Dans le Grand Ouest et en Bourgogne La « dynamique agricole » : herbe, autonomie, transformation/vente directe
Dans la région Grand Ouest et en Saône-et-Loire, c'est grâce à leur système herbager et autonome, avec transformation/vente directe, que plusieurs éleveurs bovins, laitiers et allaitants, ont remporté le prix départemental de la dynamique agricole, organisé par les Banques Populaires.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Dans la Sarthe : mère et fille sont « heureuses de vivre de leur métier, leur passion, leurs vaches, leur lait »
18 mois que Gabrielle Lambert est sur la Ferme de l'Aiguillonnière, à Sablé-sur-Sarthe ; sa mère, Ghislaine Bodard-Soudée, 31 ans. L'exploitation, elle, est dans la famille depuis 1750 au moins ! « J'ai acheté ma première vache prête à vêler aux enchères et fabriqué mes premiers fromages, à 19 ans. Ces derniers m'ont permis d'en acquérir une deuxième, et ainsi de suite. Puis, j'ai pu investir dans une trayeuse. Ça a commencé comme ça », raconte Ghislaine.
Le troupeau est maintenant constitué de 50 Normandes (et 45 Charolaises pour la production de viande). Entre-temps, l'éleveuse installée avec ses parents a investi dans une stabulation et une salle de traite. La totalité du lait − 190 000 l/an environ − est transformée en camembert au lait cru, faisselle, fromage blanc battu, yaourts nature et aux fruits, beurre, crème fraîche et, depuis peu, fromage à tartiner et bouchons apéritifs. De nouveaux produits dont Gabrielle a eu l'idée pour « booster les ventes et toucher un public plus jeune ».
Cliquer sur le curseur pour lancer la vidéo, publiée sur Youtube.
C'est pourquoi elle s'est mise aussi aux réseaux sociaux (Facebook, Instagram et Tik Tok). Ainsi, « l'information est diffusée au plus grand nombre », explique-t-elle. « Et nous montrons au plus grand nombre comment nous travaillons. » Ça marche tellement bien que « je ne peux pas suivre », se réjouit la jeune femme qui s'occupe de la transformation laitière mais également de la commercialisation (vente directe à la ferme 7 jours sur 7, après la traite, de 17h30 à 19h30, y compris les jours fériés, et sur six marchés de la région). L'EARL Bodard Gandon compte un troisième associé, Stéphane, en charge de la partie cultures.
S'ils n'avaient pas fait tout cela, je ne serais pas là.
Ghislaine est « heureuse de réussir à vivre de son métier d'éleveuse, sa passion, ses vaches ». « C'est extraordinaire, je changerais pour rien au monde », insiste-t-elle même si elle reconnaît qu'elle y a « consacré énormément de temps, plus qu'à sa famille ». Gabrielle, elle, se « demande si elle sera à la hauteur de tout ce travail ». « Tous les jours, je remercie ma mère et mes grands-parents. S'ils n'avaient pas fait tout cela, je ne serais pas là », souligne-t-elle. Objectif pour l'avenir : rester avec une exploitation à taille humaine, pour être au plus proche des clients et pouvoir échanger avec chacun.
Dans la Manche : « En Jersiaises tout herbe et bio, nous tirons moins la langue que les autres »
Pour Marc Duguay, « l'histoire commence » il y a un peu moins longtemps, « 100 ans tout de même », avec les grands-parents de sa femme. Lui n'est pas du milieu agricole : il arrive sur la ferme en 2007, après des études d'architecte. À ce moment-là, « le système est conventionnel, avec des Holsteins à 10 000 l mangeant du maïs et ne pâturant pas ». Situés sur « une zone de captage prioritaire », les exploitants prennent alors « un tournant » à 180°. « On se devait de protéger la nappe, on a donc réfléchi à ce qu'il fallait faire pour que notre modèle soit viable », argumente-t-il.
Cliquer sur le curseur pour lancer la vidéo, publiée sur Youtube.
Résultat : un passage en tout herbe bio avec des Jersiaises. Aujourd'hui, l'EARL de la Haute Folie élève même le plus gros troupeau jersiais de France : 220 VL (1 Ml de lait/an) sur 180 ha. Les éleveurs − Marc est associé à Benjamin Roulland − ne regrettent pas le changement de race : « Les vaches sont rustiques, peuvent vêler jeunes et font des taux. Du lait low cost payé cher ! » Explications : « Les Jersiaises produisent un lait particulier, de qualité : très riche en matière grasse et protéique, avec 50 % de lactose en moins et des spécificités organoleptiques.
Du lait low cost, payé cher !
L'élevage le valorise en partie auprès de restaurateurs, dont certains sont étoilés ! « Nous aimons le travailler et remettre au cœur de la gastronomie le travail des producteurs », confirme l'un d'eux. Marc et Benjamin transforment 12 000 à 13 000 l par semaine en beurre (150-200 kg), crème fraîche (100 l), fromage blanc (150 kg), yaourts nature et aux fruits et vendent 2 000 l de lait frais. « Grâce à notre système herbager et au pâturage, on a tiré la langue mais un peu moins que les autres. Notre modèle est vertueux, surtout en Normandie », concluent-ils.
En Ille-et-Vilaine : « Autonomie à toutes les sauces, on en mange matin, midi et soir »
Lionel Amouriaux est lui aussi en « système herbager », mais en bovins allaitants, sans phyto sur les parcelles ni OGM dans l'alimentation. Le maître-mot : autonomie sur l'élevage. « On en met à toutes les sauces, on en mange matin, midi et soir », s'amuse-t-il à dire. Fils d'agriculteurs, il a repris en 1994 l'exploitation de ses parents, de 25 ha et 15 vaches nourries à l'ensilage de maïs. Désormais, elle s'étend sur 250 ha avec un troupeau de 500 têtes et 200 vêlages/an.
Mon travail : me promener au milieu des vaches.
La raison du virage pris par l'éleveur : « les coûts élevés, de transport » notamment. « Mieux vaut amener les bêtes à l'herbe que l'herbe aux bêtes », illustre-t-il. Pour que celles-ci « n'aient qu'à sortir du bâtiment pour pâturer », il a fait construire une stabulation au milieu des prairies. Lionel pratique le pâturage tournant dynamique sur 114 paddocks. « Mon travail : me promener tous les jours parmi les vaches et les changer de paddocks. Moins de pénibilité comparé à avant, pas de stress, c'est financièrement intéressant et le bien-être animal est meilleur aussi. Et je fais mon sport au passage ! », résume-t-il.
Depuis trois ans et demi, il est en Gaec avec son épouse, qui travaillait à l'extérieur. En charge de l'administratif, elle surveille également les vêlages par caméras. Ce qui « libère beaucoup de temps » à son mari, qu'elle n'appelle que si nécessaire. Autre devise du producteur : « faire savoir ce qu'on fait de bien », donc « d'aller vers le consommateur ». C'est pourquoi il commercialise sa production à la ferme en caissettes ou dans des points de vente collectif, sous le nom "viande du pays de Redon". Un moyen de « maîtriser la chaîne du début à la fin ».
Au 1er octobre 2022, deux jeunes se sont installés sur la structure, sur deux sites différents (elle en compte quatre). Ainsi, le couple n'exploite plus qu'une soixantaine d'hectares, pour lever le pied progressivement. « Quand on veut transmettre, il faut se poser les bonnes questions, bien avant. Et savoir ce qu'on veut : de l'argent, transmettre un outil, etc. Pour moi, l'important est que mes repreneurs poursuivent ce que j'ai construit, dans dans la même philosophie, à leur façon bien sûr. Ce sera ma plus grande fierté. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :