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Paroles de lecteurs Débats énergiques sur l’agrivoltaïsme !

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Emprise foncière, incidences environnementales, revenus dégagés, réglementation et conséquences juridiques… l’agrivoltaïsme échauffe les esprits des lecteurs de Web-agri. Entre menaces et intérêts pour l’élevage, les avis sont partagés et chacun brandit ses arguments. Alors « marche-t-on sur la tête », pour reprendre l’expression désormais célèbre, ou « faut-il voir plus loin que le bout de son nez » ?

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Perte de foncier agricole

« L’agrivoltaïsme, 1er responsable de l’artificialisation des terres ! », lance Thefrenchfarmer. « Des animaux sous les panneaux photovoltaïquessont juste une excuse « vertueuse » pour un simple projet industriel, qui accapare du foncier agricole […]. On est très loin du bon sens paysan », juge Laurent.

« Scandaleux !!! La terre doit servir à nourrir les hommes !! », enchaîne-t-il avec plus de véhémence. « Du fait d’une luminosité réduite, les sols ne produiront jamais autant », argue Julien avant de répéter : « Les sols cultivables sont là pour nourrir les hommes, point !!! » Christophe préfère plaisanter : « Les hommes, même connectés, se rechargent encore en mangeant. »

La terre doit nourrir les hommes.

Michaël redoute que « le vrai problème soit l’accès au foncier ». Il s’explique : « 2 000 € pour le propriétaire, ça devrait inquiéter tous les producteurs qui dépendent de fermages. Pire encore : l’effet prévisible sur le prix des terres agricoles […]. Les agriculteurs ne pourront pas s’aligner. »

Florian résume : « Quand je vois ce genre de projet, il faudrait arrêter de faire ch… les gens avec l’artificialisation foncière. À lire ou entendre certains, les difficultés économiques rencontrées en agriculture légitiment, à elles seules, le développement de ces installations. »

« Depuis quelques années, j’ai clairement l’impression que l’agriculture est l’un des principaux contributeurs au déclin de la surface agricole, tout ça pour le profit. Tant que les terres seront plus chères pour faire pousser du bitume ou ce genre de chose par rapport à des cultures ou de simples prairies, on n’est pas prêt de s’en sortir. On marche vraiment sur la tête et là on y contribue grandement. »

Impact environnemental

Mickaël rebondit sur « l’excuse « vertueuse » des animaux sous les panneaux photovoltaïques» évoquée par Laurent : « Il y a très peu d’animaux dans les parcs agrivoltaïques existants, pourquoi ça changerait ? »

Il va plus loin : Vu l’avenir sombre de l’élevage en France, et les nombreuses cessations d’activité en perspective, « les gars passeront un coup de broyeur dessous et basta ! » Vincent n’y croit pas trop non plus : « Quelques bêtes qui se promènent dessous… juste pour la carte postale et obtenir des subventions. Et pour que le projet passe parce qu’il faut justifier d’un usage agricole ».

Un non-sens écologique, pour la biodiversité, les paysages…

« Combien de toupie de béton dans la parcelle ? De kilomètres de tranchées pour les câbles électriques ? », interroge Baptiste. « […] Et des génisses qui vont être en permanence sous le champ magnétique créé par les panneaux solaires… » Alors il « doute que ces parcelles restent agricoles. » Momo acquiesce : « C’est certain qu’avec les courants parasites, ça va être top ! »

« Sur les toits, c’est mieux »

« Mettre des panneaux sur 30 ha est un non-sens écologique ! […] », estime pink. « Ils sont drôles les écolos…. Pour de l’ombre, il y a des arbres, qui au passage produisent des fruits pour nous nourrir, avec un impact positif pour la faune, sans foutre en l’air le paysage », insiste Cyril.

Il ne se fait guère d’illusion : « Malheureusement, ces trucs-là vont pousser comme des champignons. » Julien le rejoint : « Cela va sal… nos campagnes visuellement et la biodiversité. » Christophe se pose d’autres questions quant aux conséquences pour l’environnement : « Comment vieilliront ces parcs agrivoltaïques et qui va recycler tout ça ? »

2-3 bêtes dessous pour la carte postale.

Didine préfère « les panneaux photovoltaïques sur bâtiments, plus écologiques et moins invasifs ». Moty partage son opinion : « Sur le bâti, il y a déjà de la surface pour installer des panneaux solaires ! » « Comme s’il n’y avait pas assez de toits en France… », fait remarquer Laurent. Mark est dubitatif : « Si un grand nombre de toitures sont équipées, vous aurez les mêmes problèmes de recyclage. » Autrement dit par Thomas : « Que ce soit sur des toits ou des parcelles agricoles, les panneaux photovoltaïques sont une belle m... »

Un complément de revenu ?

Moty ne comprend pas « qu’avec plus de 150 vaches laitières, l’élevage ne suffise pas et que d’autres sources financières soient nécessaires ». Laurent est d’accord avec lui : « Si les fermes ne sont pas rentables, seules, il faut se poser les bonnes questions. » Il craint, de surcroît, que les éleveurs à la tête de ces projets deviennent des « agromanagers ».

« L’argent fait tourner les têtes et décuple la bêtise humaine. Quand vous voyez le prix d’une installation agrivoltaïque… », alerte Didine. Elle met en garde : « Le prix de l’électricité n’est pas prêt de baisser, avec les compensations financières pour propriétaire et le locataire des terres, et celles pour la commune. » Si Julien est convaincu « qu’il faut défendre le métier d’agriculteur avant tout, et se battre pour avoir une vie décente », il exorte lui aussi à « ne pas céder à l’appât de l’argent facile ».

Argent facile ? Profits artificiels ?

Contrairement à ce qui a été dit plus haut, Ludivine « ne pense pas que les agris touchent des subventions pour l’usage agricole des terres » mais, par contre, « qu’ils sont imposés au max par les impôts et la MSA sur les revenus photovoltaïques pour renflouer les caisses de l’État ».

« L’imposition n’a rien à voir là-dedans, les profits artificiels générés par le photovoltaïque sont taxés comme les autres profits », contredit Vincent. Son point de vue se rapproche de celui de Didine : « Le pire : le kwh est acheté plus cher que le prix du marché. Le dindon de la farce reste le consommateur. »

Pas si sûr…

Christophe, par exemple : « Cela ne fera pas augmenter le prix du lait payé au producteur et va encore accroître la disparité de revenu entre les paysans. Car tous ne pourront pas se lancer dans l’agrivoltaïsme. Pour PàgraT : « Le loyer n’est pas du tout équitable pour le fermier : 50 % seraient plus juste. »

« Et les revenus annuels dépendent de la distance avec le transformateur : plus il y a de kilomètres à enterrer, moins l’indemnisation est élevée », complète Yves qui recommande également de « faire attention aux impôts, au démantèlement dans 40 ans… »

Ça n’augmentera pas le prix du lait !

Ben pointe, lui, l’investissement de départ substantiel : « 1 M€ pour 1 ha. » « 100 000 € de marge pour l’énergéticien, 2 000 € pour le propriétaire (qui ne l’est plus vraiment, fait-il remarquer au passage) et des miettes pour le paysan : 750 € », poursuit-il. « À ce tarif-là, faudra pas s’étonner que les propriétaires récupèrent leurs terres… », prévient Sébastien.

Risques juridiques

« Les éleveurs ne vont plus payer de location (100 à 180 € l’hectare), donc le propriétaire a un nouveau locataire, la société agrivoltaïque, et les exploitants agricoles font de la prestation de services pour l’entretien du terrain », développe Thierry.

« Une entreprise comme ça fonctionne par appels d’offres et si une ETA, une entreprise de TP ou autre se positionne à des coûts moins élevés à l’hectare, les agriculteurs n’auront plus qu’à partir. Elle doit savoir se blinder juridiquement, avec même des baux commerciaux. C’est déjà comme ça pour les pistes de ski des stations riches qui virent les producteurs en place et font broyer les parcelles par des prestataires. »

Attention aux arnaques.

« Les baux pour ces installations sont au-dessus des baux ruraux semble-t-il », signale, pour sa part, Yves. « Un propriétaire exploitant est libre chez lui », rappelle-t-il. Ce lecteur conseille de « se faire accompagner par des spécialistes juridiques contre les arnaques des promoteurs ». Mêmes inquiétudes pour Mark : « Le propriétaire n’est plus maître chez lui. Il ne peut pas récupérer les terres. C’est l’énergéticien qui choisit l’éleveur exploitant, pas le propriétaire ! »

Plus maître chez soi.

Se diversifier pour sauver l’exploitation

A contrario des propos précédents, Hugo considère que l’agrivoltaïsme peut permettre de « faire vivre les agriculteurs », « ce qui n’est pas le cas de l’agriculture aujourd’hui », souligne-t-il. « Si ces projets sauvent des fermes et des familles, je suis 100 % pour », martèle-t-il. « Plus efficace que la MSA pour financer les retraites agricoles ! », ironise Sylvain.

Si ça peut sauver des fermes et des familles…

« On ne peut pas reprocher à un agriculteur cette diversification dans une activité plus rentable que la production de nourriture. C’est plutôt un problème de société qui ne veut pas payer sa nourriture à son juste prix », analyse Joseph. « Vu les mauvaises années qui se profilent, mieux vaut se diversifier ! », encourage de même Thierry.

… et si c’est plus rentable que l’agriculture ??

Vivi s’emporte : « Les agriculteurs crèvent les uns après les autres : ouvrer les yeux et laissez-les faire ! Lorsque toute la « bouffe » viendra d’ailleurs, on aura tout gagné !! »

Des bénéfices pour les animaux et les cultures

Thierry incite à « voir, et même réfléchir, plus loin que le bout de son nez ». « Et si l’agrivoltaïsme avait un réel intérêt pour l’élevage ? », questionne-t-il, apportant des éléments de réponse : « Je connais quelques éleveurs qui sont à la limite de l’arrêt de collecte laitière quand il fait chaud l’été et que les vaches couchent toutes à la même place, sous le peu d’ombre disponible. Sans parler de l’herbe brûlée par le soleil les années de sécheresse… »

Protection contre les aléas du climat.

Il avance d’autres arguments : « N’est-ce pas un moyen de maintenir les rendements face au changement climatique ? Ne serait-ce pas mieux que l’assurance récolte ? Aujourd’hui, tout le monde veut du bien-être animal et refuse cette solution pour abriter les animaux du soleil, de la chaleur, de la pluie, du vent, des orages ? » Revenant sur les ondes émises potentiellement par les panneaux, il nuance : « Il n’y en a pas plus dans les champs que sous un bâtiment ! »

Une activité réglementée

« Ce n’est pas juste poser des panneaux, il y a beaucoup de réglementations. Dessous, les agriculteurs doivent continuer de cultiver les terres ou y faire pâturer des animaux », tient à préciser Ludivine.

« Ces projets sont souvent bien réfléchis », met en avant Mark. De plus, ils peuvent « faciliter la transmission des exploitations ». « Consolider un revenu pour l’installation d’un jeune éleveur », appuie-t-il.

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