L'herbe aujourd'hui à la pointe du progrès?

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Si les décennies que nous venons de vivre ont vu l’herbe régresser en tant qu’aliment de base des troupeaux laitiers, son avenir est peut être beaucoup moins sombre. Explications du BTPL.

L’herbe bénéficie aujourd’hui de génétique, de techniques et d’outils performants. Mieux encore, elle présente des avantages de plus en plus appréciés pour la préservation de l’environnement. Ces atouts majeurs et nouveaux devraient la propulser au rang de culture d’avenir incontournable.
C’est sans doute ce qui a poussé près de 600 éleveurs et futurs éleveurs à participer à la journée « Progrès en Herbe » organisée en avril dernier par le BTPL et le lycée agricole privé de Ressins (Loire).

En perte de vitesse jusqu’à maintenant

L’herbe n’a pas eu le vent en poupe dans le passé proche : d’après une enquête réalisée par le BTPL auprès de 116 éleveurs du Lyonnais, l’ensilage d’herbe ne représente plus que 40% de la ration d’hiver contre 47% il y a dix ans. Le maïs a pris la place laissée libre. Le pâturage exclusif (sans complément fourrager) a régressé lui aussi, de près d’un mois en dix ans.
Mais ces critères devraient se stabiliser à l’avenir, chez les éleveurs enquêtés.

Peut-on imaginer de vendre du lait demain s’il n’y avait plus que très peu d’herbe dans la ration des vaches laitières ? « Sans herbe, il y aurait un problème de communication » répond Michel Belbarbe, de la direction commerciale de Candia. « Le produit serait ressenti beaucoup plus comme industriel. L’herbe est présente dans toutes les communications publicitaires présentant des vaches. »

Les outils pour cultiver l’herbe se sont bien modernisés.

En quelques décennies, la génétique fourragère a progressé, discrètement, mais sûrement.
Quelques exemples mis en avant par le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et des plants): 20 jours de plus pour exploiter un dactyle, entre son démarrage en végétation et son épiaison. 10% de plus de production pour des nouvelles variétés de ray-grass anglais. Plus d’1,5 litre de lait supplémentaire par jour et par vache pour de nouvelles fétuques élevées à feuilles souples.
Et tout cela par sélection classique, loin des manipulations de type OGM.

Autre sujet prometteur : le croisement de la fétuque et du ray-grass. Selon les premières observations, les espoirs mis dans la correction par la fétuque de certaines faiblesses du ray-grass (pousse estivale, repousse d’automne, …) seraient bien au rendez-vous.

Des outils pratiques donnent aujourd’hui aux producteurs les moyens de cultiver l’herbe plus efficacement.
L’herbomètre est un outil simple et récent. Il permet aux éleveurs de se faire rapidement et régulièrement des repères pour la gestion du pâturage. Cette dernière a toujours été un point délicat de la maîtrise de l’herbe.
Les analyses de fertilisation de l’herbe, pratiquées sur les feuilles, permettent désormais de juger avec précision des apports d’engrais, de diagnostiquer d’éventuelles carences ou excès. C’est un outil qui vient compléter les analyses de sol, déjà pratiquées par le passé.

De nouvelles techniques méritent d’être diffusées largement auprès des producteurs d’herbe.
Parmi les plus prometteuses et encore méconnue : la micro-aération des lisiers, qui offre le double avantage de réduire à la fois les odeurs du lisier et l’agressivité sur les prairies. A condition que les conditions d’utilisation soient bien respectées, il s’ensuit une réduction possible des distances pour les épandages par rapport aux habitations et la possibilité d’apports en saison sans causer d’inappétence pour les animaux au pâturage.

Les atouts environnementaux de l’herbe seront-ils promus par la nouvelle Pac ?

Les atouts environnementaux des prairies sont multiples. C. Huyghe, président de l’AFPF et directeur de recherche à l’Inra les rappelle : très peu d’utilisation de pesticides, limitation des lessivages d’azote, valorisation de l’eau issue des précipitations, réduction des apports d’engrais azotés (avec les légumineuses), préservation de la biodiversité et des paysages. Sans oublier un impact positif sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre.

La future Pac affiche la volonté de prendre en compte ces aspects environnementaux. Mais les futures mesures traduiront-elles dans les faits ces intentions ?


La journée « Progrès en Herbe » :
Pour montrer et parler de l’herbe dans ses aspects les plus avancés, des spécialistes de chaque outil ou technique sont venus de toute la région et de la France entière.

Les exposés et démonstrations de terrain étaient organisés en ateliers :
· la génétique fourragère, avec le support de l’une des plus vastes collections fourragères de France
· la découverte d’un hybride Ray-Grass X Fétuque
· le pâturage et les associations graminées+légumineuses
· le semis direct, l’entretien et la récolte des prairies, avec démonstrations de matériels
· le mariage réussi du lisier et des prairies grâce à la micro-aération du lisier
· les diagnostics foliaires de fertilisation des prairies
· les résultats d’analyse de valeur alimentaire des ensilages d’herbe et du foin dans la région
· la conservation et l’application de conservateur sur ensilage et enrubannage
· le séchage en balles rondes par chauffage au combustible, par déshumidification de l’air ou avec chauffage solaire (système en auto-construction)

La conférence-débat de l’après-midi avait pour thème : « Herbe et production laitière : Réalité ? Avenir ?  Les éleveurs doivent-ils se préparer à produire du lait avec plus d’herbe qu’aujourd’hui ? »

Cette journée a été soutenue par les coopératives laitières Orlac, UCR et URCVL et le conseil général de la Loire.


Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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