Contrôler l’homogénéité et la fibrosité de la ration avec le tamis à ration

Une ration uniforme, distribuée sans variation d’un jour à l’autre, de manière homogène tout le long du couloir d’alimentation, est essentielle au bon fonctionnement et à la stabilité du rumen. Un mélange trop fin ou mal structuré entraîne un tri à l’auge, une baisse de rumination et un risque accru d’acidose. Cette pathologie fréquente en élevage laitier se traduit par des pertes économiques notables : chute de la production, baisse du taux butyreux, boiteries spécifiques, baisse de fertilité, …

Le tamis à ration est directement inspiré du Penn State Separator, conçu par l’Université de Pennsylvanie pour quantifier la répartition des particules dans les rations mélangées. Son principe est simple : séparer les fractions selon leur taille pour évaluer la structure physique de l’alimentation. Le dispositif se compose de plusieurs grilles empilées aux mailles décroissantes (19 mm, 8 mm, 4 mm ou 1,18 mm selon le modèle) et d’un bac collecteur. Après un échantillonnage d’environ 1 l de ration prise à l’auge, l’ensemble est secoué une quarantaine de fois, en alternant les directions. Chaque fraction obtenue est ensuite pesée, ce qui permet de calculer les proportions de fibres longues, moyennes et fines.

Mesurer pour mieux ajuster la ration

Les résultats du tamisage renseignent sur la fibrosité et l’homogénéité de la ration totale. Une part excessive de particules fines traduit un hachage trop court ou un mélange trop intense/trop rapide ; à l’inverse, un excès de brins longs peut compromettre le tassement du silo, favoriser le tri à l’auge et baisser l’ingestion.

Le tamis aide aussi à vérifier les réglages de la mélangeuse distributrice : vitesse, durée et ordre d’incorporation du mélange. Il permet de repérer rapidement les erreurs, avant que les performances animales n’en pâtissent.

Des réglages de récolte à adapter selon la ration

L’efficacité du tamis ne se limite pas au contrôle à l’auge : il intervient aussi en amont, lors des chantiers d’ensilage. Les techniciens et conseillers l’utilisent souvent pour ajuster la longueur de coupe du maïs et le réglage de l’éclateur de grains.

Un maïs à 32 % de MS destiné à une ration complète avec pulpes et paille se coupe idéalement à 13-15 mm. Si la ration inclut plus d’ensilage d’herbe, on peut descendre à 10-12 mm. Plus le fourrage est sec, plus il faut hacher fin et pulvériser le grain afin d’optimiser la digestibilité et le tassage. La fraction de grosses particules, vérifiée au tamis, ne devrait pas dépasser 1,5 % du volume total (environ un gobelet sur 10 l d’ensilage).

Un outil pratique et rapide, pour tous types d’élevages

Qu’il s’agisse de vaches laitières ou allaitantes, taries, génisses, brebis ou chèvres, le tamis à ration s’adapte à tous les systèmes : rations à base de maïs, d’herbe ou mélanges secs. Ses principaux atouts :

- Utilisation rapide et intuitive (résultat en moins de 10 minutes)
- Diagnostic visuel et chiffré de la structure de la ration
- Aide à la prévention de l’acidose et du tri
- Outil de dialogue entre éleveurs, conseillers et nutritionnistes.

Il suffit d’une balance de précision pour peser les fractions séparées et obtenir une image fiable de la granulométrie du mélange.

Interpréter les résultats : des repères issus de la recherche scientifique

Les proportions optimales dépendent du type d’animaux et du maillage du tamis utilisé. D’après les recommandations du Penn State Separator, en vaches laitières :

- En ration complète, une répartition équilibrée se situe autour de 2 à 8 % de particules longues (> 19 mm), 30 à 50 % de moyennes (8 – 19 mm et 1,18-8mm) et max 20 % de fines (<1,18 mm).
- En ration à dominante d’ensilage de maïs, une répartition équilibrée se situe autour de 3 à 8 % de particules longues (> 19 mm), 45 à 65 % de particules moyennes (8 – 19 mm), 20 à 30 % de petites particules (4-8 mm) et max 10 % de fines (< 4 mm).

Ces valeurs servent de repère : elles doivent toujours être interprétées avec les observations d’auge, l’état des bouses et la rumination.

Un complément au suivi nutritionnel

Le tamis à ration ne remplace pas les analyses de fourrages ou les analyses de bouses, mais il complète efficacement les outils de diagnostic. En cas de dérèglement majeur de la ration, il permet de détecter le problème et d’orienter les corrections nécessaires. Pour un coût modéré, il offre aux éleveurs et conseillers une autonomie précieuse dans le pilotage alimentaire, contribuant à la santé du troupeau et à la régularité de la production.

Le tamis à ration s’impose aujourd’hui comme un outil de terrain incontournable pour vérifier la qualité physique des rations mélangées. Héritier direct du Penn State Separator, il met à la portée de tous une méthode scientifique, rapide et reproductible.

Dans un contexte où chaque litre de lait dépend de la précision du travail à la mélangeuse comme au silo, cet outil simple devient un véritable levier de performance zootechnique.