L'avortement est défini comme l'expulsion avant terme du foetus, ou la naissance d'un veau non viable. A côté des causes traumatiques ou alimentaires, l'implication d'agents infectieux représente 50% des avortements et se traduit souvent par une forme épidémique. La recherche de l'agnet de la brucellose est systématique, ce qui rend obligatoire l'appel du vétérinaire dès le premier cas. Lors d'une série d'avortements, plusieurs analyses, à partir du sang mise en cause de tel ou de tel agent. L'isolement de l'avorteuse, l'adoption de mesures d'hygiène strictes permettront, avant l'arrivée des résultats, de limiter la contagion aux autres gestantes.
- Généralités
- Causes infectieuses
- Autres causes
- Mesures à prendre
1. Généralités
1.1 Définition
La définition de l'avortement reste délicate, il en existe de nombreuses mais elles ne sont jamais totalement satisfaisantes. Un décret du 24 décembre 1965 considère tout avortement dans l'espèce bovine, comme l'expulsion du foetus ou du nouveau né mort ou succombant dans les 48 heures qui suivent la naissance, c'est à dire :
- tout veau né avant terme vivant ou mort,
- tout veau, à terme, né mort,
- tout veau à terme mort dans les 48 heures suivant la naissance hors accident de vêlage (la mort pouvant être due à une infection préalable à la naissance).
1.2 Règlementation
Tout avortement constitue une suspicion de brucellose bovine réputée contagieuse et doit faire l'objet d'une information au vétérinaire sanitaire de l'élevage. Celui-ci, appelé à visiter l'animal suspect est tenu d'effectuer les prélèvements nécessaires au dépistage de la brucellose et de les expédier à un laboratoire agréé.
Prélèvements à effectuer :
- sang
- placenta et/ou avorton
=> L'ensemble des opérations (déplacement vétérinaire, prélèvements et envoi au laboratoire, analyses) sont prises en charge par l'état.
La déclaration d'avortement est le premier indicateur de surveillance du cheptel puisque l'avortement constitue le seul signe d'alerte précoce ; cela est d'autant plus vrai avec l'évolution des prophylaxies.
2.1 La BVD
La diarrhée à virus des bovins (ou maladie des muqueuses) est une maladie de la reproduction. L'effet pathogène du virus varie selon le moment de la gestation.
Outre les symptômes généraux qui passent souvent inaperçus sur les bovins adultes, l'infection de la femelle reproductrice peut se traduire par :
- de l'infertilité ;
- des retours en chaleurs ;
- des avortements avec ou sans momi-fication foetale ;
- de la mortinatalité ;
- la naissance de veaux IPI (Infectés Permanents Immuno-tolérants) chétifs ou normaux.
2.2 La Fièvre Q
Cette infection bactérienne serait responsable de 1 à 3 pour cent des avortements chez les bovins. La maladie est contagieuse à l'homme et aux autres mammifères, ceux-ci se contaminant par voie orale ou respiratoire, ou encore à partir de tiques infectées.
L'agent infectieux (Coxiella burnetti) est très résistant dans le milieu extérieur, puisqu'il peut survivre pendant sept mois dans la poussière. Cela veut dire qu'un avortement pourra être une source de contamination durable dans un local.
Chez la vache la Fièvre Q peut être responsable d'avortements à tous les stades de gestation, mais elle provoque surtout des vêlages prématurés ou des veaux morts nés à terme.
Parfois responsable d'avortements, elle peut aussi provoquer des mêtrites.
2.3 La Néosporose
Cette infection est due à un parasite, Neospora caninum. Les femelles gestantes infectées par ce protozoaire vont avorter entre 4 et 7 mois de gestation ou parfois donner naissance à des nouveaux-nés qui pourront présenter des signes nerveux et des paralysies.
La Néosporose est responsable de 15% des avortements : elle en constitue une des causes majeures.
La 1ère voie de transmission entre bovins est la voie verticale, de la mère à son veau (infestation du veau dans 80 pour cent des cas).
Après contamination, l'infestation semble persister toute la vie de l'animal. Ainsi, une femelle infectée pourra transmettre Neospora à chaque génération et pas seulement lors de la primo-infection (" lignée de vaches avorteuses ").
La contamination d'un bovin après la naissance est possible à condition qu'un hôte définitif (chez qui le parasite va se multiplier) soit présent. Actuellement le chien voire le renard sont les seuls hôtes définitifs identifiés ; ceux-ci se contaminent en consommant des délivrances ou des foetus de vaches infestées. Plus tard ils excrétent des formes infestantes du parasite sur les aliments des bovins qui eux-mêmes se contamineront.
2.4 La Leptospirose
La Leptospirose est une infection bactérienne commune à plusieurs espèces animales domestiques et sauvages. Chez les bovins, elle serait responsable de 3% des avortements. La maladie peut aussi se traduire par la naissance à terme de veaux malades, suivie de non délivrance, d'endométrite et de stérilité.
Les bovins se contaminent par voie cutanée, aussi par voie orale au contact d'eau contaminée. Les rongeurs (rats, ragondins) sont les principaux porteurs et vecteurs de leptospires ; ils souillent et contaminent les eaux de boisson et les aliments (ensilages) par leurs urines.
2.5 La Salmonellose
Les avortements sporadiques dus à la salmonellose apparaissent souvent au cours d'automnes pluvieux, chez les génisses au pâturage, pendant leur 6ème, 7ème, et 8ème mois de gestation. Il est parfois observé quelques jours avant l'avortement des diarrhées aiguës et de la fièvre.
On constate parfois des vêlages de veaux mort-nés hébergeant des salmonelles. Les sources d'infection possibles sont les pâturages ou l'eau contaminée par du purin, les eaux usées, les petits mammifères sauvages (campagnols, mulots) et les oiseaux.
2.6 La Listériose
La Listériose provoque des avortements et de la mortinatalité, souvent dans le mois qui suit la consommation d'un ensilage mal conservé. L'avortement intervient en général entre le 4ème et le 8ème mois de gestation. Il est parfois accompagné de fièvre, précédé ou suivi de diarrhée.
La contamination se fait surtout par voie orale. Elle est assurée par les rongeurs, parasites réguliers des silos-couloirs, souvent porteurs chroniques et excréteurs de Listeria sp. par leur fécès. L'espèce pathogène isolée le plus fréquemment est Listeria monocytogenes.
2.7 La Chlamydiose
Maladie bactérienne, la Chlamydiose est plus ou moins présente selon les régions et produit quelques avortements sporadiques. Chlamydia psitachite produit quelques avortements sporadiques en particulier au dernier tiers de gestation.
2.8 L'IBR
L'IBR (Rhinotrachéite InfectieuseBovine) est une maladie spécifique des bovins causée par un virus qui a la particularité d'infecter àvie l'animal contaminé (Herpès virus). Toutefois la maladie ne se déclare que très rarement (l'infcetion passe inaperçue). La forme symptomatique la plus fréquente est respiratoire (toux, jetage nasal, fièvre ...). Cependant lors d'une épidémie on peut observer des avortements qui surviennent entre 4 et 7 mois de gestation.
Si l'infection est plus précoce, elle sera responsable de mortalité embryonnaire ; plus tardive, elle peut conduire à de la mortalité néonatale jusqu'à 12 jours après la naissance.
La contamination entre bovins nécessite un contact relativement étroit : contamination dite de "mufle à mufle" ; l'air expiré constitue le principal vecteur de l'agent.
3. Les causes non infectieuses
3.1 Les causes alimentaires
Les avortements liés à des déséquilibres alimentaires ou des carences sont rares : on parlera plutôt de mortalité embryonnaire.
Par contre certaines plantes peuvent contenir des principes toxiques pour le placenta ou le foetus ; de même les fourrages mal conservés (foin, ensilages...) sont favorables au développement de moisissures qui peuvent générer une série d'avortement.
Si le rôle abortif des champignons est connu depuis très longtemps chez la vache, son importance reste difficile à cerner.
L'avortement d'origine mycosique se manifeste principalement pendant la saison hivernale, chez les animaux en stabulation qui consomment des aliments plus ou moins bien conservés. La voie digestive est la source principale de contamination. Les avortements, le plus souvent sporadiques, surviennent après la distribution d'aliments contaminés. De nombreuses espèces de champignons ont été isolées (y compris des levures) mais deux semblent dominer : Aspergillus fumigatus et Mucor. Vous devrez les suspecter si vous observez des lésions rondes sur le foetus ou si le placenta présente un aspect "parcheminé" (aspect vieux cuir ou cartonné).
3.2 Les causes traumatiques
Elles sont rares. Les avortements sont isolés car le veau est bien protégé. Ils peuvent être consécutifs à des coups, des chutes notamment lors du transport ou à l'occasion de manipulations.
Par ailleurs, certains avortements peuvent survenir suite à une erreur de traitement (glucocorticoides et surtout prostaglandines) ; ils sont bien sûr limités aux seules femelles ayant subi l'intervention.
3.3 Les causes génétiques
(Christian COUBRONNE)
4.1 Isolement de la vache avorteuse
Le but de l'isolement est d'éviter la contamination des autres gestantes, l'excrétion des germes étant massive (plusieurs milliers de germes/g) dès l'expulsion des eaux et se poursuivant pendant encore 8 jours.
L'isolement doit donc être rapide et se poursuivre au moins jusqu'à la réception des résultats d'analyse.
4.2 Le local d'isolement
- il doit permettre au minimum l'absence de contact entre animaux ;
- il doit être facile à nettoyer et à désinfecter ;
- l'écoulement des jus doit être maîtrisé ;
4.3 Appel du vétérinaire
La survenue d'un avortement doit systématiquement conduire à l'appel du vétérinaire (c'est obligatoire!) qui procédera aux prélèvements nécessaires.
Le déplacement et les prélèvements ainsi que les analyses brucellose réalisées par le laboratoire sont gratuits pour l'éleveur.
4.4 Mesures d'hygiène
En cas d'avortements d'origine infectieuse, foetus et enveloppes foetales sont fortement contaminés ; il est donc primordial :
- de les manipuler avec précaution (utilisation de gants à usage unique ...), certains germes étant transmissibles à l'homme (brucellose, listériose, fièvreQ) ;
- d'éviter une dispersion sur l'exploitation par les chiens ou autres prédateurs, d'où la nécessité de détruire efficacement les produits de l'avortement le plus rapidement possible.
Dans l'attente du passage de l'équarrisseur, l'avorton doit être stocké dans un endroit à l'abri des chiens et autres prédateurs.
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