Fétuque, RGA et trèfle blanc pour conduire des prairies longue durée et assurer l’autonomie fourragère. A la clé, une économie significative sur les autres postes alimentaires. Explications avec Lila Lacey, spécialiste de l’herbe et animatrice de l’ADEART (Association pour le développement de l’emploi agricole et rural de Midi Pyrénées).
Jusqu’à un chargement de 1,4 UGB/ha, un éleveur peut être autonome en fourrage entre le pâturage et la fauche. |
« Le principe de la prairie longue durée (PLD) est de créer de manière artificielle un couvert qui ressemble davantage, par sa diversité et sa pérennité, à une prairie de type naturelle », définit Lila Lacey. « Son intérêt majeur est de permettre un pâturage des animaux, laitiers ou allaitants, pendant toute la saison, dès fin janvier et jusqu’aux mois de novembre-décembre. La PLD peut fournir le même rendement qu’une prairie plus « intensive » mais la répartition de la pousse est différente. Elle est moins forte au printemps et plus étalée tout au long de l’année. Sa durée de vie est de 6 ans ou plus.»
Des espèces pérennes associant graminées et légumineuses
« La composition du mélange prairial est à la base de la prairie longue durée, puisqu’il sera semé, par essence, des espèces pérennes associant graminées et légumineuse. On préconise en Midi-Pyrénées un mélange au semis composé de 15 kg/ha de fétuque élevée, 5 kg/ha de RGA (Ray Grass Anglais) et 5 kg/ha de trèfle blanc, mélange identique sur toute la surface herbagère. La fétuque est semée en plus grande proportion afin qu’elle occupe, avec le temps, la même place que le RGA », explique la spécialiste. « Evidemment, le Ray Grass Italien est écarté. D’une part, sa durée de vie est courte, d’autre part, il n’offre pas une pousse aussi régulière dans le temps. Le choix de la fétuque élevée se justifie pleinement au plan technique. Il existe aujourd’hui des variétés à feuilles souples qui permettent une bonne valorisation du pâturage et qui ne souffrent pas d’un manque d’appétence », assure Lila Lacey. « S’il persiste une mauvaise réputation de la fétuque élevée, cette dernière se vend de plus en plus en Midi Pyrénées, au dépend du dactyle. Cela dit, certains éleveurs souhaitent maintenir un mélange RGA, dactyle, trèfle blanc, ce qui est tout à fait possible, les deux étant des espèces pérennes.»
On préconise en Midi-Pyrénées un mélange au semis composé de 15 kg/ha de fétuque élevée, 5 kg/ha de RGA (Ray Grass Anglais) et 5 kg/ha de trèfle blanc.
Il est possible d’installer une PLD derrière une pâture
«L’implantation d’une PLD est plus facile à réussir derrière un précédent céréale. Cela dit, il est possible d’installer une PLD derrière une pâture, à condition d’avoir soigneusement détruit le couvert végétal. Pour réussir l’implantation de la prairie, il faudra assurer un très bon contact sol-graine. Aussi, il est préconisé de réaliser deux passages de rouleau, un lors de la préparation du lit de semence et un autre après le semis. »
L’implantation d’une PLD est plus facile à réussir derrière un précédent céréale.
Restreindre ou étendre les surfaces pâturées
Le mode de gestion est basé sur une adaptation des quantités pâturées en fonction des périodes. |
Le mode de gestion est basé sur une adaptation des quantités pâturées en fonction des périodes. « Les animaux sont mis à l’herbe le plus tôt possible, même si à ce moment-là de l’année, la pâture n’intervient qu’à hauteur de 15% de la ration. Le reste est apporté par l’affouragement pris sur les stocks de l’exploitation. 15 jours seulement après la sortie, l’herbage représente 33% de la ration et va augmenter progressivement jusqu’à atteindre 100% juste avant le boom de la croissance de l’herbe », développe l’animatrice de l’ARDEART.
L’objectif est de réaliser un déprimage sur toutes les parcelles, en passant suffisamment tôt dans la saison pour qu’il joue son rôle bénéfique sur les parcelles destinées à la fauche. A cette période, le niveau de chargement peut être de l’ordre de 70 ares par UGB.
En avril-mai, tous les élevages peuvent baser 100% de la ration sur le pâturage
«Lorsqu’on va atteindre la période la plus favorable à la pousse de l’herbe, l’éleveur va réduire très fortement la surface pâturée, concentrée sur une petite surface, de l’ordre de 30 ares par UGB. C’est à ce moment que les stocks de fourrage vont être constitués. En même temps, pendant ces mois de avril-mai, tous les élevages, qu’ils soient laitiers, allaitants ou ovins, peuvent baser 100% de la ration sur le pâturage sans avoir besoin d’aucun autre apport extérieur. Non seulement à ce moment-là, la pousse de l’herbe est importante mais elle est très riche en azote. Elle joue presque un rôle substitutif de soja. La prairie peut à elle seule maintenir une production laitière moyenne de 6-7000 litres.» Pendant la période estivale, la pousse de l’herbe est fortement ralentie. L’éleveur va réaugmenter largement les surfaces pâturées. On va retrouver des niveaux de 70 ares par UGB et le niveau de complémentation va varier selon la sécheresse. Il est vrai que l’affouragement estival peut être important dans certaines zones séchantes de la région mais le pâturage d’automne ne doit pas être sous estimé. Dès les premières pluies, la pâture sera très bien valorisée sur ce type de prairie. L’hiver, les parcelles sont au repos pendant deux mois minimum, une phase de reconstitution des réserves.
La prairie peut à elle seule maintenir une production laitière moyenne de 6-7000 litres.
En ce qui concerne la fertilisation des prairies longue durée, lire aussi: Fertilisation des prairies - Une certaine autonomie pour les prairies longue durée, en cliquant ICI |
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