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Crise de l'élevage La situation des éleveurs bretons est « catastrophique »

Rennes, 17 juil 2015 (AFP) - La situation des éleveurs en Bretagne, première région d'élevage en France, est « catastrophique » et « on va vers une crise énorme » en termes d'emplois dans la région, a affirmé vendredi la Frsea (Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles).

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« La situation est catastrophique, pire que la moyenne nationale », a expliqué à l'Afp Thierry Coué, président de la Frsea Bretagne, qui réagissait aux propos du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, selon lequel « 10 % des exploitations, soit entre 22 et 25.000, sont cet été au bord du dépôt de bilan » en France. En Bretagne, « 80 % des producteurs de porcs et 60 % des producteurs de lait travaillent à perte. Actuellement, 30 % des producteurs de porcs sont au-delà de 100 % de taux d'endettement, soit en situation de liquidation, et 44 % supplémentaires sont au-delà des 90 % de taux d'endettement », a affirmé Thierry Coué, se référant aux chiffres des centres de gestion des exploitations. « Le taux d'endettement monte de 2 à 3 % par mois, en particulier pour les plus fragiles », a-t-il relevé.

En viande bovine, la situation n'est guère meilleure puisque « depuis dix ans, le revenu moyen dans ce secteur est de 11.000 euros par an », ce qui fragilise les producteurs, a souligné le président de la Frsea. La cessation d'activités d'un certain nombre d'exploitations va entraîner « une crise énorme en matière d'emplois dans la région », a-t-il prédit. « Une exploitation porcine perdue, ce sont 11 emplois au total qui disparaissent, et autour de 5 pour une exploitation laitière », a poursuivi Thierry Coué. On compte environ 2,5 emplois sur une exploitation moyenne. Les autres emplois se répartissent entre l'amont (fabrication d'aliments, techniciens, transport, etc..) et l'aval (abattoir, transformation, services).

Un éleveur moyen en porc (200 truies) perd environ 10.000 euros par mois, selon lui. « Nous avons besoin d'une prise de conscience au plan national, d'une discipline », pour que les consommateurs et les transformateurs « achètent français ». « Il nous faut un plan Marshall pour l'élevage », a affirmé Thierry Coué. 

Au plan national, « 83 % de la volaille dans la restauration est importée », de même que « 44 % des plats préparés à base de volaille ou des découpes de poulets » achetés par les consommateurs, a cité Thierry Coué. Selon Didier Lucas, président de la Fdsea des Côtes d'Armor, « Fleury Michon vient encore d'augmenter le volume de ses importations d'Espagne ».

De leur côté, « les transformateurs ne jouent pas le jeu » et la réunion en juin entre la grande distribution et les syndicats agricoles autour de Stéphane Le Foll « n'a pas eu les effets escomptés », considère Thierry Coué. Lors de cette réunion, les acteurs s'étaient engagés à augmenter les tarifs et répercuter cette mesure sur les producteurs. « Voir les déclarations de Michel Edouard Leclerc disant qu'il est "aux côtés des éleveurs", c'est un vrai scandale », a estimé le responsable syndical. A la suite d'un accord avec les grandes surfaces, le prix du porc a légèrement remonté ces dernières semaines, mais reste inférieur à l'an dernier. Dans un communiqué vendredi, le Comité régional porcin de Bretagne a demandé à Stéphane Le Foll « de bâtir une proposition de programme de soutien à l'exportation ».

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