De l'épizootie à la prévention d'une maladie qui n'existe pas

Vétérinaires et autres experts en santé animale tentent de faire comprendre aux Européens inquiets de l'arrivée du virus asiatique H5N1, que l'épizootie de grippe aviaire menace avant tout les volailles, même si une hypothétique pandémie fait l'objet de plans de prévention.

Pour la première fois dans l'histoire, à l'appel de l'Organisation mondiale de la santé, gouvernements et laboratoires pharmaceutiques se coordonnent et s'organisent pour affronter "une maladie qui n'existe pas encore", comme le reconnaît l'OMS: la première pandémie humaine de grippe du 21e siècle. Pendant ce temps, l'épizootie bien réelle qui, depuis fin 2003, a déjà décimé les volailles en Asie en ne frappant qu'exceptionnellement l'homme, poursuit sa propagation: après la Turquie et la Roumanie, la Croatie est touchée à son tour. L'Afrique pourrait être la prochaine étape du virus, redoutent les experts.

Habitués à gérer les grippes aviaires, les vétérinaires s'impatientent de la panique créée par l'évocation insistante d'un risque de pandémie souvent présenté comme inéluctable, ce qui fait confondre chez les Européens la maladie animale actuelle avec une maladie humaine jusque là absente. Regrettant "la peur entretenue" sur ce sujet, le directeur adjoint de l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) Jean-Luc Angot a relevé que le H5N1 asiatique est "simplement le candidat le plus important" parmi les virus susceptibles d'engendrer une pandémie humaine "peut être dans 10 ans ou à la fin du siècle".

Quant aux éleveurs de l'Union européenne, avant même de voir le premier poulet malade, ils sont déjà économiquement victimes de la grippe aviaire parce que les ventes de volailles ont régressé d'au moins 25% en France, de 50% en Grèce et jusqu'à 60% en Italie. Soucieux d'apaiser l'angoisse des consommateurs, les experts affirment unanimement qu'on peut manger sans risque du poulet cuit à 70°C. Les premières déclarations contestées de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) ont brouillé le message sur les oeufs, sans qu'on sache si les conseils de cuisson donnés visaient à se protéger de salmonelles, présentant un réel danger infectieux, ou d'un virus aviaire absent de la quasi-totalité des pays de l'UE.

Pendant que les responsables de la santé animale se préoccupent de l'épizootie actuelle, avec un virus très difficilement transmissible à l'homme, l'OMS et les chercheurs suivent l'évolution du H5N1 aviaire et chaque nouveau cas humain pour déceler tout pas du virus vers une humanisation redoutée. Actuellement, le virus "n'est pas adapté à l'homme" et donc "la concentration de virus est importante" pour la transmission de l'infection, explique une spécialiste de la grippe à l'Institut Pasteur, Sylvie Van der Werf, précisant que "passer à une dizaine de mètres d'oiseaux infectés n'est pas infectieux". Mais, précise-t-elle, plumer des poulets infectés a pu l'être en Asie, où depuis fin 2003 plus de 120 cas humains d'infections au virus H5N1 ont été officiellement recensés par l'OMS, dont 62 mortels.

Sans être capable de contaminer "efficacement" l'homme, le virus H5N1 a cependant déjà "parcouru un petit bout de chemin vers l'infection humaine", ce qui justifie, selon elle, "la peur qu'il franchisse la seconde étape", celle qui permettrait une transmission d'homme à homme. Conscients du risque pandémique que représenterait pour l'homme, dépourvu d'anticorps pour s'en protéger, l'émergence d'un virus nouveau pour lui, les chercheurs se refusent à tout pronostic. Tel un joueur du loto, le virus s'essaie au fil de mutations successives à trouver le bon numéro pour lui, qui pourrait être le mauvais pour l'humanité. Faute de savoir si et quand il pourrait gagner à ce jeu du hasard, les chercheurs se bornent à noter ses changements pour y adapter les prototypes de vaccin en préparation et donner l'alerte si le danger venait à se préciser.

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