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Le vêlage précoce ne fait pas consensus auprès des éleveurs allaitants

D'après un sondage Web-agri, 28 % des éleveurs allaitants font vêler leurs génisses avant 28 mois.

En réaction à plusieurs publications sur le bien-fondé du vêlage deux ans, nombre de lecteurs ont fait part de leur scepticisme quant à l’intérêt de la pratique. Si le vêlage précoce fonctionne bien chez certains, d’autres misent sur un âge intermédiaire, autour de 30 mois grâce aux doubles périodes de vêlage.

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D’après un sondage réalisé sur Web-agri, 22 % des éleveurs allaitants misent sur le vêlage deux ans, avec des génisses vêlant pour la première fois entre 24 et 28 mois. Certains (environ 6 % des éleveurs) optent même pour le vêlage précoce, avec un premier veau avant les 24 mois de l’animal.

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En commentaire de l’article « Est-ce que les freins au vêlage 2 ans sont justifiés ? », certains ne manquent pas d’éloges sur la pratique. « Nous faisons du vêlage 2 ans depuis plus de 20 ans sur nos vaches charolaises et nous ne sommes pas près d’arrêter », lance Kiki, éleveur dans le Puy-de-Dôme.

« Nous faisons une césarienne par an pour 100 vêlages, et pas spécialement sur les vêlages 2 ans. C’est plutôt sur les 3 ans car les bêtes sont trop en état. Nous sélectionnons du vêlage facile et vérifions qu’elles ont atteint un certain poids avant la mise à la repro. » Même constat pour Matthias Michel : « Je suis adepte du 24-26 mois et je ne changerai pas. Mais après je peux comprendre qu’en zone où il est difficile de faire de la récolte d’herbe précoce, ils font du 3 ans ».

Pour Stéphane Charbonneau, éleveur allaitant et responsable de la section bovin viande de la coordination rurale, « le vêlage 2 ans, cela permet d'améliorer l’EBE de 30 % ». Et pour cause, la pratique est souvent mise en avant parce qu’elle permet de limiter le nombre d’animaux improductifs sur les structures, et donc de produire plus de veaux, avec moins de vaches. « Je suis autonome en aliment, si ce n’est le correcteur, et je vise les 500 kg à la saillie », poursuit l’éleveur de vaches charolaises.

La double période de vêlage pour gagner en souplesse

D’autres sont plus frileux. Pour Robin Vergonjeanne, éleveur de charolaises en Isère, « la double période de vêlage est un bon compromis ». « Personnellement, je n’aurais pas trop confiance à faire vêler à moins deux ans », précise-t-il. D’après le sondage réalisé sur Web-agri, cette option semble de plus en plus plébiscitée par les éleveurs, avec 31 % des génisses faisant leur premier veau entre 28 et 32 mois, soit à un an et demi environ.

« Je fais de tout selon le poids et le potentiel génétique, du 2 ans pour les plus performantes et du 36 mois pour les plus tardives, mais le gros de mes génisses vêlent à 30 mois. C’est possible car j’ai plusieurs périodes de vêlages », précise Maël Daniau, éleveur de Charolaises en Vendée.

La transition vers les vêlages précoces semble d’ailleurs plus délicate sur les exploitations en vêlages groupés. « Pour tenir la période de vêlages groupés, les génisses sont mises à la reproduction en début de période, donc pour des vêlages plutôt vers 22 ou 23 mois… Je préfère faire vêler les premières nées vers 24-25 mois et les plus tardives vers 34-35 mois. En pratique, cela permet la conduite en lot unique, les plus grosses et dominantes passent en vêlage précoce », complète Gerard Levillain sur les réseaux.

Gain technique, mais quid de l’économique ?

Si le gain technique est évident, avec une réduction de la taille de l’atelier des génisses, certains questionnent le ratio coût bénéfice. « Ce que tu vas dépenser en plus pour faire grossir ta génisse en 24 mois au lieu de 36 coûte le plus souvent plus cher que d’avoir nourri une génisse de 24 à 36 mois simplement à l’herbe » rétorque Gil Chevallier sur la page Facebook de Web-agri. « Acheter plus d’aliments concentrés et vendre plus de veaux accroît ton chiffre d’affaires, mais rarement ton revenu », poursuit l’agriculteur.

Mais encore une fois, tout dépend du contexte de l’exploitation. « À Thorigné [Ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou], ils y arrivent sans que ça ne leur coûte l’année de plus à l’herbe », rappelle Sébastien Cabot. Dans un secteur séchant, la structure parie sur un vêlage deux ans « low-cost » grâce au croisement Angus sur les Limousines pour le premier veau. « Si on ajoute le bilan carbone, la balance avantages/inconvénients penche du côté vêlage 24 mois. Après, les puristes aiment avoir de grosses bêtes, je pense que c’est plus dans la tête qu'un bénéfice technique ».

Enfin pour d’autres, le vêlage trois ans a l’avantage d’être une technique plus qu’éprouvée par les années. « Laissez faire la nature ! Moi, je fais vêler à 36-42 mois », lance Pascal Nizet, avant que Sébastien Munier n’ajoute malicieusement : « c’est vrai que dans la nature, le taureau attend patiemment ». Quoi qu’il en soit, 32 % des vaches allaitantes ont toujours leur premier veau entre 32 et 36 mois, et 10 % mettent bas pour la première fois à 3 ans passés.

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