Une nouvelle méthode pour identifier les bactéries dans le lait

Chez les ruminants laitiers, les inflammations de la mamelle (mammites) sont fréquentes, et coûteuses en raison de la diminution de la quantité et de la qualité du lait qu'elles entraînent et du coût des traitements. Leurs formes subcliniques (sans signes apparents) sont quelquefois difficiles à détecter. Des chercheurs de l'INRA de Jouy-en-Josas(1), en collaboration avec le domaine INRA du Pin-au-Haras, ont testé deux techniques moléculaires complémentaires permettant d'identifier dans le lait les bactéries pouvant être responsables de ces inflammations.

 

 
©INRA/J. Weber réf : PCD2242 IMG0022.PCD (© « Identifier plus rapidement les mammites »)

Actuellement, la mise en évidence des mammites repose soit sur l'observation des signes cliniques par l'éleveur, soit sur une mesure indirecte pour repérer les formes subcliniques : les comptages de cellules somatiques (CSS) dans le lait. La détection est alors éventuellement tardive et l'identité du germe impliqué n’est pas accessible.

 

La méthode la plus pratiquée, pour identifier la bactérie impliquée, est un examen bactériologique standardisé (NMC) appliqué à un prélèvement de lait de quartier réalisé en conditions aseptiques. L’isolement est alors suivi de phases d’identification plus ou moins longues et complexes. La TTGE (Temporal Temperature Gel Electrophoresis) et la DGGE (Denaturing Gradient Gel Electrophoresis) sont des techniques de biologie moléculaire qui pourraient offrir une alternative intéressante. Ces deux techniques complémentaires permettent d’identifier les espèces bactériennes dans le lait par analyse de l'ADN bactérien. Après extraction de l'ADN total du lait, une région discriminante de l'ADN bactérien est amplifiée par PCR. Les fragments d'ADN sont ensuite séparés par électrophorèse, le profil obtenu permettant d'identifier les bactéries. Ce référentiel de 170 espèces bactériennes constitue un outil original et très efficace pour identifier les germes présents dans le lait. La mise à disposition de cette banque de données auprès des professionnels laitiers est actuellement à l’étude.

Un essai sur le terrain

Des échantillons de laits ont été prélevés au domaine INRA du Pin-au-Haras (Normandie), entre novembre 2002 et février 2004. Un suivi de la microflore bactérienne au cours du stockage dans le tank de ferme a été réalisé durant cette période. Des laits individuels provenant de vaches atteintes de mammites cliniques ou de vaches produisant du lait caractérisé par un Comptage de Cellules Somatiques variable (élevé ou faible) ont également été analysés.

Identifier de manière rapide et spécifique la microflore bactérienne des laits

Les techniques TTGE et DGGE sont efficaces pour détecter rapidement la présence de bactéries dans les laits de tanks de refroidissement. Par exemple, dès le début des prélèvements en novembre 2002, la détection par TTGE d'une bactérie pathogène (Streptococcus uberis) a été réalisée sans qu’aucun signe clinique de mammite n’ait été observé dans les jours précédents. D’autre part, l'analyse de laits individuels de vaches atteintes de mammite clinique a permis d'identifier des espèces bactériennes différentes (S. uberis, Pseudomonas alcaligenes, Escherichia coli, Streptococcus dysgalactiae). La bactérie S. uberis a également été détectée par TTGE dans des laits individuels de vaches présentant des CCS élevés, ainsi que dans deux laits caractérisés par des CSS faibles. Les techniques TTGE et DGGE sont donc efficaces pour identifier sous 2 à 3 jours et de façon spécifique la microflore bactérienne des laits crus, dans les laits individuels ou de troupeau.

La TTGE et la DGGE devraient s'avérer utiles à la profession laitière en permettant une amélioration du diagnostic étiologique des mammites et une identification spécifique des bactéries impliquées. Moyennant une évaluation de leurs valeurs prédictives en conditions réelles d’élevage, elles pourraient ainsi compléter la mesure du nombre de cellules somatiques pour évaluer l'état sanitaire des troupeaux laitiers. Ceci permettrait d’améliorer les traitements en les adaptant aux bactéries pathogènes identifiées. Un projet d’optimisation et d’automatisation est en cours, qui devrait permettre leur transfert vers les industries et les laboratoires professionnels.

(1 ) Unité "Recherches laitières et génétique appliquée", département "Microbiologie et chaîne alimentaire", centre INRA de Jouy-en-Josas

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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