Connaître, prévenir et traiter la fièvre de lait

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Près de 10 % des vaches tous âges confondus subissent chaque année une fièvre de lait. Le risque augmente avec certaines rations alimentaires. De nombreuses vaches touchées sont victimes de complications qui peuvent leur être fatales. Retour sur l’origine de cette pathologie et les moyens de la prévenir, par Arnaud Christ, vétérinaire aux laboratoires Virbac.

Causes initiales

A l’approche du vêlage, la vache doit faire face à une forte fuite du calcium circulant dans son sang. En fin de gestation, le veau capte 0.2 gramme de calcium par heure; puis au moment du vêlage, 1 gramme par heure est «exporté» du sang de la mère vers le colostrum et le lait.
L’organisme de la vache adulte dispose de mécanismes qui permettent de compenser en partie cette fuite du calcium. Les réserves osseuses sont fortement mobilisées et la production de vitamine D3 est stimulée.
Mais cela n’est pas toujours suffisant, notamment lorsque la vache avance dans son rang de lactation: l’organisme parvient plus difficilement à compenser cette chute brutale de la calcémie. C’est assez classique à partir de la troisième gestation. Le taux de calcium sanguin chute en dessous de 60 mg / litre, et les symptômes d’hypocalcémie apparaissent.

Symptômes et complications

Une vache en hypocalcémie va d’abord avoir une démarche raide, mal assurée, avant de se coucher sans pouvoir se relever. Si la fièvre de lait se prolonge, le transit digestif ralentit, avec manque d’appétit, constipation voire météorisation. La bête sombre peu à peu dans un état de coma. Le rythme cardiaque est irrégulier, ce qui rend dangereux toute sollicitation pour la faire se relever. Dans tous les cas, il est urgent de rétablir la calcémie.
Au niveau de l’utérus, si l’hypocalcémie se produit avant le vêlage, les contractions s’affaiblissent et peuvent retarder l’expulsion du veau. Juste après le vêlage, le placenta se décroche mal, et la non-délivrance peut être un symptôme isolé de fièvre de lait.

La fièvre de lait moderne.

On a vu se développer un peu plus récemment une forme dite moderne de la fièvre de lait, due avant tout à un manque de phosphore dans le sang, ou hypophosphorémie.Elle intervient plutôt dans les trois jours avant ou après le vêlage. La vache couchée est incapable de se relever sans traitement. A la différence de la fièvre de lait classique, la vache continue de manger de ruminer et son corps ne se refroidit pas. Bien évidemment, la station couchée provoque des lésions musculaires au bout de plusieurs jours, et il faut par conséquent traiter et relever l’animal.

Le traitement

Il consiste d’abord à injecter un soluté de calcium, enrichi en phosphore. Il faut en apporter suffisamment pour répondre aux besoins immédiats. Mais un excès de calcium est en revanche néfaste car il antagonise la production de vitamine D3 et les mécanismes naturels de compensation.
On choisit l’injection intraveineuse car elle est la plus rapidement efficace et la moins traumatisante, contrairement aux injections intramusculaires. Certaines précautions doivent être respectées: le soluté doit être réchauffé et injecté à une température de 37°; il doit être injecté lentement, tout en surveillant le rythme et la fréquence cardiaque pour ajuster la vitesse de perfusion.
En relais, il est nécessaire d’administrer du calcium par voie orale. Attention car chez une vache encore en pleine fièvre de lait, donc affaiblie, les risques de fausse déglutition sont élevés. Ces dernières années, plusieurs traitements à base de calcium en gel sous forme de cartouche ou de tube sont apparus sur le marché. Facilement administré à l’aide de pistolets spéciaux, ils permettent de limiter ce risque. De plus, contrairement aux solutions de calcium buvables, ils permettent d’administrer plusieurs formes de calcium, à action immédiate ou prolongée, complétée par des sources d’énergie telle que propylène Glycol ou mélasse.
Dans tous les cas, l’intervention du vétérinaire s’impose pour un bilan de la situation, car les risques de rechute sont élevés.

Prévention

Elle débute pendant le tarissement. Le but est d’amener au vêlage des vaches capables de puiser dans leurs réserves osseuses de calcium, et pas trop grasses car alors la synthèse de vitamine D3 est affaiblie. Trois semaines avant le vêlage, la ration ne doit pas apporter plus de 60 grammes de calcium et 1% de potassium par jour. En pratique pour diminuer le risque, il faut éviter les légumineuses, les choux, les betteraves, les mélanges trèfle/graminées, l’herbe jeune et ne pas donner trop de soja.

Pour les vaches à risque, après avoir sollicité l’avis du vétérinaire traitant, il est possible d’injecter en IM 10 millions d’unités de vitamine D3 2 à 6 jours avant le vêlage. On pourra également administrer un tube de calcium toutes les 24h pendant quatre jours, en commençant un jour avant le vêlage

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