L’Insémination réalisée directement Par l’Eleveur (IPE) est une pratique qui se développe. Elle répond à la volonté des éleveurs de piloter de façon autonome la reproduction de leur cheptel, tout en réduisant les coûts de mise en place. L’IPE connait une croissance continue. En 10 ans, les inséminations par IPE ont progressé de 521 000 IAT (insémination animale totale). Sur la campagne 2021, soit du 01/10/2020 au 30/09/2021, l’Idèle a comptabilisé, dans 5 604 élevages, 834 256 IA réalisées par les agriculteurs, 779 843 sur des vaches laitières, 54 413 sur des allaitantes. L’IPE représente ainsi 13 % de l’activité totale d’insémination et concerne 7,5 % des élevages bovins ayant recours à l’insémination.
Globalement le nombre total d’inséminations diminue depuis quelques années, de 1,4 % sur la dernière campagne. Cette baisse a été particulièrement marquée pour les entreprises de mise en place (- 2,6 %). A contrario, par rapport à la campagne 2020, le nombre d’IA réalisées par les éleveurs a augmenté de 8 %. Cela s’explique à la fois par la hausse du nombre d’éleveurs à la pratiquer (+ 4 %), et par leur profil. L’IPE concerne particulièrement les élevages de taille importante, c’est-à-dire ceux ayant plus de 100 IAP (insémination animale première) à réaliser durant la campagne de reproduction. D’ailleurs, près d’un quart des troupeaux à plus de 200 vaches pratiquent l’IPE.
Surtout dans les bassins laitiers denses
L’insémination par l’éleveur est une pratique présente sur tout le territoire qui concerne, cependant, à 88 % des vaches laitières. Elle se retrouve donc particulièrement dans les zones où la densité en élevages laitiers est forte et qui comptent des troupeaux de grande taille, comme dans les Pays de la Loire, la Bretagne et le Nord de la France. Dans les régions Limousin, Centre, Auvergne Rhône Alpes, Bourgogne, l’IPE est aussi présente mais concerne moins d’élevages.
Tous les élevages ne pratiquent pas l’IPE de façon exclusive. 67 % pratiquent l’IPE à 100 %. Les autres de 20 à 80 %, selon les périodes et la disponibilité des éleveurs.
Que la mise en place soit réalisée par un inséminateur ou l’éleveur, la proportion de génisses et de vaches est la même, respectivement 28 % et 72 %. « Cela signifie qu’il n’y a pas de stratégie de délégation des IA sur génisses », remarque l’Idèle.
Des choix techniques similaires
On retrouve les mêmes proportions de croisement dans les élevages en IPE que la moyenne nationale, avec 7 % croisement lait, 19 % croisement viande sur les vaches laitières. Dans les troupeaux allaitants, le taux est aussi similaire avec 11 % de croisement viande. De même, le taux d’utilisation de la semence sexée est proche, quel que soit l’intervenant effectuant la mise en place : 11,7 % des IAP, 9 % des IAT.
Les stratégies de reproduction ne diffèrent pas que l’insémination soit réalisée par un opérateur ou par l’éleveur lui-même. Cependant, la pratique de l’IPE semble corroborer la trajectoire que prend l’élevage en France, à savoir des troupeaux moins nombreux mais plus grands dans des zones géographiques spécialisées.