Christine Roguet du pôle économique de l'ITP, présente l'évolution de la rentabilité des exploitations porcines à partir des données des chaines de gestion et les stratégies et tactiques qui peuvent être mises en oeuvre pour maintenir voire améliorer cette rentabilité. Explications.
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Selon Christine Roguet, trois constats peuvent être faits.
D'une part, «Le coût moyen de production a régulièrement diminué grâce à l'amélioration de la technicité et du coût alimentaire», indique l'économiste qui ajoute: «On peut se demander si et comment cette tendance va se poursuivre. En effet, les contraintes sociétales liées au bien-être, à la traçabilité et la sécuruté alimentaire par exemple ou les contraintes environnementales liées au traitement notamment, se traduiront par un surcoût de 10 cts dès 2005 et de 15 cts d'euro en 2015. Ces surcoûts annihileront le gain de 20 cts obtenu grâce aux progrès techniques entre 1990 et 2002».
Quand le coût de production diminue, le prix de vente s'aligne à la baisse
Le deuxième constat que fait Christine Roguet, c'est que «le prix du porc, dans un marché libéral, suit une tendance à l'évolution du coût de production.» Ainsi, ajoute-t-elle: «Quand le coût de production diminue, le prix de vente s'aligne à la baisse. La baisse du prix de vente fragilise les élevages produisant cher,..ils disparaissent et ...la moyenne des coûts de production diminue...». L'économiste de l'ITP explique encore: «Ce prix du porc est déterminé par confrontation de l'offre et de la demande. Il dépend donc des quantités produites consommées, échangées intra-Europe et avec les pays tiers. Le cycle du porc, alternance de périodes fastes et de crises est lié à ces ajustements permanents de l'offre et de la demande.» Mais elle remarque aussi qu'«à ce caractère conjoncturel de la crise, semble s'ajouter ajourd'hui des aspects structurels, comme les caractéristiques des élevages plus spécialisés, plus grands...qui résistent plus longtemps»
La variabilité des coûts de production est importante: 30 Cts d'euro/kg !
Christine Roguet, fait également le constat que «la variabilité des coûts de production entre élevages reste stable au fil des ans et importante, environ 30 cts d'euro/kg ce qui laisse entrevoir une première marge de progrès». Elle remarque que si «certains élevages ont un résultat positif et passent sans "trop" de difficultés les crises, d'autres sont en grande difficulté financière...et les situations ne sont jamais acquises pour toujours».
Pour mettre en évidence les leviers d'action susceptibles de faire la différence sur la rentabilité de l'élevage, Christine Roguet a étudié la composition du coût de production et l'origine des écarts entre les élevages les plus performants et les moins performants.
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«La composition du coût de production reste marquée par l'importance de la charge alimentaire (59%) même si elle tend à se réduire au profit du coût de MO (Main d'Oeuvre) de l'ordre de 15% et composé essentiellement, 87% de la MO totale, par la main d'oeuvre familiale et les cotisations MSA. » explique C. Roguet qui précise que les 11% de charges diverses correspondent entre autres aux dépenses de santé,d'énergie et d'eau,... |
Quand on analyse les écarts entre le 1/3 des élevages les plus performants et le 1/3 des élevages les moins performants, on remarque que «l'alimentation ne pèse plus que 41% tandis que MO totale + Divers + Amortissements, expliquent 49% de cette variabilité». Christine Roguet explique ces chiffres par le fait que le coefficient de variation de la charge alimentaire est beaucoup plus réduit que celui des autres charges. Cela laisse à penser, indique l'économiste, que «ce levier d'action est déjà bien utilisé voire optimisé». |
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3 leviers sur lesquels l'éleveur peut jouer directement
L'éleveur, s'il subit certaines contraintes, peut toutefois agir directement sur certains facteurs de la prodution. Christine Roguet envisage trois possibilités d'action pour l'éleveur:
- Une action technique par l'amélioration de la productivité des truies et de l'aliment: hyperprolificité, diminution de la mortalité, alourdissement des carcasses, diminution de l'indice de consommation..
- Une action économique par la diminution du prix des facteurs:
- De l'aliment (Politique d'achat à revoir, intérêt des sous-produits à évaluer, intérêt de la FAF)
- Des bâtiments plus légers et moins sophistiqués
- De la Main d'Oeuvre, en améliorant la productivité du travail. Il faut envisager un minimum de «100 truies naisseur-engraisseur par UTH», étudier la conception et praticité des bâtiments, l'automatisation de la distribution,... - L'optimisation des systèmes d'élevages. Ce sont des leviers de type structuraux: «l'entrepreneur détermine la dimension et l'organisation optimales de son outil de production en fonction de ses aspirations et compétences», indique Christine Roguet qui propose d'étudier les économies d'échelles possibles, ou encore d'éventuelles restructurations.
Il existe d'autres leviers conclut Christine Roguet qui «relèvent de décisions collectives, avec participation des éleveurs ou en dehors de leurs champs d'action» . Et de citer: «La veille technologique (création et mise en oeuvre des innovations techniques); L'organisation et l'appui technique de la diffusion de l'innovation; L'organisation collective pour acheter et pour vendre; La politique des structures: dialogue société/pouvoirs publics/représentants des éleveurs; Les règles commerciales et interprofesionnelles; La politique agricole (choix régionaux, nationaux, Pac, OMC..)»
Les résultats de choix ne sont pas cumulatifs, de nombreuses interactions existent
Enfin, l'éleveur doit garder en tête que les décisions sont toujours «prises dans un environnement complexe, changeant et contraignant.», avertit l'économiste qui explique que «les résultats de choix ne sont pas cumulatifs, de nombreuses interactions existent. Par exemple, l'augmentation de la taille d'élevage si elle entraîne une éventuelle économie d'échelle, entraîne aussi le recours "coûteux" à la Main d'oeuvre salariale; la FAF quand à elle se traduit par un accroissement des charges de structures, etc...»
Source, Intervention de Christine Roguet, du pôle économie de l'ITP, lors de la rencontre technique intitulée: "Rentabilité des élevages de porcs, quels leviers d'action?", organisée par l'ITP au Space 2004.
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