La guerre du lait reprendra-t-elle ? Toutes les conditions semblent réunies pour que l'accord national sur le prix que les industriels laitiers payent aux producteurs soit dénoncé, lors d'une réunion mercredi à Paris, à en croire les différentes parties.
« Nous souhaitons faire jouer la clause de sauvegarde prévue dans l'accord national car tous les prix du lait de consommation payés aux producteurs baissent plus vite que prévu en Europe », a affirmé à l'AFP une source proche des industriels laitiers.
Une guerre des prix - qui profite pour le moment uniquement à la grande distribution et pas aux consommateurs - oppose en effet le groupe coopératif Sodiaal (marque Candia), et le groupe privé Lactalis (marque Lactel), les deux plus importants collecteurs de lait de consommation en France avec respectivement 1,6 milliard et 1 milliard de litres de lait par an.
Baisse supplémentaire de 3 euros
Le groupe Lactalis de Laval (Mayenne) a confirmé, mardi dans un communiqué, qu'il avait décidé d'appliquer, depuis le 1er mars dernier, une baisse supplémentaire de 3 euros, ramenant le prix moyen payé aux alentours de 300 euros pour 1.000 litres collectés.
« L'accord national signé pour tous les membres de l'interprofession laitière (...) n'est plus respecté aujourd'hui par un grand nombre de coopératives laitières (Sodiaal, Coralis, Ulag, Ulpl) et la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl) n'a pas réussi à redresser cette situation », justifie Lactalis dans son communiqué pour expliquer cette nouvelle baisse.
Mais Lactalis souligne que « les sommes prélevées à ses producteurs feront alors imméditament l'objet d'un complément de prix » si les autres entreprises reviennent « sur leur décision de baisse des prix ».
Les industriels seraient prêts à dénoncer l'accord national
L'accord conclu pour 2005 prévoyait uniquement une baisse annuelle de 2,2 euros/1.000 litres. Pour un porte-parole de la Fédération nationale des producteurs laitiers (Fnpl), « il n'est pas question d'une rénégociation qui aboutirait à un prix du lait à plusieurs vitesses ».
« Cet accord (entre laiteries et producteurs) est fragilisé par le comportement irresponsable de certaines entreprises (...). Aujourd'hui, la moitié des producteurs de lait en France sont en-dessous du Smic », avait affirmé le président de la Fnpl, Henri Brichart, lors du congrès de cette organisation le mois dernier à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Si la clause de sauvegarde prévue par l'accord, conclu à la suite d'une forte mobilisation des producteurs l'automne dernier, n'était pas enclenchée, les industriels seraient prêts à dénoncer, mercredi, l'accord national pour en venir à des accords directs entre transformateurs et producteurs, indiquent plusieurs des parties concernées.
Consommation en baisse de 4 %
La situation est d'autant plus tendue que la consommation de lait de consommation a baissé en France de 4 % en 2004 par rapport à l'année précédente. Or, paradoxalement, la réforme de la Pac (Politique agricole commune) de 2003 prévoit que les quotas européens (limitation du volume produit), en vigueur depuis les années 80, vont augmenter de 1,5 % à partir de 2006.
Les producteurs et industriels français, pour une fois unis, tentent d'obtenir de Bruxelles de reporter la date d'application de cette hausse des quotas. Mais la France est minoritaire dans l'Europe des 25 face aux pays nordiques.
La France compte 110.000 exploitations laitières qui représentent environ 200.000 emplois.
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