Les agriculteurs français ne devraient pas se ruer pour cultiver des OGM dans les prochaines années malgré l'adoption prochaine d'un projet de loi sur le sujet, les consommateurs français restant très méfiants à l'égard des organismes génétiquement modifiés.
Le projet de loi OGM sera présenté en Conseil des ministres mercredi. "Cela ne va pas changer grand chose. Les agriculteurs français ne vont pas se précipiter pour cultiver des produits OGM si les consommateurs français n'en veulent pas", a déclaré à l'AFP Guy Vasseur, président de la commission environnement de l'APCA (Assemblée permanente des Chambres d'agriculture). "On ne verra pas une explosion des cultures OGM au plan national et au plan communautaire avant au moins cinq ans, car il n'existe pas pour le moment de demande pour ces produits", confirme un expert sous couvert d'anonymat.
Quelque 490 hectares de maïs OGM, soit une proportion infime par rapport à la surface agricole utilisée en France (près de 30 millions d'hectares), ont été déclarés en 2005 en France sur une base volontaire, les cultures non déclarées étant marginales, selon le ministère de l'Agriculture. Les deux principaux syndicats agricoles ont des positions radicalement opposées sur le sujet. Le syndicat majoritaire, la FNSEA, aiguillonnée par une de ses principales composantes, l'AGPM (Assemblée générale des producteurs de maïs), se déclare en faveur du projet.
Les Jeunes Agriculteurs (JA) appuient cette position, même si leur président Bernard Layre juge "inadmissible qu'il n'y ait pas un fonds de garantie alimenté par l'Etat" pour indemniser les agriculteurs pratiquant des cultures conventionnelles ou biologiques dont les champs seraient victimes de contamination accidentelle. L'opposition la plus virulente est menée par la Confédération Paysanne, le deuxième syndicat, dont la figure de proue, José Bové, avait lancé la lutte contre les OGM. "Cette loi est inique. Nous pensons que la coexistence" entre les OGM et les cultures conventionnelles et biologique "est impossible", affirme Oliver Keller, secrétaire national du syndicat. La Confédération paysanne, appuyé par un collectif de "faucheurs volontaires" et quelques députés dont Noël Mamère (Verts) et Philippe Martin (PS), président du Conseil général du Gers, demande au gouvernent "un moratoire d'au moins cinq ans" sur les OGM.
Le syndicat affirme que la directive européenne "permet à chaque Etat européen de refuser la commercialisation sur son territoire d'OGM lorsqu'il y a des éléments prouvant des risques pour la santé ou l'environnement". Les responsables de la Confédération paysanne, adeptes des opérations spectaculaires pour sensibiliser l'opinion publique, appellent à "la poursuite de la mobilisation", n'écartant pas "l'hypothèse" d'une action lors du Salon de l'agriculture à Paris (25 février-5 mars).
Les semenciers, les plus intéressés à l'introduction rapide des OGM en France, regrettent pour leur part que le projet de loi oblige les agriculteurs cultivant des plantes transgéniques à souscrire une garantie financière pouvant aller jusqu'à 100 euros par hectare. Selon Philippe Gracien, directeur du GNIS (Groupement national des industries des semences), "la bonne application des règles de coexistence entre cultures OGM, conventionnelles et biologiques doit permettre de limiter tout risque de présence fortuite d'un niveau d'impuretés OGM dans un produit conventionnel".
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