A l'heure où tout le monde a les yeux rivés sur les taux de nitrates et les résidus de pesticides, la technique de semis d'herbe dans le maïs apporte une solution intéressante. De nombreux essais ont permis de connaître les bases de cette méthode. Explications et conseils du BTPL.
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L'efficacité d'une culture intermédiaire semée après un maïs est souvent aléatoire, car le semis est trop tardif, généralement en octobre. Compte tenu du délai nécessaire à l'implantation de la culture piège à nitrate, celle-ci n'est efficace qu'à la sortie de l'hiver, c'est-à-dire après la période intense d'érosion et de lessivage de l'azote. La solution est d'avancer la date de semis du piège à nitrate, soit en cultivant une variété de maïs très précoce ensilée en septembre ce qui permet une mise en place du couvert au début de l'automne, soit en semant la culture intermédiaire sous couvert de maïs. |
La réussite de l'association repose sur le bon choix des espèces à implanter.
Le maïs doit permettre au sous-semis de se développer afin que l'effet "couverture" soit suffisamment efficace. Afin de permettre une bonne transmission de la lumière en sous-étage, la préférence sera donnée à des variétés de maïs à port érigé (feuilles dressées) et plutôt précoces. Un ray-grass anglais diploïde, hybride ou italien non-alternatif semble convenir le mieux. Vu qu'il devra vivre en sous-étage du maïs durant 3 mois, avec peu de lumière, il faudra qu'il soit assez résistant aux rouilles et oïdium mais surtout qu'il supporte bien le passage des machines (hybride meilleur que l'italien) et ait une bonne faculté de développement en arrière-saison.
De plus, semer une espèce fourragère n'est pas sans intérêt : pâturées dès la fin de l'hiver certaines années, ces parcelles de couverts peuvent, par exemple, permettre d'attendre le retour de périodes plus sèches pour exploiter les pâtures longue durée.
Des intérêts agronomiques et environnementaux
L'effet piège à nitrate est la première motivation de cette technique. Bien implanté au moment de la récolte du maïs, le ray-grass semé sous-couvert talle abondamment pour devenir opérationnel rapidement. Au début du printemps, le rendement de celui-ci est nettement plus élevé que le ray-grass semé à l'automne après la récolte du maïs. La quantité d'azote absorbée par le ray-grass est multipliée par 2 ou 3 par rapport au témoin.
Quantité d'azote absorbée par le ray-grass (en unités/ha) selon la technique de semis (Chambre d'Agriculture de la Manche avec la participation du FEOGA)
Pt-Hébert 97/98 | Pt-Hébert 98/99 | St Ovin 98/99 | La Godefroye 99/00 | Pt-Hébert 99/00 | |
Ray-grass semé à l'automne | 23 | 34 | / | 25 | 45 |
Ray-grass semé sous couvert de maïs | 65 | 64 | 44 | 49 | 92 |
Le lessivage est ainsi réduit d'environ 80 kg de nitrates par hectare comparé à un sol laissé nu. Les résultats peuvent varier selon la date de récolte et les conditions pédo-climatiques. L'implantation du ray-grass permet également une diminution du ruissellement d'où une moindre érosion des sols et une réduction de l'entraînement de produits phytosanitaires vers l'eau. La structure du sol est également améliorée car le couvert facilite l'accès des engins à la récolte et lors des épandages en fin d'hiver.
Le maïs ne souffre pas
Quant aux effets sur le maïs, ils sont, en général, nuls du moment où le sous-semis a été réalisé au bon stade du maïs (8-10 feuilles). Par rapport au désherbage chimique intégral, le désherbage mixte avec implantation de ray-grass est régi par la même règle : il faut assurer un bon contrôle des adventices car le maïs reste très sensible à la concurrence des mauvaises herbes.
Un matériel adapté au sous-semis
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Le semis peut être réalisé en pleine terre, soit à l'aide d'un semoir à céréales dont certains socs sont relevés pour la passage des lignes de maïs (2 à 3 socs par ligne de maïs), soit à l'aide d'un épandeur à engrais ou soit avec un semoir spécifique monté sur une bineuse. L'épandeur à engrais fournit cependant de moins bons résultats pour les aspects suivants : enfouissement des semences, homogénéité de répartition des semences sur la surface, dérive par temps venteux, perte de semence dans les feuilles de maïs… |
Le plus souvent, la technique repose sur l'utilisation d'une bineuse à dents quatre ou six rangs équipée d'un semoir. Un semoir à distribution pneumatique est fixé sur la bineuse. La semence est apportée derrière les dents de la bineuse puis recouverte par deux rangées de herse peigne.
Le désherbage mixte indispensable
Le désherbage en semis sous-couvert doit à la fois limiter les adventices nuisibles au rendement du maïs et épargner le couvert de ray-grass. Deux itinéraires sont proposés actuellement : le premier consiste à traiter uniquement le rang et biner l'inter-rang, le second est un traitement en plein à dosage réduit.
- Dans le cas du premier itinéraire, le traitement chimique ciblé sur le rang doit se faire avec un équipement spécifique. Pour un traitement au semis, il faut équiper le semoir d'un pulvérisateur et utiliser des herbicides adaptés (sans métalachlor). Pour un traitement en post-levée, on utilise une bineuse équipée d'un pulvérisateur permettant d'effectuer simultanément le traitement ciblé et le binage. La partie pulvérisée sur le rang a une largeur de 25 cm environ. Ainsi, la quantité d'herbicide utilisée par hectare de culture est divisée par 3. Généralement, il n'y a pas lieu de renouveler le traitement dirigé car le binage associé à un léger buttage du rang de maïs suffisent.
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- Dans le cas du second itinéraire, un désherbage chimique est effectué en plein en post levé uniquement (au stade 5-6 feuilles du maïs). On utilise des herbicides non persistants et sans atrazine, souvent au tiers ou à la demi-dose selon le stade des adventices. Ce désherbage est suivi, au stade 8-10 feuilles du maïs d'un binage de l'entre-rang avec un léger buttage au pied des maïs. C'est lors de ce dernier binage que l'on implantera le ray-grass à la dose de 20 kg/ha environ. Compte-tenu du temps que met le ray-grass à lever, le maïs a alors atteint le stade 12-13 feuilles ; à ce stade, il ne peut plus être concurrencé.
Un coût intermédiaire entre désherbage chimique et désherbage mécanique
En terme d'intrant uniquement, le désherbage mixte reste le moins onéreux : le traitement chimique est divisé par trois auquel on ajoute 20 kg/ha de semence de ray-grass. En terme de travail, il est clair que le désherbage mécanique demande plus de temps. Il faut compter 30 à 45 mn/ha pour un passage de bineuse avec ou sans sous-semis. |
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Enfin, l'opération de binage, voire de sous-semis, nécessite l'utilisation de matériels spécifiques. On distingue les bineuses équipées de dents "patte d'oie" et les bineuses à "étoiles" ou "roulante". Sur sols limoneux, tous les types de machine semblent convenir, Par contre, sur sols argileux et/ou pierreux, il faudra veiller à travailler avec une machine suffisamment lourde afin d'assurer un désherbage mécanique réussi. Plusieurs options existent en matière d'équipement, permettant de réaliser plusieurs interventions simultanément : pulvérisateur, semoir, fertilisateur ou élément de buttage du rang de maïs.
Tableau 2 : Un coût intermédiaire entre les désherbage chimique et mécanique
Essais | nombre d'essais |
Coût moyen / ha |
Temps de travail (h/ha) | |
Intrants (€/ha) | Travail (€/ha) | |||
Désherbage chimique | 4 | 67,80 | 4,60 | 0 h 25 |
Désherbage mixte | 2 | 19,80 | 12,20 | 1 h 10 |
Désherbages chimique puis mécanique | 3 | 39,60 | 6,90 | 0 h 40 |
Désherbages mécanique puis chimique | 3 | 36,60 | 6,10 | 0 h 35 |
Désherbage mécanique | 3 | 0,00 | 10,70 | 1 h 00 |
Tableau 3 : Coût indicatifs des matériels
Bineuse à dents | Bineuse à étoiles | ||
4 rangs | 6 rangs | 4 & 6 rangs | |
Equipement de base | 3 200 à 3 500 € |
4 400 à 5 100 € |
3 000 à 4 600 € |
Prix indicatif des options : | |||
- Pulvérisateur | 2 700 à 3 500 € | ||
- Semoir mécanique | 2 300 à 3 100 € | ||
- Semoir centrifuge | 530 à 1 100 € | 530 à 1 100 € | |
- Fertiliseur | 2 000 € | 2 750 € | |
- Disques de buttage | 1 500 € | 2 300 € |
Sources : Chambres d'agriculture de la Manche et du Finistère - Centre pilote en culture de maïs de la région Wallonne
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