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Paroles de lecteurs Décapitalisation du cheptel : les industriels vont s'en mordre les doigts !

« Les industriels ont la capacité et les marges pour encaisser des hausses, pas les éleveurs ! », estime steph72.(©Terre-net Média)

Avec la sécheresse historique et l'inflation, beaucoup d'éleveurs pourraient décapitaliser leur cheptel, laitier notamment. Mais moins de vaches, c'est moins de production. Les industriels, laiteries et fabricants d'aliment, risquent de "payer les pots cassés", alors que s'ils avaient mieux rémunéré le lait...

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Face au manque de fourrage à cause de la sécheresse et à la hausse du prix des intrants, les éleveurs risquent de devoir décapitaliser leur cheptel. C'est en tout cas ce que craignent les lecteurs de Web-agri, comme ils le disent dans les commentaires d'articles et sur les réseaux sociaux. Jmb67, par exemple, ne se fait « pas d'illusion ». « Je n'aurais pas d'autre choix », déplore-t-il, tout en mettant en garde l'aval de la filière laitière : « Mais quand on aura mangé tout notre capital, il n'y aura plus de paysan à plumer ! »

« Pas d'autre choix que de décapitaliser ! »

« Oui, on ne va pas avoir le choix », confirme Momo. « J'ai diminué l'effectif de mon troupeau de 25 % cette année, témoigne-t-il, prévoyant « d'en faire autant l'an prochain ». « J'irai chercher un emploi à l'extérieur, poursuit-il. Merci à nos dirigeants de nous avoir si bien soutenus en cette période d'inflation et de sécheresse intense. »

Cette décapitalisation du cheptel bovin va sans doute réduire la production, laitière notamment. 

« Et à nouveau faire chuter le prix du lait ! », redoute Brieuc Le Creff.

« Que les industriels redescendent les pieds sur terre !!, lance steph72. Ils savent que les éleveurs laitiers sont payés en dessous du coût de production ! Dans cinq ans, beaucoup partiront à la retraite et peu de jeunes voudront produire du lait. Faut vraiment être abruti pour saborder une partie de ses approvisionnements !!! Ils ont vraiment perdu tout bon sens... »

« L'industrie laitière se saborde elle-même »

rubis enchaîne : « Si je suis industriel et que je manque de lait, j'ai tout intérêt à honorer mes contrats, à me tourner vers les produits à valeur ajoutée et à saturer mes chaînes de production comme je peux, mais en limitant la hausse du prix de la matière première agricole. » Résultat : « Je suis coincé, j'arrive tout juste à satisfaire la demande de mes clients nationaux et je ne peux pas profiter de l'export. Donc, ma meilleure soupape en attendant les hausses sur le marché intérieur, c'est de comprimer mes charges. Autrement dit, comme je sais qu'il est facile de mater les producteurs, je tape dessus en expliquant que c'est le marché qui veut ça. Bref, tout le contraire de ce qui devrait être fait : stimuler la production par le prix du lait pour profiter des marchés ingrédients. » Ce lecteur est d'accord avec @steph72 : « Les industriels se sabordent tous seuls, mais après avoir coulé les producteurs, et en faisant pression sur les distributeurs. Dans quel monde sommes-nous ? »

Or, selon la Fédération nationale des industries laitières, ces dernières ont peur que la collecte de lait baisse dans les semaines et mois à venir. 

« On ne pourra plus produire ! Qui sera le plus embêté ? »

Ce à quoi les lecteurs de Web-agri n'ont pas manqué de réagir, comme Jmb67 : « Après la coopération, la Fnil met la pression. Demain, les industriels ne pourront plus payer le lait... » « Ça tombe bien : vu l'augmentation des charges en élevage, nous ne pourrons plus produire ! », ironise Sophie Lenaerts, avant d'ajouter « Qui sera le plus embêté ? »

« Ils ont encore la force de se plaindre alors qu'on entend même plus les producteurs qui agonisent et préfèrent vendre leurs vaches laitières », s'agace Benoît Roquet. « Tout ça pour ne pas augmenter le prix du lait, quelle honte ! », renchérit Florian Hary. Prim'noire Holstein Rouge semble penser que c'est plutôt bien fait pour les industriels :  « Mdr, à force de nous voler... ». Aurore Daniélou est du même avis : « Ça sent la demande d'aide à l'état et la baisse du prix du lait payé aux éleveurs ».

« Les industriels ont la capacité et les marges pour encaisser des hausses, pas les éleveurs, estime steph72. Un message aux laiteries qui ont des actionnaires : la crainte n'est pas la hausse de l'énergie mais un krach boursier pire que 2008. Les actions ne vaudront plus rien. » « Dans les pays voisins, les producteurs sont à plus de 500 €/1 000 l et pourtant les industriels là-bas subissent des hausses de charges comme en France », s'étonne-t-il.

« Qu'est-ce qui va augmenter ???, demande Dominique Darcque, répondant du tac-o-tac : « Le lait, la crème, les yaourts...  Encore un prétexte (pour faire baisser le prix du lait, NDLR), et on fait quoi ? Rien ! » « Apparemment, les coopératives laitières réclament une hausse du prix du lait, pas pour l'éleveur, non, mais pour payer les surcoûts liés au prix de l'énergie et des emballages », juge-t-il.

« L'alimentation animale peut pleurer sur son sort »

Le Syndicat national des industriels de la nutrition animale s'inquiète, lui aussi, de la décapitalisation importante dans les élevages de ruminants. Les lecteurs de Web-agri y sont allés de leurs commentaires.   

« En fait, ils redoutent qu'on leur achète moins d'aliments. S'ils n'avaient pas autant majorés les prix de l'alimentation animale en 2022, les éleveurs réduiraient peut-être moins leur cheptel », fait remarquer Gil Chavallier. Popeye, s'énerve : « Les marchands d’aliments et les coops ne se sont jamais souciés des difficultés du métier d’éleveur alors ils peuvent crever maintenant ! » Nicolas Viot, sur le même ton : Les industriels du lait, de la viande, de l'alimentation animale « ne parlent que de profit et de rentabilité. Par contre, laisser les producteurs crever, ça ne les dérange pas !! Je crois qu'on est arrivé au point de rupture... »

Et Joël de conclure : « Pas de lait sans laiterie, pas de laiterie sans lait ! Le déclin de l’élevage est en cours avec toutes ses conséquences socio-économiques... Les fabricants d’aliments n’ont plus qu’à pleurer sur leur sort. Un éleveur laitier qui arrête de traire ne reprend jamais la traite. » Lau partage la même opinion : « On va pas pleurer sur le sort des industriels de l'alimentation animale, ils ont mieux vécu que les paysans ces dernières années. L'augmentation de la taille des élevages leur a été favorable, ils l'ont même encouragée. À leur tour de s'adapter... » « Aucune de ces grandes entreprises n'a jamais voulu rogner sur ses marges, même temporairement. Elles ont eu accès à des financements, notamment de la BPI, ont eu droit au CICE et certainement aux aides Covid, contrairement à nous !  Alors qu'ils se rétament !! Nous, c'est déjà le cas... », insiste Gibbs.

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