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Prix du lait En France, les prix n’ont pas motivé de reprise de la collecte

Contrairement à bon nombre de pays d'Europe du Nord, la France a vu sa collecte laitière fléchir en 2022 (©AdobeStock)

Avec une baisse de 0,7 % de sa collecte sur un an, la France diverge de la dynamique laitière des pays d’Europe du Nord, où la forte hausse des prix a stimulé la production. Le retournement baissier qui touche le marché du beurre et de la poudre devrait pousser à la baisse les prix européens du lait dans les mois qui viennent, mais la loi Egalim pourrait modérer son impact sur les prix français.

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La collecte laitière recule en France, à contresens du dynamisme européen, note l’Idele dans ses Tendances lait-viande du mois de février. « Rattrapant son recul du printemps et de l’été », elle a progressé dans l’UE-27 sur les quatre derniers mois de 2022 pour atteindre environ 143,6 Mt sur l’ensemble de l’année – un niveau stable depuis 2020 -, « et ne faiblit pas sur le début d’année 2023 ».

C’est particulièrement vrai en Europe du nord : la production a augmenté de 3 % en Autriche entre 2021 et 2022, de 2,6 % en Belgique, de 2,1 % en Pologne. Les Pays-Bas, l’Irlande et l’Allemagne ont aussi contribué à la reprise de la collecte ces derniers mois, indique l’Idele, qui souligne un recul pour l’Italie et l’Espagne à cause de « la sécheresse estivale et de l’augmentation des coûts de production ».

Ce rebond est surtout lié aux « très bons prix du lait dans l’UE » : ils ont été tirés à la hausse par la conjoncture favorable sur le marché du beurre et de la poudre et ont grimpé de 133 €/t en moyenne entre 2021 et 2022. Mais le « profond retournement » qui touche le marché de ces ingrédients laitiers devrait conduire à une décrue des prix dans les prochains mois, « en premier lieu en Europe du nord », prévoit l’Idele.

La production française recule malgré les prix hauts

Côté français, « les fondamentaux de l’économie laitière semblent déréglés », écrit l’Idele : « la production de lait conventionnel recule malgré des prix historiquement élevés ». La collecte française a de fait baissé de 0,7 % en 2022 par rapport à 2021, malgré un rebond en septembre qui s’est estompé dès la mi-novembre. Et la tendance demeure à la baisse début 2023.

Pour expliquer ce manque de dynamisme, les Tendances rappellent que le cheptel de vaches laitières diminue et que la baisse s’est accélérée depuis septembre 2022, « dépassant les - 2 % ». Elles insistent aussi sur la baisse du nombre de livreurs de lait en 2022 : - 4,8 % par rapport à 2021, - 34 % en dix ans.

Si le prix du lait standard a progressé de façon « remarquable », la hausse reste modérée par rapport à la moyenne européenne et « les écarts de prix se sont accrus au fil des mois avec la plupart des autres pays de l’UE » : à composition équivalente, « le prix du lait conventionnel en France se situe encore 100 €/1 000 l sous celui en Irlande et 120 € sous celui en Allemagne ».

La loi Egalim 2 atténuera-t-elle la baisse du prix du lait ?

Du côté des marges, l’indicateur Milc (calculé mensuellement en tenant compte de la volatilité du marché) a pris 67 €/1 000 l sur un an : « la hausse du produit lait (+ 104 €) et celle des autres produits (+ 17 €) compensent largement l’augmentation des charges (+ 54 €) », commentent les Tendances. La marge Milc a particulièrement progressé en décembre grâce à la stabilité des charges, pour atteindre 170 €/1 000 l.

Alors qu’une dégradation des prix du lait payé aux éleveurs s’annonce en Europe, « il devrait logiquement moins varier en France » étant donné qu’il y avait moins augmenté. « Autrement dit, la loi Egalim aura-t-elle un effet cliquet qui permettrait de retarder puis d’atténuer la baisse du prix du lait ? », interroge l’institut.

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