui avec enzymes
Sel d’acide en poudre ou semoulette
Peu adapté
Surtout en périphérie et sur le dessus
Pas au dessus de 35% de MS
Anti moisissure
Fourrage au delà de 35% de MS :
Acide propionique : 1 à 1,5 l /m² par couche de 20 cm dans le haut et sur le coté des silos

Récolter un fourrage sans terre

• Attention aux parcelles accidentées, pleines de taupinières qui risquent d’amener de la terre. Eviter les épandages tardifs de fumier qui augmentent les risques de contamination.
• La hauteur de coupe doit être au minimum de 8 cm à rehausser s’il y a des taupinières dans la parcelle.
• Si certaines parcelles sont trop accidentées, prévoir un ressemis dans les années futures.
• Soigner l’andainage  et éviter de rouler sur les andains.

 


Le silo doit être bien chargé (pneus ou mieux, filet et sacs de sable… mais surtout pas de terre ni de fumier qui sont des concentrés de butyriques). (© BTPL)
Chasser l'air du silo rapidement

• Pour faciliter le tassement, mieux vaut hacher l'herbe finement (brins de moins de 5 cm) et l'étaler sur le silo par couches de faible épaisseur.
• Charger les cotés du silo avant le milieu pour favoriser le tassement des bordures.
• Si possible ou en cas de silo taupinière, tasser le silo de façon croisée.
• Mais surtout, il faut laisser le temps au tracteur-tasseur de faire correctement son travail : c’est lui qui en principe donne le rythme du chantier et non pas le conducteur de l’ensileuse.
• Si l’ensilage s’accumulent sur la plate forme prévoir un deuxième tracteur tasseur, ou  faire 2 silos en même temps avec 2 tracteurs tasseurs.
• Fermer rapidement et hermétiquement le silo, en utilisant deux bâches plastiques (une neuve "LABEL", protégée par une vieille bâche).
• Le silo doit être bien chargé (pneus ou mieux, filet et sacs de sable… mais surtout pas de terre ni de fumier qui sont des concentrés de butyriques).
• En silos taupinières, veiller à bien ceinturer le tas avec du sable ; en silo couloir, placer des sacs de sable le long des parois.
• Laisser le silo fermé au moins 3 semaines pour que les fermentations soient stabilisées

Attention, le silo est confectionné pour plusieurs mois.  La précipitation au moment de la réalisation peut coûter cher si la qualité du lait n’est pas au rendez-vous. 
 

Une alternative au silo classique : l’ensilage en gaine polyéthylène ou « silo boudin »

Fait par entreprise ou en CUMA, cette technique nécessite une machine spécifique ( Ag Bag, Roto Press, ou Luclar International pour réaliser le boudin.

Avantages :

 Moins de matériel, économie de personnes et de temps, puisqu’une seule personne et un tracteur confectionne le silo : plus de tassage, plus de bâchage avec pneus ou poids sur le silos.
 Silos bétonnés pas nécessaires
 Pas d’odeur, pas de jus, plus de pneus
 Fractionnement possible des récoltes en petits silos
 Tassement important dans le boudin (700 à 800 kg brut/m3 contre 200 à 250 kg brut/m3 en silo classique.
 Fermeture rapide du silo d’où  acidification rapide et bonne conservation du fourrage, moins de pertes à la conservation.

Inconvénients :

 Fragilité des sacs par rapport à une bâche de silo : protection par filet nécessaire, si beaucoup d’oiseaux, plate forme plane et stabilisée pour limiter les rongeurs.
 Ne convient pas à des ensilages à moins de 30% de MS (jus emprisonnés dans le boudin)
 Coût de réalisation : de 1600 à 2000 €,  bâche et confection du silo comprise  pour un silo de 400 m3 (soit environ 85 T de MS : 700 kg/m3 à 30%MS) 

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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