A priori, un éleveur ne nourrit pas de la même façon un troupeau à 6.000 ou à 8.000 litres de lait. Et quand la production monte, il estime souvent ne pas avoir d'autre choix que de répondre aux besoins des animaux pour que tout aille bien. Comment se caractérise la ration des troupeaux les plus productifs ? La rentabilité est-elle au rendez-vous avec 2 tonnes de concentrés par vache et une proportion d'ensilage impressionnante ? Réponses du BTPL...
En dehors de tout aspect travail, disponibilité, technicité, objectifs des éleveurs, conditions de logement, génétique du troupeau ou encore image et environnement naturel, examinons ensemble dans quelle mesure l'alimentation dans des niveaux de production élevés est avantageuse ou pas.
La synthèse 2000 des résultats Ecolait du BTPL nous livre ses enseignements technico-économiques.
Chaque mois, chaque adhérent a transmis ses informations concernant, entre autres, les fourrages et les concentrés distribués aux vaches laitières.
En fin d'année, l'ensemble des charges opérationnelles du troupeau laitier a été collecté.
L'étude porte sur 922 élevages répartis en France.
Attention à l'utilisation qui peut être faite de cette étude : il s'agit simplement de faire le point sur le coût moyen des rations VL à différents niveaux de production.
En aucun cas, il ne faudrait utiliser les résultats pour calquer un modèle sur une exploitation existante : l'ensemble des contraintes de chaque élevage (surfaces, bâtiments, main d'oeuvre, objectifs,...) est de nature à renverser les effets positifs envisagés s'ils ne sont pas pris en compte dans la réflexion.
1- La quantité et la nature des concentrés n'est pas la même à plus de 8 000 litres de lait par vache qu'à moins de 6 000. Mais le coût de concentré au litre de lait reste le même !
Plus le niveau de production du troupeau monte, plus la consommation de correcteur azoté et de concentré de production augmente pour chaque vache en moyenne. La quantité de céréales décline un peu.
Globalement, une vache dans un troupeau à 5 300 litres de lait reçoit en moyenne 1.2 tonne de concentrés, alors que dans un troupeau à 8 500 litres de lait, plus de 1.9 tonne.
Entre deux éleveurs qui auraient chacun l'un des deux troupeaux, lequel utilise le plus de concentré ?
Faisons le calcul :
32 vaches à 5 300 litres/an produisent autant que 20 vaches à 8 500 L.
Le premier troupeau consomme 1.2 tonne x 32 vaches soit 38.4 tonnes de concentrés à l'année.
Le deuxième 1.9 tonne x 20 vaches soit 38 tonnes.
Ils en utilisent autant !
D'ailleurs, cela se traduit également par autant de concentrés en grammes par litre de lait.
Mais le deuxième en achète plus que le premier, dans la mesure où la céréale est auto-consommée et qu'il en donne moins proportionnellement.
C'est donc un peu plus cher pour le deuxième. Le coût moyen du kg de concentré lui revient à 1.36 F au lieu de 1.31 pour le premier.
Pas étonnant donc que le coût du concentré ramené au litre de lait produit soit quasiment le même à tous les niveaux de production (autour de 29 centimes), juste un tout petit peu plus élevé (2 centimes) pour le groupe à plus de 8 000 litres / vache.
2- Lorsque la production par vache augmente, les quantités de fourrages consommées augmentent aussi, l'ensilage de maïs en particulier. Malgré cela, le coût des fourrages rapporté au litre de lait diminue !
Plus le niveau de production du troupeau monte, plus la consommation d'ensilage de maïs plante entière augmente, aux dépends de la pâture et du foin, pour chaque vache en moyenne. La quantité d'ensilage d'herbe est stable.
Globalement, une vache dans un troupeau à 5 300 litres de lait consomme en moyenne 4.8 tonnes de matière sèche de fourrages, alors que dans un troupeau à 8 500 litres de lait, plus de 5.2 tonnes.
La proportion d'ensilage s'élève dans le premier cas à 56 % de la ration et dans le deuxième à 78%.
Entre deux éleveurs qui auraient chacun l'un des deux troupeaux, lequel utilise le plus d'ensilage ?
Faisons le calcul :
32 vaches à 5 300 litres/an produisent autant que 20 vaches à 8 500 L.
Le premier troupeau consomme 2.7 tonnes x 32 vaches soit 86 tonnes de matière sèche à l'année.
Le deuxième 4 tonnes x 20 vaches soit 80 tonnes.
Ils en utilisent presque autant !
Par contre, le deuxième utilise bien moins de pâture et moins de foin, puisqu'il en donne moins à chaque vache et qu'il a beaucoup moins de vaches.
Globalement, les fourrages des vaches reviennent donc moins cher au deuxième qu'au premier
et utilisent -ou valorisent- moins de surface, en particulier en herbe.
Cela se traduit directement sur le coût des fourrages consommés par les vaches, ramené au litre de lait produit : alors que le premier dépense 44 centimes à chaque litre de lait, il n'en coûte au deuxième que 32.
Pour porter un jugement plus complet, il faudrait savoir ce que fait le deuxième des surfaces non utilisées par rapport au premier : des céréales à 70 ou 100 quintaux ou de la friche à 300 F ou 0 F de prime ??
On ne peut évidemment pas donner de préférence sans connaître le reste de l'exploitation...
3- Ramené à chaque litre de lait, le coût total de la ration des vaches est plus faible pour les élevages à plus haut niveau de production. Cet avantage subsiste même en considérant le reste des produits et charges de l'atelier.
Plus le niveau de production du troupeau monte, plus le coût total de la ration des vaches baisse, ramené au litre de lait.
La différence est de l'ordre de 11 centimes au litre entre une exploitation moyenne de moins de 6 000 litres de lait par vache et une de la moyenne des plus de 8 000.
C'est ce que nous observons sur ces groupes proches chacun de 200 élevages. Il n'est pas garanti que cela se vérifie dans tous les élevages, surtout pas dans les situations extrêmes, avec des niveaux de production très hauts, ou très bas.
Et les taux ? Et la qualité du lait ? Et les autres charges et produits ?
Viennent-ils confirmer la tendance ou l'inverser ?
Les taux butyreux et protéique sont tout à fait similaires dans les différents groupes.
Par contre, les spores butyriques et les leucocytes sont nettement plus favorables pour les niveaux de production les plus élevés. Ce n'est pas la première fois que nous le constatons.
Le prix de vente du litre de lait se trouve donc plus élevé, de 8 centimes, pour le groupe à plus de 8 000 litres par vache par rapport à celui à moins de 6 000.
Les autres charges opérationnelles (frais véto, IA, contrôle laitier, hygiène de traite, élevage des génisses, etc..) donnent encore un avantage de 3 centimes dans le même sens.
Par contre, deux produits sont en faveur du groupe à moins de 6 000 litres/vache :
· le produit de la vente des veaux, des génisses et des réformes : +7 centimes/L
· les primes PAC : +7 centimes/L
Au final, le reste des charges et produits ne dément pas l'avantage acquis sur le coût de la ration par le groupe à + de 8 000 litres de lait. Il l'atténue juste de 3 centimes/litre.
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