Le milieu rural recherche des vétérinaires désespérément...

PARIS, 3 mars 2004 - En trente ans, le nombre de vétérinaires installés à la campagne a été quasiment divisé par cinq, une désaffection qui suscite l'inquiétude du milieu professionnel, en raison de la difficulté d'assurer son rôle de sentinelle en matière sanitaire.

"En 1972, 85% des vétérinaires travaillaient en milieu rural, en 2002, ils n'étaient plus que 25%, et en 2003, 18% et il est de plus en plus difficile d'assurer l'épidémiosurveillance des maladies animales", a indiqué à l'AFP Véronique Bianchetti, vice-présidente du Conseil de l'Ordre des vétérinaires.

Or, relève-t-elle, si la dernière épidémie de fièvre aphteuse en 2001 a pu être enrayée rapidement, c'est grâce aux vétérinaires de terrain qui "ont immédiatement détecté les endroits suspects".

Le maillage géographique des vétérinaires serait équilibré si au moins 30 à 40% d'entre eux exerçaient à la campagne, estime Mme Bianchetti. Sur l'espace qui leur est consacré au salon de l'Agriculture, les vétérinaires oeuvrent pour valoriser leur métier et aussi susciter des vocations, notamment en milieu rural.

"A la campagne, certains vétérinaires ne trouvent plus de repreneur pour leur cabinet et doivent le fermer", déplore Mme Bianchetti. Ceux qui restent doivent couvrir une zone géographique toujours plus vaste. "Cela devient, notamment en montagne, un problème insoluble, le vétérinaire passant son temps sur les routes".

Les conditions pénibles de travail à la campagne expliquent en partie cette désertion. "Lors de la saison des vêlages, les vétérinaires se lèvent parfois trois fois dans la nuit". Mais, on constate aussi un manque de considération de la part des éleveurs qui tendent trop souvent à faire appel aux vétérinaires "en pompier", uniquement lorsqu'ils ne peuvent plus faire autrement, observe Mme Bianchetti.

Pour attirer les vétérinaires à la campagne, la profession demande aux pouvoirs publics d'octroyer des aides à l'installation. Elle réclame aussi la rétribution des vétérinaires pour le rôle de "sentinelle" qu'on leur demande d'exercer en matière sanitaire. Quant aux futurs prétendants à ce métier, une meilleure information est nécessaire. "Tous ne soigneront pas des animaux sauvages, c'est une utopie, prévient Mme Bianchetti. "Il faut aussi inciter les futurs vétérinaires à aller à la campagne, à avoir une clientèle mixte ce qui leur permettra de mieux gagner leur vie", insiste Mme Bianchetti.

La profession réclame aussi que le concours d'entrée à l'école vétérinaire soit "diversifié et non plus un concours que seuls les forts en maths réussissent". Elle sollicite aussi des entretiens de motivation afin de recruter des gens "plus impliqués dans le monde de l'élevage et non plus uniquement des gens intellectuellement doués mais qui ne correspondent pas au marché", précise Mme Bianchetti.

Chaque année, le nombre de vétérinaires augmente. Ils sont plus de 13.000 à exercer actuellement, dont près de 29,5% de femmes, chiffre en progression, et 10% de vétérinaires issus de l'Union Européenne, notamment de Belgique. Soigner et guérir reste la vocation première du vétérinaire qui joue un rôle essentiel dans la protection des consommateurs, la préservation de l'environnement et des espèces. C'est un acteur majeur dans la garantie de la santé publique, assurant le suivi sanitaire des animaux de la ferme, le contrôle des industries agroalimentaires et ce jusqu'à la distribution.

En moyenne, un vétérinaire s'installe à l'âge de 32 ans. Le revenu libéral moyen est estimé à environ 53.000 euros par an.


Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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