« La façon de donner compte autant que ce que l’on donne ». Cet adage est particulièrement vrai pour l’alimentation d’une vache laitière. A un changement de régime, les microbes du rumen ont besoin d’au moins deux semaines pour s’adapter. Il faut donc leur assurer une période de transition.
Lorsque la ration est bien calée, on peut ensuite envisager d’utiliser des adjuvants pour renforcer ou stimuler la fermentation du rumen avec certains produits. Quelques précisions sur ce qui vous est proposé en tant que "améliorateur de la ration, de la santé de vos vaches". |
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1. LES SUBSTANCES TAMPONS
Les acides (Acide Gras Volatil, AGV) nourrissent la vache pour moitié de ses besoins en énergie. Il faut donc maximiser leur production et non la réduire.
Mais il y a parfois une mauvaise répartition de la production d’acides dans la journée, liée à :
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la quantité des concentrés,
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la fibrosité de la ration de base,
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le mode de distribution des concentrés,
d’où le recours à des substances tampons.
Le plus utilisé est le bicarbonate de sodium, à raison de 200-250 g par jour. Mais l’action du bicarbonate de sodium est très fugace. Il faut en apporter tous les jours. Rappel : une vache correctement alimentée produit entre 1 et 2 kg de substances tampons par l’intermédiaire de la salive.
L’autre tampon moins couramment utilisé est la magnésie ou oxyde de magnésium. Son activité dans le rumen est moins efficace, mais elle a le mérite d’intervenir aussi dans le métabolisme. La magnésie est assez complémentaire du bicarbonate de sodium, et les deux gagnent à être associés. Les taux d’incorporation de la magnésie sont alors de l’ordre de 50 à 80 g par vache et par jour.
2. LE DOPAGE DES BACTERIES
Méthionine et niacine sont des composants naturels de la ration d’une vache laitière. Mais elles peuvent être apportées en plus importante quantité.
La méthionine non protégée est une source de soufre pour les microbes du rumen. Elle est détruite à 95 % dans la panse. La digestion de la cellulose est améliorée.
L’utilisation de méthionine protégée joue un rôle dans l’apport d’acides aminés au niveau intestinal, l’INRA a mis en évidence l’intérêt de 2 acides aminés : lysine et méthionine.
La méthionine est réputée pour augmenter le TP de 0,5 g à 1,5 g/L de lait dans un délai de réponse très bref (quelques jours seulement) à condition que le régime soit carencé en Met Di (inférieur à 1,85 % de PDIE de ration totale) et correctement couvert en Lys Di (supérieur à 6,8 % de PDIE de ration totale) avec des troupeaux à bon potentiel.
La vitamine PP, ou niacine, stimule la synthèse protéique et la production d’acide propionique, précurseur du glucose. Elle doit être apportée à raison de 6 g, au moins, par jour et par vache. Elle ralentit aussi la fonte graisseuse de la vache et renforce la synthèse du glucose et la destruction des corps cétoniques au niveau du foie. Elle interviendrait sur la prévention de l’acétonémie et de ses conséquences en début de lactation.
3. LES PROBIOTIQUES
3.1. Les isoacides
Les isoacides, fragments d’acides aminés ramifiés, sont utilisés en tant que précurseurs par les bactéries pour la synthèse protéique. Avec le même objectif, on peut utiliser les bouchons de luzerne.
3.2. Les levures
Les levures peuvent être aussi apportées vivantes. Elles limitent les pertes dues à la production de gaz dans le rumen et produisent des isoacides, qui favorisent la croissance bactérienne et lacellulolyse.
4. LES HEPATOPROTECTEURS
Pour avoir une action sur le foie, il faut qu’ils l’atteignent sans être dégradés dans la panse, ce qui relève parfois du parcours du combattant.
Aussi, pour traverser la panse sans encombre, il faut que les bactéries ne soient pas habituées à dégrader ces substances (sorbitol, choline, etc), ce qui veut dire qu’il s’agit de cure et non d’une utilisation en continu.
Mais avant tout, l’état du foie passe par un déparasitage contre la douve.
5. LES OLIGO-ELEMENTS ET VITAMINES
Les oligo-éléments ne se stockent pas, ils ne peuvent donc être apportés en cure sauf si vos vaches relèvent d’une carence prolongée.
Les vitamines AD3E se stockent au niveau du foie car elles sont liposolubles.
Pour les vitamines du groupe B, naturellement présentes dans une panse qui fonctionne bien, une vache ne devrait pas être carencée.
Les problèmes d’acidose font disparaître certaines vitamines du groupe B.
Deux précisions :
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Le cobalt
Le cobalt est indispensable dans l’alimentation des vaches laitières, à condition d’être administré par voie orale. En effet, le cobalt est utilisé par les bactéries pour la production de vitamine B 12(cyanocobalamine).
Les bactéries, qui digèrent la cellulose, semblent les plus exigeantes. Ainsi, l’addition de cobalt dans la ration accélère la digestion de la cellulose chez les ovins et bovins, et elle améliore la digestibilité de la matière sèche. Par contre, l’apport de vitamine B 12 est inutile, car les bactéries la détruisent. Elles synthétisent leur propre vitamine B12 qui sera ensuite utilisée par les autres micro-organismes du rumen et enfin par la vache. Mais celle-ci n’utilisera pas plus de 3 à 5 % de la quantité produite par les bactéries.
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Le couple vitamine E et sélénium renforce l’immunité
La vitamine E et le sélénium ont des effets favorables sur la réponse immunitaire, chez l’homme et chez l’animal. Des études ont mis en évidence, chez les bovins, une augmentation de la production d’anticorps. Mais celle-ci est variable selon le degré de carence des vaches, et le mode d’action n’est pas connu.
Conclusion :
Avant de recourir à un adjuvant, revoir d'abord la ration : fibrosité, quantité de concentrés et sous-produits, équilibre minéral.
Il faut soigner "le mal à la racine" et savoir remettre en question la ration pour repartir sur de bonnes bases.
Le remède est la plupart du temps au départ. Ensuite, avant d’acheter, il est nécessaire de bien connaître la cible à atteindre : foie, rumen, etc. mais aussi la composition du produit.
Il ne s'agit pas de faire une impasse sur tous les adjuvants mais de "faire consommer avec modération".
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