Avec la nouvelle Pac, la réduction des charges est devenue encore plus qu’avant une des parades pour s’adapter au contexte laitier d’aujourd’hui. Or, depuis longtemps, le réseau Ecolait a montré que le poste alimentation était de loin le premier poste de charges. Mieux valoriser la ration c’est de manière certaine faire des économies. Le BTPL présente dans ce dossier les critères à observer pour diagnostiquer l'efficacité de la ration.
L’ensemble des critères d’observation présentés ici permettra de diagnostiquer l’efficacité d’une ration pour ensuite éventuellement l’améliorer:
Cliquer sur le titre du chapitre que vous souhaitez consulter:
Diagnostiquer la ration (© Web-agri)
- Aspect des fourrages distribués
- Les analyses diverses
- L’eau d’abreuvement
- Aspect des vaches et comportement
- L’Examen des bouses
- Les troubles divers
I. Aspect des fourrages distribués
- La granulométrie et la finesse de hachage mesurées au tamis secoueur (maïs)
- Observations visuelles par habitude : morceaux de 0,5 à 1 cm bien visibles à l’oeil
- Utilisation d’un tamis secoueur (voir normes BTPL avec grille supplémentaire de 0,5 cm)
- Importance de faire ces observations au silo mais aussi à l’auge - La température au silo et à l’auge
Un silo stable présente une température constante de haut en bas. Sinon risque de déviation fermentaire. - La mesure du PH
Autre indicateur de stabilité du silo et de la bonne réalisation des fermentations.
Maïs : PH < 4 - Ensilage herbe : PH < 4,5 - La présence de moisissures
Bien que les ruminants adultes soient moins sensibles que les espèces monogastriques, (les micro-organismes présents dans le rumen inactivant en partie des mycotoxines), certaines moisissures peuvent être cause d’intoxication. Egalement, en l’absence de troubles marqués et spécifiques de la présence d’une mycotoxine, une pénalisation « inexplicable » des performances de production ou de reproduction peut parfois être liée à la présence de moisissures dans l’alimentation… - L’odeur des ensilages
Odeur de vinaigre... problème de déviation fermentaire (fermentation acétique), PH plus élevé.
Odeur forte ou tenace sur les mains... acide butyrique (problème fermentation) - Présence et état des grains de maïs
Estimer la richesse en grains du maïs... si beaucoup de grains, se méfier des apports de farines (si amidon > 35%, farine souvent à proscrire).
Grains touchés lors de l’ensilage, l’objectif étant qu’ils le soient tous - Fibrosité de la ration
La ration doit être aérée (fibreuse et pas trop humide) - Au toucher, elle doit piquer (subjectif).
"Ni trop, ni trop peu" (© Web-agri) - Disponibilité de la ration
« Ni trop, ni trop peu ».
Disponibilité à l’auge, quantité (5% de bon refus minimum), fréquence de la distribution… Parfois en opposition avec la volonté de certains éleveurs de limiter le gaspillage et de travailler en « zéro-refus ».
- Analyse des fourrages
- Avant toute analyse, la prise d’échantillon est primordiale
- Quel type d’analyses ? 3 types d’analyses sont possibles :
*les caractéristiques globales du fourrage ( MS, MAT, Matières minérales…)
*les valeurs alimentaires (UFL, PDI…)
*les analyses de conservation - Analyses sur le lait
Le TB et TP
-Sur mélange de lait : sur l’année l’amplitude maxi acceptable :
TB : +/- 3,5 g/l
TP : +/- 2 g/l
- En résultat vache par vache : Un TB et un TP proche est souvent un indicateur d’acidose chronique, mais se méfier des variants génétiques. Révélateur si plusieurs vaches concernées.
Le taux d’urée
Valeur du taux d’urée | Interprétation | Conséquences possibles Action envisagée |
Entre 250 et 300 mg/litre | Ration à priori équilibrée | Confirmer par d’autres indicateurs |
Inférieur à 200 mg/litre | Déficit en PDI Ou Manque d’azote soluble |
Pertes en lait, ration mal valorisée. Vérifier les quantités ingérées Revoir le niveau d’azoté de la ration |
supérieur à 350 mg/litre | Excès global en PDI Ou déficit en énergie Et/ou excès d’azote soluble |
Gaspillage d’azote, effets sur la santé des animaux si excès trop élevés Revoir l’équilibre de la ration |
- Analyses de sang
Le profil métabolique
Le profil métabolique réalisé à partir de prises de sang permet d’obtenir un complément d’information intéressant, complémentaire au bilan de ration et à une visite d’élevage approfondie.
la glycémie et l’urémie
Ce sont les 2 paramètres les plus intéressants à considérer. Ils permettent par exemple de confirmer (et non de détecter) un déficit énergétique excessif ou une complémentation azotée mal adaptée.
|
UREMIE | |
GLYCEMIE |
Faible |
Forte |
Basse < 0,5 | Sous alimentation et sous production, anoeustrus, défaut évolution utérine, constipation… | Anoeustrus Note état 2 |
Moyenne 0,55 - 0,6 |
ReapeatBreeders | |
Forte > 0,6 -0,7 |
Acidose | Acidose à surveiller Risque de déviations métaboliques multiples |
Les dosages minéraux
Ils sont en revanche plus délicats à interpréter. Il est nécessaire d’avoir en mémoire que le métabolisme minéral est un métabolisme lent et sujet à de fortes variations individuelles et temporelles. De plus, ce métabolisme est sujet à des interactions permanentes et complexes entre les différents éléments minéraux.
Dans tous les cas on contrôlera la qualité de l’eau par au minimum une analyse annuelle.
Les abreuvoirs doivent être nettoyés et désinfectés régulièrement : Avoir une eau de qualité à la source, c’est bien, mais quel intérêt si c’est pour la salir par la suite.
IV. Aspect des vaches et comportement
- Fourbures et pousse exagérée de la corne des pattes : signe d’acidose
- Le pelage
- Brillance ...déséquilibre énergie azote ou carences minérales
- Poils qui rebiquent ...parasitisme, carence en cobalt
- Poils décolorés ...carence cuivre à rechercher (pour le Prim holstein)
- Dépilation ...carence en zinc (attention à ne pas confondre avec des pertes par frottements) - Rumination
On doit voir plus d’une vache sur deux ruminer au repos (on parle de 60% avec un objectif idéal de 80%).
Coups de dent entre 2 déglutitions : 60 à 85 sinon indice de fibrosité bas. - Vitalité des animaux
Cou qui tombe, ligne de dos fatigué, vaches longtemps couchées (+ de 2h en journée). - Etat d’engraissement
En cours de lactation : mini note de 2,5
Au moment du vêlage : objectif 3,5 maxi 4 - Mamelle
Rose, enflée ...excès azoté (à confirmer par d’autres indicateurs), ne pas confondre avec l’œdème (en général lié à un excès de sel ou à des carences en oligo éléments) - Entre onglons rouge et gonflé
Souvent un indicateur d’acidose ou excès d’azote ? - Couleur urine
Foncée ... ration riche en azote par opposition à urine claire - Le pica est une maladie qui se manifeste par :
des animaux qui lèchent les murs, ingèrent de la terre, le fumier et boivent leur urine et le purin.
Une des causes est la carence des apports en sodium dans la ration. Des carences en cuivre et cobalt peuvent induire des apparitions de pica. - Boiterie chronique
Possibilité de fourbure (au parage, trace rose dans la corne)
ou de carence en zinc.
V. L’Examen des bouses
L’examen des bouses donne de précieuses indications sur l’équilibre de la ration, à condition de le confronter à d’autres critères : production, taux, note d’état d’engraissement, calcul de ration, incidence des maladies métaboliques dans le cadre de l’évaluation du système alimentaire d’un troupeau laitier.
- Taille des particules
Elle dépend de l’intensité et de la durée de la rumination, de l’activité de la micro-population ruminale et du temps de séjour des particules dans le rumen. - Couleur
Fortement influencée par la nature des fourrages.
Vert foncé ... Pâturage.
Brun-olive ...Ration hivernale mixte ensilage maïs + ensilage herbe.
Brun noir en surface ...Ration riche en pulpes déshydratées, luzerne, ensilage d’herbe.
Jaunâtre ...Ration à base de maïs exclusivement avec tous les excès possibles. - Présence de particules non digérées
L’interprétation de la présence de particules non digérées est à mettre en relation avec le niveau de production : plus la production est élevée, plus l’ingestion est forte, moins la ration est digeste, plus on observera de résidus non digérés. - Consistance
Une bouse dite « normale » doit avoir :
- la consistance d’une bouillie, ronde uniformément étalée, sans éclaboussures.
- Le diamètre d’une assiette.
- Un creux au milieu et des sillons plus ou moins concentriques.
BOUSES TROP SECHES | BOUSES TROP LIQUIDES | |
LES RAISONS POSSIBLES | Une insuffisance d’abreuvement. Une ration trop « encombrante », trop fibreuse. Une sous alimentation. Insuffisance en azote Certaines maladies, cétose en particulier. |
Une ration trop riche en eau (faible matière sèche des aliments). Une ration pauvre en fibres, acidogène. Une ration dont certains constituants refermentent dans le gros intestin, par exemple une partie de l’amidon non dégradé dans le rumen. Excès d’azote Une diarrhée non alimentaire ou toxique dont l’origine est à déterminer |
- Présence importante de particules de plus de 1 cm
- Dysfonctionnement du rumen – défaut de rumination.
Déficit azoté. Acidose ; en particulier : transitions brutales, excès de glucides fermentescibles.
Déficit minéral : P, Na, Co… - Présence de grains
- Si grains entiers intacts : Rechercher la cause au niveau de l’aliment et pas au niveau de l’animal.
- Si grains attaqués en excès :
* un excès de grain dans la ration * un manque de fibres (acidose)
* un déficit en azote dégradable * un manque de sucres fermentescibles
Eléments de confirmation
Types de rations déséquilibrées | ||||
|
Acidose |
Déficit azoté |
Excès azoté |
Excès de fibres |
Eléments de confirmation | -TB bas - Chute d’ingestion - Taux de cellulose bas - Taux de glucides fermentescibles élevé |
- Sous production - Urée < 0,20 g/l - Rationnement azoté |
- Mauvais état général - Urée > 0,35 g/l - Vérification des apports azotés |
- Sous production - Déficit énergétique - Valeur UEL élevée |
- Les mammites
Rôle des déséquilibres énergie-azote :
carences en certains éléments : de nombreuses études ont mis en avant l’intérêt d’un bon niveau d’apport en sélénium et vitamine E. - Les métrites
Idem que mammite. Rétention placentaire : manque de magnésium au tarissement. - Fertilité/fécondité
La partie alimentaire est souvent prépondérante dans la reproduction.
Déficit énergétique = souvent la première cause d’infertilité
Le rôle des oligo-élements sur la reproduction est déterminant pour leur action sur les synthèses hormonales (GnRH, FSH, LH), ovariennes et placentaires (œstrogène, progestérone).
Les principaux oligo-éléments intervenant dans les régulations sont le Cuivre, le Fer, le Zinc, le Manganèse, l’Iode, le Cobalt et le Sélénium.
Mortalité embryonnaire: L’excès d’azote soluble est souvent déterminant. - Mortalité des veaux:
L’excès d’azote soluble est là aussi souvent une cause majeure.
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