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« Chef d’entreprise, moins paysan : le métier d’éleveur a changé »

Autrement dit : « les jeunes éleveurs travaillent différemment » pour alléger l’astreinte et avoir du temps libre. C’est le message que veulent faire passer Sylvain, installé en vaches laitières, et Candice, en allaitantes, espérant susciter des vocations.

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« Nous ne sommes plus paysan mais chef d’entreprise, comme dans les autres secteurs. » Le métier d’éleveur a évolué, met en avant Sylvain Serpollet, 24 ans, associé hors cadre familial, depuis le 1er avril 2023 avec Fabrice Reboullet, au Gaec des Prés du moulin à Désaignes en Ardèche. « On travaille différemment par rapport à avant, détaille-t-il. Faut pas avoir peur de s’installer en production bovine ! »

L’intégralité de son témoignage dans une vidéo de la chambre d’agriculture d’Ardèche :

« L’astreinte n’a plus rien à voir ! »

Les nouvelles technologies en élevage permettent de réduire l’astreinte et de gagner du temps, donc d’en libérer pour soi, sa famille, ses amis, ses loisirs, des week-ends, des vacances. L’exploitation dispose de robots de traite, racleur et repousse-fourrage. « Les contraintes, liées à la traite notamment, ont nettement diminué », constate-t-il. Auparavant en 2x4 postes, la traite durait 2h30, soit 5 h par jour.

« Aujourd’hui, il faut toujours y aller, mais l’astreinte, horaire principalement, n’a plus rien à voir. Et les vaches sont plus calmes, elles font ce qu’elles veulent quand elles veulent », appuie-t-il. Outre la polyvalence et le fait d’être son propre patron, Sylvain a toujours voulu être éleveur et chef d’exploitation pour la flexibilité dans l’organisation du travail. Candice Cholvy, 31 ans, pense aussi « qu’il faut montrer aux jeunes que l’installation en élevage est possible », que la profession a changé, qu’on peut prendre un jour de repos, voire des congés plus longs.

« Nous ne sommes plus enfermés dans nos élevages »

Elle témoigne également, en vidéo, sur la chaîne Youtube de la chambre d’agriculture de l’Ardèche :

« Il y a des outils pour ça comme le service de remplacement, argue-t-elle. Nous ne sommes plus enfermés comme avant dans nos fermes. » Voilà d’ailleurs son principal conseil aux futurs installés en élevage : « Ne surtout pas s’isoler. » « Échanger avec d’autres permet de faire face plus facilement aux coups durs : « on voit, par exemple, que quelqu’un a traversé les mêmes difficultés que nous. »

« Attendre de ressentir vraiment le besoin de s’installer »

Reconvertie dans l’agriculture à 25 ans, après avoir été depuis l’âge de 14 ans dans l’hôtellerie-restauration, la jeune femme souhaite faire comprendre « qu’il n’est jamais trop tard pour devenir éleveur ou éleveuse ». Il faut en ressentir vraiment l’envie, « le besoin » même, et cela prend parfois du temps. 10 ans dans un autre milieu professionnel pour sa part avant de « revenir aux sources » sur la ferme aux côtés de son père, en 2021, au Gaec de Chancolant à Berzème (Ardèche également).

La diversification comme filet de sécurité

« Je ne voulais pas laisser tomber l’exploitation familiale », insiste-t-elle, une volonté qui s’est imposée à elle progressivement. Elle ne regrette pas son choix : « une relation fusionnelle se crée avec les animaux. Ils nous donnent tellement ! » Sylvain ne s’est pas non plus installé tout de suite. Après un bac pro CGEA et un BTS productions animales en apprentissage sur la structure qu’il a reprise, il y a été salarié deux ans. Lui et son associé misent sur la diversification pour sécuriser leur entreprise.

« Les bonnes années en cerises, cette production peut rattraper le lait » et vice versa. Début 2025, le Gaec s’est lancé dans la transformation du lait – 40 000  l la première année – en yaourts et faisselles, et a embauché une salariée pour cette activité. Pour tout projet, le jeune éleveur recommande de se faire accompagner, afin de se confronter à un regard différent du sien et d’adapter les choses en conséquence.

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