Comparable, à quelques détails près, au maïs ensilage tant sur son itinéraire technique que sur les performances laitières qu’il autorise, l’ensilage de sorgho sucrier se présente comme l’assurance fourrage idéale pour les éleveurs qui, confrontés à des conditions séchantes, souhaitent sécuriser leur production fourragère…sans avoir à modifier leurs habitudes au champ et à l’étable.
L’ensilage de sorgho sucrier : une alternative au maïs en conditions séchantes
Les avantages du maïs ensilage, la résistante à la sécheresse en plus
Particulièrement recommandé l’alimentation du troupeau laitier, le sorgho sucrier de la variété BMR (Brown Mid Rib) fournit un ensilage digestible (sa teneur en lignine est réduite) et de qualité (sa valeur énergétique est équivalente à celle d’un bon ensilage de maïs), moins acidogène que le maïs. Autre avantage non négligeable : son besoin en eau est modeste. En conditions séchantes et non irriguées, son rendement est constant, entre 10 et 13 t MS/ha, bien supérieur à celui du maïs ensilage. Le sorgho est donc tout indiqué pour sécuriser la récolte fourragère.
Côté itinéraire technique : on ne change pas ses habitudes !
L’itinéraire cultural de l’ensilage de sorgho BMR est similaire à celui du maïs, avec cependant un semis (dans un sol à 12°C minimum) et une récolte retardés de 3 à 4 semaines. La préparation du lit de semence doit être plus fine que pour un maïs car la graine est beaucoup plus petite. La densité de semis est à adapter aux conditions pédoclimatiques (réserves hydriques du sol).
La plante est récoltée au stade laiteux-pâteux, lorsque le taux de matière sèche est compris entre 25 et 30 %. Le hachage doit être plus grossier que pour le maïs (brins de 20 à 40 mm) afin que la fibrosité de la ration soit suffisante. Le sorgho peut être ensilé à part ou par-dessus l’ensilage de maïs.
Le sorgho peut remplacer jusqu’à 50 % du maïs sans pénaliser les performances animales
L’ensilage de sorgho BMR présente des caractéristiques nutritionnelles proches du maïs ensilage, tout en contenant beaucoup moins d’amidon (voir Tableau 1). Il est donc moins acidogène et plus sécurisant pour la ration.
Tableau 1 : Principales valeurs nutritionnelles des ensilages de maïs et de sorgho BMR
Il est simple d’intégrer du sorgho dans la ration des vaches : il suffit de remplacer 1 kg de MS d’ensilage de maïs par 1 kg de MS d’ensilage de sorgho ! Et il se rationne de la même manière qu’un maïs ensilage.
Des essais menés à la ferme expérimentale des Trinottières (49), en milieu de lactation sur des vaches produisant entre 29 et 35 kg lait/jour, montrent qu’il est possible de remplacer jusqu’à 50 % de l’ensilage de maïs par de l’ensilage de sorgho sans modifier significativement les performances zootechniques. L’ingestion et la production laitière ne varient pas ; seul le TB progresse de 2,6 points.
Au-delà de ce seuil de 50 %, la production laitière chute d’environ 3 kg/jour.
L’ensilage de sorgho peut être distribué aux génisses. Une ration 60 %foin + 40 % ensilage de sorgho permet les mêmes croissances qu’une ration 60 %foin + 40 % ensilage de maïs.
Un fourrage économiquement intéressant en cas de sécheresse
En conditions de sécheresse, le sorgho sucrier BMR est économiquement plus intéressant que le maïs : de +5 €/1 000 litres de lait pour un rendement de 8 t/ha, et jusqu’à +14 €/1 000 litres de lait pour un rendement de 12 t/ha (quand le rendement du maïs est de 8 t/ha).
En conditions climatiques idéales, le rendement du sorgho est inférieur à celui du maïs et il perd alors son avantage économique. Mais sa meilleure régularité de rendement lui confère une valeur sécurisante. Dans les contextes séchants, combiner maïs ensilage et sorgho BMR apparait donc comme une solution intéressante pour consolider le système fourrager.
Pour aller + loin
Consulter le dossier de 10 fiches pratiques « Améliorer l’autonomie alimentaire de son exploitation laitière ». Ed. Cniel et Institut de l’Élevage, 2015
MS : Matière sèche
MAT : Matières Azotées totales
UFL : Unité Fourragère Lait
PDIN : Protéines Digestibles dans l’intestin grêle (PDI) permises par l’azote (N)
PDIE : Protéines Digestibles dans l’intestin grêle (PDI) permises par l’énergie (E)