Pâturage Gérer ses excédents pour aborder l’été plus sereinement
Maintenir une dynamique de pousse permet d’aborder la période estivale dans les meilleures conditions. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en place une stratégie herbagère de gestion des excédents cohérente avec le chargement du site de pâturage. Alors, débrayage ou topping ? Florent Cotten, éleveur et conseiller à Pâturesens fait le point sur ces deux pratiques.
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Par exemple sur une plateforme de 40 ha avec 80 animaux en tout herbe, dès lors que la pousse dépasse 40 kg de pousse/jour, il est envisageable de débrailler des paddocks tout juste épiés et de les réintroduire au tour suivant en pâturage. À l’inverse, un site de seulement 20 ha accessible va rendre le débrayage quasi impossible dans une grande partie des situations, c’est alors que le topping a son intérêt.
Gérer les refus et éviter le surpâturage
Aussi historiquement appelé « fauche-broute », le topping consiste à faucher l’herbe dans le paddock avec le passage des vaches. Pratique plutôt étonnante à première vue pour l’éleveur comme pour l’animal, cependant cela a pour effet de préfaner les plantes ce qui réduit l’amertume des zones de refus, les animaux viennent donc à augmenter leur ingestion de matière sèche et à consommer la quasi-totalité de la biomasse disponible.
Cela reste une intervention mécanique qui vient inévitablement à augmenter le coût de la tonne de matière sèche d’herbe. Toutefois, cette stratégie permet de remettre toutes les zones de refus en croissance pour entamer la période estivale avec une dynamique de pousse homogène. Autre effet bénéfique du topping pour la prairie : le surpâturage entre les zones de bouse est largement réduit, ce qui n’est pas le cas si l’on fauche les refus après le passage du troupeau. En effet, en fauchant l’ensemble du paddock, les vaches ne vont pas insister sur une zone plus qu’une autre. Sans oublier que l’on évite de laisser de la matière morte derrière les animaux, que l’on gagne en temps de retour sur le paddock et donc directement en rendement herbager à la fin de la saison de pâturage.
Topping or not topping ?
L’observation est un outil très efficace pour planifier le topping, comme le pratiquent les associés à la Ferme du Vern à Saint-Yvi (29). Dans ce système en pâturage de précision, le chargement instantané de la plateforme laitière oscille entre 3 et 4 UGB/ha au printemps. Le débrayage étant très limité, ils ont opté pour le topping pour maîtriser l’épiaison sans se pénaliser sur la repousse en début d’été. « Nous nous appuyons sur le comportement des animaux pour planifier le topping. Si à la sortie du paddock les refus n’ont pas été touchés, que les anciennes zones de bouses commencent à se refermer et à se putréfier, que les épis commencent à apparaître au niveau des refus, alors nous ferons le choix entre un topping ou un débrayage du paddock au tour suivant selon les conditions de pousse de l’herbe. ». Quant à la réalisation du topping, il est préférable de faucher pour 24h en production laitière, 48 à 72h en allaitant mais pas davantage car on perd en valeur nutritionnelle ainsi qu’en digestibilité lorsque la plante sèche.
Néanmoins, la pratique du topping doit être précédée d’une gestion herbagère rigoureuse, notamment d’un bon déprimage afin d’entretenir un niveau de gaine bas, ce qui permet aux zones des bouses d’être écrémées dans les premiers tours de pâturage. Une excellente manière de juger de la qualité de sa gestion sur le début de saison est d’observer après fauche : la couleur doit rester verte, hormis les zones de refus plus claire.
Planifier sa stratégie estivale dès maintenant
La période d’été et le ralentissement de la pousse se planifie bien en amont, que ce soit par la rigueur de gestion que l’on applique en début de saison, tout comme ses choix stratégiques pour passer cette période critique.
La constitution de stocks sur pied est envisageable pour les lots d’animaux ayant de faibles besoins (génisses, taries) ou encore pour les troupeaux des laitières en vêlages étalés dans les zones les plus arrosées. Attention, c’est à condition d’avoir bien géré la période d’épiaison des graminées, c’est-à-dire d’avoir fauché 70 à 80 % des épis car cela va conditionner la qualité des stocks constitués. Dans ce cas, c’est dès fin mai-début juin que l’on doit commencer à les créer pour pourvoir les pâturer sur juillet et août.
Dans les zones séchantes, un des leviers d’action dans la gestion globale du système de pâturage est l’introduction de flore estivale comme la luzerne, la chicorée ou encore le plantain dans le parcellaire pour faire face au manque de pousse des flores classiques (base RGA-TB) en cas de stress hydrique.
C’est le choix qu’à fait la Ferme du Vern en implantant des flores typées luzerne-plantain-trèfle pour le pâturage des génisses. « Cela nous assure des stocks de qualité au printemps par des fauches, et celles-ci sont réintroduit au cours de l’été jusqu’à l’automne pour maintenir des bonnes croissances des élèves en tout herbe afin de s’assurer de maintenir des vêlages autour de 24 mois à bas coût de production. Cette alternance de fauche et de pâture pour les jeunes animaux nous permet par ailleurs de bien maîtriser le parasitisme des jeunes bovins et de réduire leur exposition parasitaire. »
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