Équipement Profiter de l'hiver pour anticiper les prochaines grosses chaleurs estivales
Au cœur de l'hiver, on n'a pas forcément la tête aux coups de chaud de l'été. Et pourtant, c'est le bon moment de les anticiper. Sans forcément investir beaucoup d'argent, les experts du BTPL donnent quelques astuces pour anticiper les grosses chaleurs et réduire les impacts sur la santé et la production des vaches.
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L es vaches sont de plus en plus nombreuses à passer leurs étés en bâtiment et les épisodes de canicule se multiplient. Au cœur de l’hiver, cela peut sembler bizarre de publier un article sur des solutions pour réduire l’impact de la chaleur sur nos bovins... Et pourtant, chaque année à la sortie de l’été, des éleveurs disent « il faudra qu’on fasse quelque chose pour que l’an prochain les effets de la canicule sur notre troupeau soient réduits. » Les mois passent, un nouvel été démarre et les bonnes résolutions sont souvent oubliées… Et si, en ce début 2019 nous anticipions réellement…
Les chaleurs estivales : quels impacts sur la santé et la productivité des bovins ?
La température corporelle d’une vache laitière est en moyenne de 38,5 °C. Sa zone optimale de confort est comprise entre + 5 °C et + 25 °C. Les vaches sont donc mieux armées contre le froid que contre la chaleur. Face aux fortes chaleurs, elles réagissent en mangeant moins pour diminuer la chaleur dégagée par la digestion microbienne dans le rumen, ce qui peut faire baisser la production laitière. Le stress thermique se produit quand l’animal doit évacuer l’excédent de chaleur de son corps, en particulier par la respiration et la transpiration. Le stress perturbe ainsi les défenses immunitaires, rendant les bovins plus sensibles aux agressions de leur environnement. À la baisse de production laitière s’ajoutent d’autres conséquences graves :
- la hausse de fréquence des mammites (et du niveau cellulaire dans le lait)
- des cas d’acidose et les coûts vétérinaires associés
- la baisse de la fertilité
Au total, cela peut atteindre 500 €/vache, ce qui justifie amplement d’investir du temps et de l’argent pour réduire l’impact de la canicule.
Un accès suffisant à l'eau et une alimentation fraîche
Pour limiter les fermentations ruminales, il importe de tenir à disposition un fourrage frais et appétent, en augmentant la fréquence de distribution. Mieux vaut privilégier une distribution le soir pour favoriser la consommation nocturne. Une table d’alimentation à l’ombre (nord-ouest ou centre du bâtiment) limite l’échauffement. Remplir la mélangeuse juste avant la distribution est aussi indispensable pour réduire les échauffements qui se produisent quand le mélange est stocké un moment dans la remorque.
L’eau étant le premier des aliments, s’assurer que le troupeau s’abreuve suffisamment est une priorité. À 20 °C, une vache produisant 30 litres boit environ 100 l/jour (ration à base d’ensilage de maïs). Cette consommation augmente à 160 l/jour quand la température extérieure monte à 30 °C.
Pour 60 vaches, les besoins passent de 6 000 l à presque 10 000 l/jour lors des pics de chaleur. Vérifiez le débit de vos abreuvoirs qui doit dépasser 15 l/minute. S’il est inférieur à 15 l, l’installation de réserves d’eau compensera le déficit. Si les vaches disposent de moins de 7 cm de longueur d’abreuvoir par animal, la mise en place de nouveaux abreuvoirs répartis dans le bâtiment est indispensable.
Enfin, une analyse d’eau pour les élevages utilisant des puits n’a rien de superflu pour anticiper la détérioration de la qualité de l’eau favorisée par la chaleur.
Bardages, ouvertures, ventilateurs... et zones vertes
Si les bétons sont très utiles pour la circulation des engins, ils ont aussi l’inconvénient d’emmagasiner la chaleur de la journée et de la restituer la nuit ce qui ne permet pas aux vaches de récupérer de la surchauffe diurne. Au contraire, les zones enherbées ne rayonnent pas la chaleur et sont source de fraîcheur nocturne : elles ont donc leur place autour des bâtiments.
Avant d’installer des ventilateurs, la ventilation naturelle doit être optimisée car « ventiler dans une cocotte-minute étanche » ne sert à rien. Pour permettre à l’air de se renouveler (remplacer l’air humide par de l’air plus sec) et créer une circulation d’air qui va atténuer l’effet ressenti de la chaleur, il faut augmenter les entrées et sorties d’air par les ouvertures (panneaux démontables, filets brise vent, bardages ajourés…) en façade et en toiture (faîtière ouverte, écailles, plaques supprimées…). Dans le cas d’un bardage bois il est facile de mettre en place des volets d’aération.
La ventilation mécanique ne vient qu'en complément d'une bonne ventilation naturelle.Dans les bâtiments larges, l’effet cheminée (sortie d’air par le toit) est nul ou très réduit surtout par temps calme et chaud. Le vent y devient le principal allié durant les épisodes de canicule. Alors qu’il faut de l’air sans courant d’air en hiver, de l’air, avec, courant d’air en été est un objectif dans les bâtiments larges. Pouvoir augmenter les ouvertures des bâtiments en long pans et façades est indispensable.
Si la ventilation naturelle ne suffit pas, la ventilation mécanique pourra venir en complément grâce à des ventilateurs, ou brasseurs d’air. Leur nombre, leur type, et leur positionnement doit répondre à des règles précises pour qu’ils soient efficaces.
Ainsi, l’important est de prendre conscience qu’il est temps d’installer les dispositifs de lutte contre la chaleur estivale dès maintenant pour être prêt quand la canicule arrivera. Les améliorations des ouvertures existantes, souvent peu coûteuses, limitent le stress des vaches (et des éleveurs…). Dans cet esprit, des ventilateurs en salle de traite ou proches des robots apportent un réel confort.
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