L'agriculture française pourrait tirer profit du marché du dioxyde de carbone, où s'échangent des droits à polluer, selon une étude présentée jeudi à la presse.
L'agriculture présente en effet un "fort potentiel" de réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon cette étude réalisée par la Société des agriculteurs de France (SAF), l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe) et la Mission Climat de la Caisse des Dépôts. Elle évalue ce potentiel à une quinzaine de millions de tonnes de CO2 évitées par an, qui pourraient faire l'objet d'une rémunération financière. Le protocole de Kyoto a instauré des quotas d'émission de CO2 et permis la création début 2005 d'un marché européen du carbone, fonctionnant comme une bourse, permettant aux pollueurs qui n'arrivent pas à respecter leurs quotas d'acheter des droits d'émission à ceux qui polluent moins.
Ce système vise à endiguer les émissions de CO2, un des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, en contrôlant le volume global d'émissions de dioxyde de carbone et en le réduisant progressivement. Mais pour l'instant, seules les industries les plus polluantes (énergie, sidérurgie, industrie papetière) sont concernées, soit quelque 11.500 entreprises, représentant à elles seules la moitié des émissions de CO2 des 25 pays membres. Le système ne porte que sur 30% des émissions françaises de gaz à effet de serre, selon l'étude.
Le secteur agricole n'est pas directement concerné. Or l'agriculture française pourrait développer des projets réducteurs d'émissions, à l'instar de ce qui se pratique déjà dans d'autres régions du monde, notamment en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Canada et aux Etats-Unis, soulignent les auteurs de l'étude. Des "projets domestiques" pourraient être mis en place qui seraient rémunérés en fonction de la quantité d'émissions évitées, par un paiement direct ou sous forme de "crédits carbone" ou d'un système de prêts bonifiés, indique l'étude. Actuellement, la tonne de CO2 se négocie autour de 26 ou 27 euros au comptant sur le marché du carbone.
A court terme, l'étude suggère des projets reposant sur des technologies éprouvées et relativement simples, utilisant la biomasse (paille, bois, cultures dédiées) à des fins énergétiques, ou encore la méthanisation des déjections. De tels projets sont d'ailleurs déjà mis en oeuvre avec succès à l'étranger dans le cadre des mécanismes de Kyoto, font remarquer les auteurs. Un dispositif du protocole permet à un pays industrialisé de s'affranchir d'une partie de ses obligations sur son territoire en faisant un investissement "propre" dans un pays en développement et de recevoir ainsi des crédits d'émission. Le chimiste français Rhodia a déjà monté plusieurs projets visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en Corée du sud et au Brésil, donnant lieu à l'attribution de crédits d'émissions de CO2.
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