Attention à la carence en sel

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« La subcarence en sel est, à mon avis, l’une des plus fréquentes en élevage. » Cette affirmation de Bernard Marie Paragon de l’Ecole Vétérinaire de Maison Alfort dans la Revue de l’Elevage méritait d’être approfondie. Voici une synthèse sur la question à partir de données bibliographiques et d’éléments issus du réseau BTPL.

La place du sel dans l’organisme de la vache laitière

Principaux éléments minéraux de la carcasse, du plasma et du lait chez la vache (modifié et complété d’après Church, 1977).

Eléments
Majeurs
Carcasse
kg/500 kg
Plasma
mg/100 ml
Lait
g/l
Ca
: Calcium 8,0 10 1,2 Cl : Chlore 0,75 360 1,1 Mg : Magnésium 0,25 3 0,12 P : Phosphore 5,0 6 0,9 K : Potassium 1,5 18 1,5 Na : Sodium 0,75 300 0,45 S : Soufre 1,25 4a 0,33

Rappelons que le sodium joue un rôle important au niveau du maintiende la pression osmotique, de l’équilibre acido-basique et de la transmission del’influx nerveux.

Les besoins en sel (NaCl) :

 

Vaches laitières

Génisses de
200 kg

Chèvre
gestation

Chèvre
lactation

20 litres lait

40 litres lait

Besoins (g/jour)

45 g

88 g

20 g

4 g

9 g

Le sodium n’a pas de véritable forme de stockage dansl’organisme (même s’il est abondant dans les os). La satisfaction des besoinsdépend strictement des apports. Néanmoins, le recyclage salivaire, très important chezles ruminants, constitue une réserve dont l’épuisement progressif nécessiteplusieurs semaines.

Conséquences de la subcarence en sel : sous-production, croissanceralentie, poil terne, pica, consommation réduite de fourrage (ration de base ECOLAITfaible). Et l’excès de sel ? Chez la vache laitière, le maximum tolérable atteint4 % de la MS, soit 20 fois la dose utile. Il est donc très difficilement atteint sauf encas d’abreuvement forcé d’eau salée. Par contre, éviter le sel sur lesanimaux taris (risque d’oedème mammaire après la mise-bas).

Les apports de sodium dans la ration

Il est généralement admis que les rations apportent 20 à 40 % desbesoins en sodium.
Notons que la composition des fourrages est très variable.

Variation de la composition minérale selon l’origine botanique(d’après Bouchet et Guégen 1981).

Les conditions de récolte peuvent entraîner une baisse de la teneuren Na (ensilage humide ou foin fané par mauvais temps).
La fertilisation potassique conduit à une augmentation marquée de la teneur en K et uneforte diminution de celle de Na des fourrages. Les apports massifs de lisiers ou de purinsont les mêmes conséquences.
Un pH du sol inférieur à 6 diminue les disponibilités en Na.
Certaines pratiques, comme le salage des foins ont été abandonnées.

Les aliments minéraux apportés en complément des rations contiennentgénéralement peu de sel (0 à 5 %).
Le sel, grâce à son appétence sert de support aux autres éléments (oligo-éléments,P, Ca, Magnésium et autres). Ces éléments peuvent faire baisser l’appétence etsont parfois coûteux, ce qui conduit à une sous-consommation de sel soit par manqued’appétence, soit par restriction de consommation de la part des éleveurs pourlimiter les coûts.

Ajoutons d’autres facteurs non négligeables dans nos conditionsmodernes de production :

  • la perte de sel liée à la sudation : les animaux sont de plus en plus en stabulation permanente, et les bâtiments sont souvent mal ventilés.
  • l’acidose entraîne une baisse de l’absorption du sodium.

Tous ces aspects expliquent que la subcarence en sel est assezfréquente.

Les actions à mettre en place

D’abord lors d’une visite d’élevage, vérifier que tousles lots d’animaux ont suffisamment de pierres de sel à leur disposition, doitdevenir un réflexe permanent. Dans les calculs de ration, l’apport de sel doit êtreétudié (le programme ISALIM le permet).

Des actions comme les ventes téléphone de pierres à lécher, à condition qu’elles soient bien maîtrisées, permettent d’amener de nombreuxéleveurs à complémenter régulièrement leurs animaux en sel.

Comment apporter le sel ? Les pierres à sel sont un moyen pratique etgénéralement satisfaisant à condition de prévoir un nombre suffisant de points deconsommation (1 bloc pour 5 à 10 bovins, ou 20 caprins). Il ne faut pas s’inquiéterdes consommations importantes quelque fois constatées lorsque les animaux ont étéprivés de pierres de sel pendant quelques temps. Pour les rations mélangées une partiedu sel peut être incorporée sous forme de sel en vrac. Dans les situations où il existeun risque d’acidose, il peut être intéressant d’apporter le sodium sous formede bicarbonate.

Important : de l’eau de bonne qualité en quantité suffisante(plusieurs points d’abreuvement) est impérative pour une bonne utilisation de sel.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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