Quelle qualité dans la ration ?

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L'année 2005 a été mitigée pour la culture du maïs fourrage. Favorable à très favorable au Nord et dans le Nord-Est, plusieurs zones ont subi un déficit hydrique prolongé sur la façade atlantique, et plus généralement dans le sud de la France. Les analyses effectuées au laboratoire de Germ-services à Montardon reflètent cette situation. Caractéristiques des maïs 2005 avec Gildas Cabon, ingénieur alimentation des ruminants chez Arvalis-Institut du végétal et Denis Hoffmann, responsable du laboratoire Germ-Services.

 


En 2005, les résultats dispersés témoignent,
de la diversité des situations climatiques... (© Web-agri)

 

E
n moyenne, la valeur énergétique est bonne, malgré une légère baisse de la teneur en amidon, et grâce à une très bonne digestibilité du reste de la plante. Les spécialistes d’Arvalis estiment donc que les maïs 2005 seront dans l'ensemble bien ingérés. « Toutefois », souligne Gildas Cabon,  « leur complémentation doit tenir compte des particularités de chaque échantillon révélés par l'analyse ». Une adaptation qui est selon l'ingénieur d'Arvalis « absolument nécessaire pour les maïs dont les caractéristiques sont très éloignées de la moyenne ».

 


Gildas Cabon, Arvalis,
«tenir compte des particularités
de chaque échantillon»
(© Web-agri)

 

« Chaque année, une grande proportion des maïs a des caractéristiques proches d'une valeur moyenne, aussi bien du point de vue de la valeur énergétique globale (valeur UFL) que pour ses deux composantes : la teneur en amidon (caractéristique du grain) et la digestibilité du reste de la plante (reflétant la lignification des fibres) »,

explique Gilles Cabon. La teneur médiane des maïs de 2005 analysés à Montardon est de 0,911 UFL par kg de matière sèche (0,888 en 2003 ; 0.913 en 2002 et 2004).

 

La valeur énergétique du maïs caractérisée par 3 unités, complètement liées entre elles : DMO, UFL et UFV.

La DMO (Digestibilité de la Matière Organique par des Moutons à l'entretien) est une valeur correspondant à des mesures en station expérimentale : on a donc pu en faire des bases de données puis des équations de prédiction.
La DMO est complètement « expliquée » par la quantité défibres totales (NDF) que l 'on retrouve non digérées dans les fèces des moutons.
La meilleure équation de prédiction, à l'heure actuelle, est basée sur la mesure au labo de la digestibilité enzymatique (DCS Aufrère) et de la teneur en Matières Azotées Totales (MAT) : c'est le modèle 4 (ou équation M4) de la publication de Jacques Andrieu (1996)
UFL et UFV. A partir des valeurs de DMO mesurées, on calcule les valeurs énergétiques sous des formes adaptées au calcul de ration. En France, depuis très longtemps, on utilise un système d'énergie nette, c'est-à-dire d'énergie contenue dans le lait, la viande... ou les dépenses d'entretien. Le calcul peut se faire en kilocalories ou en kilojoules, mais, par convention on utilise une unité équivalente à l'énergie apportée par un kg d'orge, l'unité fourragère. Depuis 1978, on distingue deux unités, pour tenir compte des différences de rendement métabolique selon les productions : UFV (Unité Fourragère Viande) pour les rations d'engraissement, et UFL (Unité Fourragère Lait) pour les autres usages, production laitière, croissance modérée, entretien (y compris des vaches à viande...).

Chaque année,  une partie des maïs ont des caractéristiques qui s’éloignent de la moyenne. Selon l’année cette diversité est moindre ou importante. En 2005, les résultats sont très dispersés, ce qui témoigne de la diversité des situations climatiques...

Amidon : éviter une teneur excessive dans la ration

L'amidon est le principal composant du grain.  Pour la plante entière, c 'est un indicateur de la teneur en grains. « Il contribue fortement à la valeur énergétique du maïs », mais souligne l'ingénieur alimentation de sruminants, « dans la ration, il faut éviter une teneur excessive qui empêcherait l'animal de bien valoriser le fourrage ingéré ». Ainsi, Arvalis - Institut du végétal conseille, de ne pas dépasser 28% d'amidon dans les rations des vaches laitières.
La répartition des échantillons reçus à l'automne 2005 au laboratoire de Montardon est intermédiaire entre celles des années 2004 et 2003 ; la valeur médiane se situe à 29,6%, contre 31,2 % en 2004 et 27,8% en 2003.
Si, en moyenne, seulement 1 échantillon sur 10 a une teneur en amidon inférieure à 20%, cette proportion atteint 1 sur 8 sur la façade atlantique.

2005, meilleure année depuis 4 ans en digestibilité

Les fibres sont nécessaires à l'alimentation des ruminants, mais elles contiennent des composants indigestibles (la lignine) ou lentement digestibles (les fibres liées à la lignine). Au laboratoire, différentes analyses permettent d'approcher la fraction indigestible contenue dans les tiges effeuilles : Cellulose Brute, méthode de Van Soest (NDF, ADF, ADL) ou « Digestibilité Enzymatique » de J. Aufrère (notée DCS). Depuis 10 ans, c 'est cette dernière méthode qui sert à calculer la digestibilité de la matière organique, c'est-à-dire la valeur énergétique...
Connaissant la teneur en amidon (analysée) et la digestibilité de la plante entière (calculée à partir de DCS et MAT), la digestibilité du reste de la plante est déduite (DMOna pour « non amidon ») : c'est une caractéristique de la valeur de la partie végétative. Avec une valeur médiane de DMOna à 59,5 %, l'année 2005 se révèle être la meilleure depuis 4 ans (58,5 à 59,1 entre 2002 et 2004). Cette bonne valeur moyenne ne doit pas occulter la diversité des situations, chaque année et dans chaque région. 

Des valeurs d'encombrement standards

 


Le maïs n'est jamais distribué seul (© Web-agri)

 

«Le maïs fourrage étant une plante composite, où la baisse de valeur des tiges et feuilles est contrebalancée par l'accumulation d'amidon, et comme ce fourrage n'est jamais distribué seul dans des rations, la prédiction de son ingestibilité n 'est pas simple. Il n 'y a pas de modèle de prédiction qui fasse l'unanimité...» commente Denis Hoffmann, responsable du laboratoire Germ-Services. Tous les modèles combinent un critère la DMO (ou un critère défibres) et un témoin de la richesse en grains (Amidon ou % de MS). Les travaux auxquels Arvalis a participé montrent que l'ingestion peut aussi être modifiée par le contexte de la ration, en particulier l'excès d'amidon...
«Pour comparer les résultats d'analyses des maïs, nous utilisons une équation de calcul de la valeur d'encombrement établie à partir de la digestibilité enzymatique et de la teneur en amidon», explique le responsable du laboratoire. Le résultat montre pour l'année 2005 une valeur médiane de 1,03, comme en 2002, intermédiaire entre la bonne année 2004 (1,01) et la moins bonne année 2003 (1,08).

Une faible teneur moyenne en MAT

 

 La teneur en « Protéines Digestibles au niveau de l'Intestin »

Le maïs fourrage, gros pourvoyeur d'énergie, n'est pas autosuffisant en azote et doit toujours être complémenté en protéines ; la quantité d'aliment complémentaire doit cependant être modulée en fonction de la composition du maïs. La teneur en « Protéines Digestibles au niveau de l'Intestin » (PDI), résulte d'un calcul standard qui dépend de la teneur en MAT et de l'énergie (DMO), mais ne tient pas compte des différences éventuelles de digestibilité des protéines. C'est pourquoi le laboratoire ne présente que la variabilité de la donnée de base, la MAT.

«La teneur en matières azotées totales (MAT) est déduite de la teneur en azote de l'échantillon, que l'on multiplie par 6,25 : en effet, les protéines des aliments des animaux d'élevage contiennent en moyenne 16% d'azote (1/6,25)», explique Denis Hoffmann. Au cours du remplissage des grains, la teneur en MAT diminue par effet de dilution au fur et à mesure de l'accroissement du rendement. Les faibles teneurs en MAT sont quelquefois de bonnes nouvelles... mais elles peuvent aussi résulter de mauvaises conditions pédoclimatiques pendant la phase végétative. En 2005, les deux scénarios ont coexisté ! Et cette faible valeur moyenne en MAT (7%) cache une grande diversité.

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