Les méteils, ces mélanges savamment réfléchis de céréales et de protéagineux immatures, méritent vraiment d’être connus. Ces cultures, faciles à implanter et à la conduite économe, permettent de garantir un bon rendement fourrager, même en cas d’accident climatique, et s’intègrent très bien dans la ration des vaches laitières. Seule ombre au tableau : leur récolte, très délicate.
Les méteils, des mélanges sécurisants pour le système fourrager et la ration
Le méteil, un savant mélange bourré d’atouts
Aussi appelés « méteils », les Mélanges Céréales-Protéagineux Immatures ou MCPI, cultures couvrantes et résistantes aux maladies, sont peu exigeants en fertilisation (les protéagineux apportant l’azote nécessaire aux céréales) et riches en matières azotées (ce qui permet de réduire l’apport en concentrés). Egalement moins impactés par les aléas climatiques (une espèce fragilisée pouvant être compensée par une espèce plus résistante), les méteils permettent de sécuriser le système fourrager.
Réussir son mélange
Qu’il soit acheté dans le commerce ou réalisé à la ferme, le MCPI doit répondre à 4 critères:
- être simple : pas plus de 4 espèces ;
- associer des espèces assez proches en maturité et adaptées au contexte pédoclimatique ;
- choisir un bon tuteur céréalier pour éviter la verse (triticale : tuteur du pois, avoine…) ;
- rechercher la meilleure valorisation azotée possible.
Attention : vous avez une semaine pour récolter !
Si l’implantation d’un MCPI ne pose pas de problème particulier (l’itinéraire est très proche de celui d’une céréale), la récolte en revanche requiert une attention toute particulière (voir Figure 1). La plage d’intervention est courte : une semaine. Elle doit avoir lieu au stade laiteux-pâteux de la céréale tuteur (soit 40 jours après l’épiaison, le plus souvent en juin) et lorsque le mélange atteint 30 à 35 % de MS (pour un ensilage). Une surveillance quotidienne du taux de MS est requise, car en cas de chaleur, il peut évoluer de 1 pt/jour, surtout si le mélange est riche en céréales. Au-delà de 40 % de MS, la récolte et la conservation seront délicates : égrainage au champ, tassement du silo difficile.
Figure 1 : Comparaison de l’itinéraire technique d’une céréale et d’un MCPI, du semis à la récolte. A noter la différence du nombre d’interventions (fertilisation et désherbage) sur la culture !
Les méteils permettent un rendement plus régulier que celui du maïs ensilage non irrigué, avec des besoins en intrants plus faibles et une meilleure résistance à la sécheresse, ce qui sécurise le système fourrager et réduit les coûts de production. Selon les années, le rendement varie entre 8 et 12 t de MS/ha.
En cas de récolte en juin, le méteil offre aussi la possibilité d’implanter une dérobée d’été, pour combler un déficit fourrager.
Un fourrage intéressant pour sa fibrosité et son pouvoir moins acidogène que l’ensilage de maïs
La valeur alimentaire d’un méteil varie selon la contribution de chaque espèce à l’association au moment de la récolte. Il est donc impératif de faire une analyse du fourrage pour connaitre ses valeurs.
Les MCPI sont équilibrés (rapport PDI/UFL entre 90 et 100) mais assez encombrants (1,15 UEL) car riches en cellulose. Ils ne peuvent donc pas être le seul fourrage de la ration des vaches laitières. En revanche, ils sont complémentaires de l’ensilage de maïs et peuvent le remplacer à hauteur de 20 à 50 % de la ration de base (voir tableau 1) ; ils rééquilibrent alors la ration en amidon et la rendent moins acidogène.
Tableau 1 : Niveaux d’incorporation des MCPI dans la ration de base des animaux du troupeau laitier, en fonction de la stratégie de production (fourrage complémentaire : ensilage de maïs)
Pour aller + loin
Consulter le dossier de 10 fiches pratiques « Améliorer l’autonomie alimentaire de son exploitation laitière ». Ed. Cniel et Institut de l’Élevage, 2015
MCPI : Mélanges Céréales-Protéagineux Immatures
MS : Matière sèche
GMQ : Gain Moyen Quotidien