Coup sur coup la Commission européenne et le ministère américain de l'Agriculture ont annoncé mardi des restrictions commerciales temporaires pour des raisons de sécurité alimentaire, l'une pour cause de risque de propagation de la grippe aviaire et l'autre pour des raisons sanitaires lors du processus de fabrication, toutefois non précisées en détails.
Mais, soulignait-on aussi rapidement à Washington, les deux affaires ne sont pas liées. Selon le porte-parole du ministère américain de l'agriculture, Steven Cohen, "si vous voulez vendre des produits aux Etats-Unis, ils doivent être aussi sûrs que les produits qui sont faits aux Etats-Unis pour protéger la santé publique".
Ses services venaient d'interdire, après enquêtes chez les producteurs français certifiés, les importations de produits de viande, volaille et canard français. "Cela entre dans le cadre des tensions continues" entre les deux continents, souligne Cord Barfield, économiste à l'American Enterprise Institute. Et de rappeler que dans le long contentieux sur les produits contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM), les Américains avaient vertement critiqué l'argument de la santé publique avancée par les Européens pour bloquer les importations agricoles en provenance des Etats-Unis.
"La sécurité alimentaire est une raison plausible" pour ces nouveaux cas de limitation des échanges, quoique sans grand impact financier, selon M. Barfield qui s'en remet à "l'habileté diplomatique" des deux parties, à Washington et Bruxelles, pour "éviter que ces sujets ne conduisent à une explosion".
Des deux côtés on a effectivement insisté sur l'aspect temporaire des décisions prises au titre des mesures de précaution habituelles lorsque la santé est en jeu. "Mais les deux ont beaucoup de choses sur le feu", rappelle Cord Barfield. Plusieurs dossiers, tranchés récemment par l'organe d'arbitrage de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), vont permettre dans les prochaines semaines à l'Union européenne d'imposer des sanctions commerciales records contre les Etats-Unis.
Car il semble improbable que le Congrès américain puisse voter d'ici le 1er mars la modification de la loi sur les Foreign Sales Corporation (FSC) qui accorde des avantages fiscaux aux exportateurs américains, pratique illégale au regard des règles de l'OMC. A l'expiration de cet ultime délai accordé par les Européens à Washington pour que le Congrès change cette loi (condamnée depuis 2000 par l'OMC), l'UE pourra imposer automatiquement des sanctions allant jusqu'à 4 milliards de dollars sous la forme de droits de douanes prélevés sur les importations américaines en Europe.
Cependant, Bruxelles avait déjà opté, en décembre dernier, pour une montée en puissance progressive qui se traduirait par des pénalités évaluées à 200 millions de dollars en 2004. Le commissaire européen chargé du commerce, Pascal Lamy, a rappelé récemment que l'Europe subit "140 millions de dollars de sanctions américaines" dans le conflit sur le boeuf aux hormones "et personne ne parle de guerre transatlantique". Aussi "200 millions dans l'autre sens ne marqueraient pas le début d'une guerre commerciale", a-t-il souligné.
Enfin, l'UE a également obtenu mardi le feu vert de l'OMC pour d'autres sanctions contre les Etats-Unis qui n'ont toujours pas non plus aboli une loi anti-dumping de 1916, condamnée en 2001 par l'organisation multilatérale. |
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
FCO : le Grand Ouest en première ligne
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou