Enquête en Bourgogne-Franche-Comté Lait standard : 60 % des jeunes éleveurs « optimistes »
C’est ce que révèle une enquête conduite, il y a un an et demi, dans la région Bourgogne-Franche-Comté pour le programme Cap’lait. La plupart d’entre eux se disent « satisfaits » de s’être installés en bovins lait de plaine.
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Début 2022, dans le cadre du projet Cap'lait mené en Bourgogne-Franche-Comté, des jeunes producteurs de lait standard ou lait de plaine (hors AOP du massif du Jura) ont été interrogés sur leur parcours d’installation agricole, leur vision du métier d’éleveur et de son avenir. L’enquête a été adressée à un peu plus de 300 installés avec la DJA (dotation jeune agriculteur) entre 2013 et 2021.
Avec un taux de retour, « plutôt bon », de 29 %, estime Frédéric Démarest, conseiller à la chambre d’agriculture du Jura. Ce qui permet « un bon état des lieux ». Globalement, chaque département compte une dizaine de répondants. Logiquement, ils sont moins nombreux dans la Nièvre et le Territoire de Belfort, qui peinent à installer. Et la Haute-Saône, où la dynamique est bonne, recense l’effectif le plus important.
En moyenne à l’installation : 685 000 l, 210 ha
- Nombre : autour de 10/an, plutôt après 2016
- Forme juridique : 96 % en société
- Mode de transmission : 85,5 % dans le cadre familial
- Référence laitière : 20 000 l à 2,4 Ml (moyenne de 685 000 l)
- SAU : 35 à 630 ha (moyenne de 210 ha)
- Main-d’œuvre :
1 à 6 chefs d'exploitation (moyenne de 2,6 ; ils sont 2 dans 54,5 % des élevages, 3 dans 21 % et 4 dans 18 %)
0 à 17 salariés (moyenne de 1,3)
- Équipement : 25 % en robot de traite
« Les exploitations sont plutôt de grande taille, à part celle produisant 20 000 l de lait sur 35 ha de SAU en vente directe », explique Frédéric Démarest. « Un quart sont en traite robotisée, un chiffre important », souligne-t-il.
Des évolutions de structure notables
« 70 % de ces installations en bovin lait se sont accompagnées d’une hausse significative de la production, de 140 000 l en moyenne, et 20 % seulement de la SAU », relève le conseiller. « Près de 50 % des jeunes installés en vaches laitières prévoient encore d’augmenter le litrage produit dans les 5 ans : 45 % modestement certes, de moins de 50 000 l, et 40 % de 51 000 à 250 000 l », poursuit-il.
Des investissements conséquents
75 % des jeunes producteurs enquêtés ont réalisé des investissements substantiels : 43 % dans des bâtiments d'élevage, 41 % dans le système de traite et 36 % dans différents équipements (stockage des fourrages notamment mais aussi séchage en grange, fromagerie, nurserie, robot d'alimentation, silo et matériel divers, compte associé...). 34 % ont investi dans la mise aux normes de l’élevage.
Et beaucoup ont l’intention de continuer à développer l’exploitation dans les 5 ans : les bâtiments/équipements pour 70 %, via un accroissement de surface pour 45 % ou de la main-d’œuvre pour 30 %. 25 % s’équiperaient d’un robot de traite. « Les jeunes misent plus sur la mécanisation et la robotisation que sur les moyens humains. 50 % seront en traite robotisée d’ici 5 ans, puisque 25 % le sont déjà », fait remarquer Frédéric Démarest.
Intéressant à signaler : « Malgré les enjeux actuels liés au changement climatique et l’attrait des consommateurs pour les circuits courts et les produits de qualité, peu de projets d’installation en élevage laitier envisagent un changement de système : seuls 17 % souhaiteraient le faire évoluer pour les fourrages, 13 % pour transformer et vendre en direct, 15 % pour se convertir en bio, 10 % pour passer en IGP/AOP.
Un regard positif sur leurs parcours et métier
Malgré une filière laitière en difficulté, avec une baisse des installations de jeunes éleveurs, ceux ayant répondu au questionnaire paraissent satisfaits de s’être installés dans cette production. Sur ce point, ils attribuent une note moyenne de 7,8/10.
Dans le détail, ils apprécient :
- les responsabilités : 95 % sont « satisfaits », dont 60 % « très satisfaits » (35 % « assez satisfaits ») ;
- les tâches à accomplir : 95 % et 35 % respectivement ;
- le relationnel (entre associés, avec les salariés) : 80 % et 35 %.
« Les collectifs peuvent être importants mais fonctionnent bien », met en avant le spécialiste.
Mais moins, sans surprise :
- le revenu : seuls 60 % de « satisfaits », dont 10 % de « très satisfaits ».
« Nous nous attendions à pire », commente-t-il.
- la charge de travail : 45 % et 10 % (20 % disent qu’elle est trop élevée).
Les facteurs de réussite, selon eux :
- les éléments humains : soutien familial (80 %), accompagnement des OPA (80 %), accueil des associés (75 %), relations avec les cédants (55 %)
- la qualité de l'outil de travail : 75 %
- l’accès au financement : 95 %
- l’attribution de litrage supplémentaire : 55 %
À retenir
Le + facilitant : l’appui de la famille, l’intégration au sein de la société, la reprise d’une structure performante ;
Le - favorable : l’accès au foncier, le parcours à l’installation, les échanges avec les cédants.
Notons l’importance qu’occupent, dans cette étude, les facteurs humains comparé aux autres critères.
Les freins :
- la conjoncture laitière : 60 % ;
- le foncier : 55 % ;
- le coût de la reprise : 40 % (logique avec qualité de l'outil et taille des structures de l'échantillon)
Les paramètres qui freinent ne sont pas surprenants, si ce n’est peut-être l’ordre dans lequel ils ressortent. « Concernant le prix du lait, ce travail a été conduit en 2022, soit avant qu’il ne progresse », précise Frédéric Démarest. Quant aux terres, « il n’est jamais simple de récupérer les baux auprès des propriétaires ». Que le montant des cessions soit un obstacle est « logique, vu la taille des exploitations de l’échantillon et puisque la qualité de l’outil de production a été mentionnée comme clé de succès ».
Une vision plutôt optimiste de l'avenir
Certes, seuls 2 % des jeunes installés sont « très optimistes » sur l'avenir du secteur laitier, mais 55 % sont « optimistes ». 36 % sont quand même « pessimistes ». 87,5 % resteraient éleveurs laitiers à horizon 5 ans.
« Ce niveau d'optimisme nous a surpris », déclare le conseiller de la chambre d’agriculture. Il rappelle que ce travail a été effectué en 2022, « dans une conjoncture plutôt favorable, avant les impacts de la guerre en Ukraine » en particulier.
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