L’alimentation des bovins avec les ensilages, les fourrages secs ou l’enrubannage nécessite des équipements spécifiques : le choix des matériels dépendra en priorité de la nature des aliments et de la proportion des différents ingrédients dans le cas d’un mélange (il n’existe pas de machines qui réalisent à la perfection tous les types de mélanges) !
Pour cette raison, les équipements de distribution des fourrages se déclinent en un grand nombre de familles de matériels : du simple godet à la mélangeuse automotrice en passant par la recycleuse-pailleuse ou la remorque distributrice, elles répondent toutes aux besoins d’un élevage bovin.
Mais avant d’investir l’éleveur devra étudier les points suivants :
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la polyvalence du matériel (nombre d’opérations différentes qu’il pourra effectuer) en lien avec la nature et la proportion des fourrages de la ration,
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le coût des équipements,
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les temps de travaux et la disponibilité en main d’œuvre,
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les moyens de traction disponibles,
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l’effectif et le niveau de production du troupeau,
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la configuration et les possibilités d’aménagement des bâtiments
Seul le premier point sera abordé ici : en insistant particulièrement sur les différentes conceptions techniques développées par les constructeurs, pour adapter les machines aux contraintes mécaniques de la reprise, du mélange et de la distribution (engendrées par les différents fourrages).
1) Cas où les fourrages secs (éventuellement l’enrubannage) sont distribués de manière séparée des ensilages.
1.1) Si la part de foin ou d’enrubannage est minime, la distribution en râtelier classique est alors souvent utilisée avec un faible niveau d’investissement, mais aussi beaucoup de manipulations et des risques de pertes importantes.
A l’auge une distribution mécanisée reste possible mais ne se justifie pas à l’égard des petites quantités offertes aux animaux.
1.2) Pour des quantités plus importantes, il existe des équipements plus adaptés, tels que des râteliers spéciaux pour les inconditionnels du libre-service, mais surtout des machines pour distribuer :
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les râteliers à « festons », simples et robustes, obligent les animaux à manger à l’intérieur ce qui limite ainsi les pertes tout en évitant les bousculades ; les modèles diffèrent par leur forme (rectangulaire ou circulaire), le nombre de places, l’option toiture…
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les râteliers à « grilles pivotantes », plus sophistiqués, se resserrent au fur et à mesure que la botte diminue, et permettent ainsi une préhension plus facile par l’animal ; par contre les pertes peuvent être importantes avec des brins longs dans des bottes peu serrées : les animaux tirent le fourrage hors du râtelier…
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les râteliers pour « enrubannage en continu » se déplacent sur le boudin formé par les bottes évitant ainsi des manipulations, mais l’avancement doit être assez rapide pour éviter les échauffements.
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notons aussi l’existence de couteaux-scies électriques portables ou hydrauliques, qui permettent de trancher la balle au volume désiré !
Pour une distribution à l’auge, une plus forte mécanisation intervient et prend la forme de : dérouleuse, pailleuse, mélangeuse, distributrice :
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Les dérouleuses de balles rondes demandent en général peu de puissance car elles sont entraînées hydrauliquement ; selon les machines il est possible de distribuer des deux côtés et à l’arrière par pivotement sur 180°, ce qui est bien pratique pour la fonction paillage.
La hauteur de travail peut être un inconvénient car il faut quelquefois plus de 70 cm de dégagement entre le fond de la machine et le sol (ou l’auge).
Petite contrainte à l’attelage : il est nécessaire de bien régler le troisième point pour que la balle se déroule à l’horizontale et même quelquefois de raccourcir la chandelle du côté de la distribution ! -
Les désileuses-pailleuses-distributrices de brins longs sont équipées d’un rotor démêleur spécialement conçu pour passer des bottes entières.
Entraîné mécaniquement par chaîne ou courroie, il est muni de sections qui déchiquettent la balle tandis qu’un peigne escamotable (ou aussi des contre-couteaux) régularisent l’alimentation de la turbine de distribution tout en retenant la balle (évite qu’elle soit happée entièrement et vienne bourrer le démêleur).
Les démêleurs les mieux adaptés à l’enrubannage sont munis de couteaux à angle de coupe variable et de crochets ameneurs soudés en forme de spirale sur les rouleaux !
Pour le paillage, le peigne s’escamote afin de conserver les brins longs. Attention car il s’agit d’un montage gourmand en puissance ! -
Les mélangeuses à vis verticales « système bol » (une ou deux vis) acceptent les balles entières de foin ou d’enrubannage, mais on a pu observer des enroulements autour de la vis en présence de fourrages à brins très longs ; la hauteur importante peut s’avérer une contrainte pour le chargement et pour le passage sous les bâtiments.
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Les mélangeuses à une ou deux vis horizontales acceptent les balles entières moyennant quelques précautions car les bourrages sont fréquents avec des balles à haute densité et à brins très longs, avec pour conséquence des vis qui se tordent (si le tracteur n’a pas calé avant !).
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Les mélangeuses à trois ou quatre vis horizontales et les mélangeuses à pales ne peuvent « raisonnablement » recevoir des balles entières car les risques d’enroulement et surtout de détérioration des pièces en mouvement sont trop importants ; il est préférable de charger « des petites doses » après avoir plus ou moins secoué la balle au sol avec un chargeur équipé d’une mâchoire !
2) Cas où les fourrages secs (éventuellement l’enrubannage) sont distribués en mélange avec des ensilages.
2.1) Avant de se lancer dans les mélangeuses-distributrices, rappelons qu’il existe quelques méthodes souvent improvisées par l’éleveur (ce qui n’enlève rien à leur efficacité) pour essayer de mélanger les différents aliments à l’auge, parmi elles :
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La distribution en plusieurs passages en couches superposées (méthode « sandwich ») qui demande plus de temps et nécessite d’être vigilant quant à la propreté des roues.
Et comme on s’est rendu compte que les vaches trient néanmoins, on passe la motobineuse… -
Cette méthode peut déjà être appliquée au remplissage de la remorque distributrice en prenant soin de mettre les aliments les plus grossiers dans le fond (n’essayer tout de même pas de passer le motoculteur ensuite…)
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Certains éleveurs tentent aussi de mélanger les différents aliments à la façon d’un maçon qui gâche un mortier : attention à travailler sur une dalle de béton bien propre !
2.2) Si les techniques de reprise/désilage et de distribution semblent stagner les mélangeuses, elles, ne cessent d’évoluer :
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Desileuse-recycleuse-distributrice-pailleuse : (4 opérations )
Après leur chargement dans la caisse (griffe de désilage ou hayon de chargement de balles) les fourrages sont amenés par le fond mouvant vers les rouleaux démêleurs, puis happés par la turbine ils passent ensuite par la goulotte qui les dirige vers l’arrière de la caisse. -
Mélangeuse à vis verticale(s) :
Elle demande de la puissance, est encombrante, mais accepte des bottes rondes entières.
Le mélange repose sur l’élévation des fourrages par la grosse vis verticale et centrale, suivi de leur descente le long de la paroi du bol, et ajouté à cela un mouvement circulaire engendré par la rotation de la vis. A noter l’existence de « cales » réglables à l’intérieur de la cuve pour empêcher le mélange de tourner et de rendre efficace les énormes couteaux (ou sabres) fixés sur la vis. -
Mélangeuse à vis horizontale(s) :
Capables du meilleur comme du pire selon que l’on respecte ou non l’ordre de chargement des différents ingrédients ainsi que le temps de mélange !
En simple ou double vis, le pas inversé permet de ramener le fourrage au centre de la cuve où il s’élève en cheminée pour retomber à chaque extrémité avant d’être repris par les vis munies de couteaux. Quelquefois des bras répartiteurs hydrauliques poussent les fourrages vers les extrémités de la caisse. Ces machines viennent à bout des balles rondes mises entières dans la cuve, mais il faut bien maîtriser le temps de mélange, car on se retrouve vite avec de la soupe : le nombre élevé de couteaux sur les vis (jusqu’à 200 !) associé à la pression (élévation des fourrages en cheminée) réduit rapidement la longueur des fibres. Certains modèles sont équipés d’une seule grosse vis ajourée dont le but est de moins compacter les fourrages…
Quand il y a 3 ou 4 vis, celle(s) du fond de cuve est (sont) souvent équipée(s) de couteaux et ramènent les fourrages vers l’avant, tandis que les deux vis supérieures les renvoient vers l’arrière. Un tel montage interdit l’introduction de balles rondes entières, mais assure un mélange homogène en demandant moins de puissance que les modèles à 1 ou 2 vis !
Certains modèles peuvent être équipés d’un boîtier permettant de faire tourner les vis à l’envers, en cas de bourrage par exemple ! -
Mélangeuse à pales ou à bras « munis de pelles »:
Pourquoi couper à nouveau un fourrage (problème de déstructuration) ?
Les mélanges sont d’une part assez homogènes tout en préservant les aliments, et d’autre part suffisamment aérés (moins de risques de fermentation l’été) !
Attention aux cuves ou caissons qui se vident incomplètement et dans lesquels il reste des « petits bouts » de ration dedans ! Sur certains modèles un vérin permet d’incliner le caisson pour faciliter sa vidange
Impossibilité de mettre une balle ronde dans la cuve, donc daptée à une faible proportion d’aliments à longues fibres sinon hachés avant incorporation (même si certains modèles peuvent recevoir des couteaux au fond de la caisse !) -
Mélangeuses particulières :
dont le principe repose sur la rotation de la cuve à l’intérieur de laquelle est soudée une spire (fonctionnement comparable à celui d’une toupie à béton). -
Automotrices :
après les grosses destinées à alimenter les très grands troupeaux ou pour une utilisation en CUMA, apparaissent depuis peu des petits « automoteurs de cour » à 3 roues et transmission hydrostatique que l’on conduit à la manière d’un lève-palette
2.3) Remarques concernant quelques options et des matériels plus spécifiques :
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Si en reprise des balles rondes ou carrées les outils se ressemblent beaucoup, il n’en est pas de même pour le désilage : entre les mâchoires à dents, les godets-coquille de forte puissance (qui permettent entre-autres de couper une botte ronde), les hayons arrières équipés de dents, et les fraises de désilage…un objectif prioritaire : ne pas ébranler le silo !
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Le godet désileur-distributeur est intéressant en ration « plat principal maïs » et nécessite d’avoir des bâtiments groupés à proximité des silos.
Certains comportent des crocs de désilage fixes, d’autres une mâchoire crocodile, et les plus sophistiqués une fraise de désilage
Les faibles capacités conviennent aux chargeurs frontaux, les plus fortes aux télescopiques ou aux relevages arrières.
Possibilité de distribuer en pâture sans entrer dans le parc (en passant par dessus la clôture) -
Certains constructeurs proposent un revêtement spécial du fond de cuve ou du logement de la turbine et de la goulotte, de façon à limiter la friction et à résister à l’humidité et aux acides : alliage acier/cuivre, matériau composite, tôles inox…
RECOMMANDATIONS GENERALES
Quelque soit la machine utilisée, veillez à préserver le rôle mécanique de la fibre, il faut une coupe nette : le brin ne doit pas être dilacéré (ne doit pas ressembler à la touffe de poils d’un pinceau) ; si le problème n’existe pratiquement plus au niveau des matériels de récolte, il se pose encore trop souvent du désilage à la distribution.
Il est heureusement plus fréquemment dû à une « prise en main » délicate et longue du matériel, qu’à un mauvais choix (outil complètement inadapté).
Attention enfin à la sécurité car les accidents sont nombreux et les scénario souvent identiques : l’éleveur essaye de retirer un bout de ficelle ou de sac qui s’emmêle dans les vis ou dans une quelconque pièce en mouvement …
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