Génétique allaitante L’organisme de sélection comme porte drapeau de race
Si aujourd’hui 95% de la semence utilisée sur le territoire est d’origine française, au 1er janvier 2007, la France s’ajuste à la libre concurrence européenne des services, intégrant dans le terme service le programme de sélection. Y aura-t-il un consensus suffisant au sein de chaque race pour maintenir un organisme de sélection par race ?
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« Aujourd’hui, l’Upra limousine est une des premières qui pourra fonctionner comme organisme de sélection, selon quelques aménagements », estime François Ménissier, ancien directeur du département génétique animale à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), lors d’une table ronde organisée à l’initiative de l’Upra limousine sur l’avenir de la génétique en races allaitantes (*). « La race limousine a cette chance que l’Upra fonctionne réellement comme un organisme de sélection, ce qui n’est pas le cas dans toutes les races allaitantes, qui vont devoir fournir davantage d’effort de restructuration », ajoute-t-il.
Une profonde mutation
Redéfinir la notion de race
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Ce nouveau dispositif défini par la loi d’orientation agricole place l’organisme de sélection (OS) au cœur du schéma d’amélioration génétique. « Trois lignes forces se dégagent des textes qui sont actuellement débattus sur les OS», présente le responsable. « En premier lieu, les OS doivent être des structures ouvertes et souples qui s’adaptent à des réalités de filière et qui s’ouvrent à l’Europe, pouvant adopter des reproducteurs de même race issus d‘autres pays. Les races évoluent aujourd’hui dans un contexte international, il y a déjà des mouvements importants d’animaux qui vont dépasser les frontières. Demain, on va aller vers des schémas de sélection communautaires, car on va devoir travailler sur des populations raciales importantes. Cependant, au niveau national, il n’y a aucun intérêt à diviser les forces et l’objectif du ministère est de garder un seul organisme par race », souligne Olivier Catrou. Il prévient cependant que le consensus doit s’opérer au sein des éleveurs. « Ils doivent anticiper en fédérant l’ensemble des acteurs pour qu’il n’y ait pas de deuxième demande. Car l’outil juridique permettant ne pas reconnaître un organisme de sélection si celui-ci compromet les schémas de sélection de la race n’est pas très fiable pour garantir l’unicité de l’organisme de sélection. »
« Ces OS auront au moins la mission de définir la politique de la race, délivrant les documents attestant l’appartenance à la race. En deuxième lieu, ils doivent garantir la cohérence du schéma de sélection, cohérence dans les objectifs de création du progrès génétique, dans l’équilibre entre monte naturelle et insémination artificielle, cohérence dans la diffusion du progrès génétique. Les OS devront prendre des décisions dans l’intérêt de tous. »
Réalisme économique
Le troisième critère est le réalisme économique de ces structures : elles vont devoir développer une autonomie financière qu’elle n’avait pas eu ces dernières années, en faisant appel à la participation financière de leurs membres. « Ce réalisme économique s’inscrit sur le long terme, ces structures devront avoir les moyens de fonctionner. Les moyens publics vont être clairement diminués. Pour le Ministère, il convient toutefois de ne pas fermer le robinet du fait des enjeux patrimoniaux d’une part et des enjeux d’occupation du territoire d’autre part notamment par les races à faible effectif. Il y aura à ce titre un rééquilibrage des dotations vers les races locales. »
« Au niveau national, nous allons passer d’une logique d’organisme à une logique de mission », résume Olivier Catrou, estimant que « c’est une étape importante mais qui ne remet pas en cause l’organisation collective raciale. J’espère au contraire que demain, la force collective sera appuyée sur des démarches plus volontaires, plus professionnelles et moins réglementaires. »
Le droit européen offre une concurrence saine et loyale et une libre prestation de service. « Et oui, dans l’esprit de la commission européenne, un programme de sélection est bien considéré comme un service », décrypte le responsable du bureau de génétique animale du Ministère de l’agriculture. « Au niveau français, nous penchons moins vers une logique de compétition que vers une logique d’échange harmonisé. Cela passe par la fixation de règles du jeu sur les mouvements sur les reproducteurs, sur les données génétiques, pour éviter que ce que certains ont construit collectivement soit appropriés par d’autres qui se lanceraient dans des programmes de sélection privés à moindre coût. »
Lors de la table ronde, de Gauche à droite: Pascal Coste, éleveur sélectionneur limousin et président de la Frsea fédération régionale Massif Central ; Bernard Roux, président de l‘Upra France Limousin Sélection et président du Herd Book Limousin ; Olivier Catrou, responsable du bureau de la génétique animale au Ministère de l’agriculture et de la Pêche ; François Ménissier, ancien directeur du département génétique animale à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique(© web-agri )
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